Donne-t-on trop d’éthambutol aux patients atteints de mycobactériose pulmonaire à Mycobacterium avium complex ?

Le traitement de référence d’une mycobactériose pulmonaire à Mycobacterium avium complex (MAC) associe un macrolide, de la rifampicine et de l’éthambutol. Cette dernière molécule est associée à un risque connu d’effets indésirables oculaires lorsqu’elle est administrée sur une longue durée. Est-ce que la dose d’éthambutol intervient dans cette toxicité oculaire ?

L’équipe de Ando T, et al. (Tokyo, Japon) s’est donc intéressée à cette toxicité en analysant de manière rétrospective les données de 63 patients japonais traités entre janvier 2007 et décembre 2017 en les séparant en deux groupes selon la dose d’éthambutol reçue : 31 patients avec éthambutol ≥ 12,5 mg/kg/j (groupe 1) et 32 patients avec éthambutol < 12,5 mg/kg/j (groupe 2). De manière intéressante, des symptômes visuels ont été observés chez 9 patients (29 %) du groupe 1 contre seulement 2 patients (6 %) du groupe 2 (p = 0,014). De même, 6 patients (19 %) du groupe 1 ont eu un diagnostic de neuropathie oculaire confirmée par un ophtalmologiste contre seulement 1 (3 %) du groupe 2 (p = 0,032). Les symptômes visuels se sont développés après une médiane de 9,5 mois de traitement comportant de l’éthambutol (de 4 à 132 mois). Dans chaque groupe, 5 patients (16 %) n’ont pas négativé leurs expectorations.

Même si ces données rétrospectives doivent évidemment être interprétées avec prudence (pourquoi certains patients ont-ils reçu des doses d’éthambutol aussi différentes ?), elles constituent un premier pas vers une tentative de réduction de dose puisque, dans cette pathologie, l’efficacité du traitement ne semblait pas impactée par la dose d’éthambutol, en tout cas dans cette population. En tout cas, il est probable qu’il ne faille pas dépasser la dose de 12,5-15 mg/kg/j d’éthambutol dans les mycobactérioses pulmonaires à MAC si l’on veut dès à présent limiter le risque de toxicité ophtalmologique chez ces patients.

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François-Xavier Blanc, service de pneumologie, CHU de Nantes, l’institut du thorax, hôpital G. et R. Laënnec, Nantes

Ando T., et al. Am J Respir Crit Care Med 2019 ; 199 : A2538.

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