La cigarette électronique : cela continue de chauffer

 

Le diagnostic des pneumopathies interstitielles diffuses (PID) nécessite souvent le recours à une discussion multi-disciplinaire (DMD). Parmi elles, la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) bénéficie de critères diagnostiques bien identifiés.

De nouveau, cette année, sont rapportées sous forme de posters les toxicités potentielles de la cigarette électronique que ce soit chez l’homme ou chez l’animal. Aujourd’hui trois axes étaient abordés :

  • Des données très préliminaires suggèrent de possibles effets secondaires cardiovasculaires. Des artérioles de souris sont exposées à de la vapeur d’e-cigarette contenant de la nicotine. Une heure après, le diamètre artériolaire est réduit de 31 % (p < 0,001). La vasoréactivité est également altérée : la vasodilatation en réponse à l’acétylcholine est diminuée de 7 % (p < 0,05). Une autre étude rapporte des modifications cardiovasculaires chez des souris après une exposition prolongée, une heure par jour pendant 3 mois, à de la vapeur d’e-cigarette avec nicotine. La fréquence cardiaque est abaissée (p = 0,003) mais avec une variabilité plus grande de l’intervalle R-R. La tension artérielle systolique est plus élevée (p = 0,02) tandis que la tension artérielle diastolique tend aussi à augmenter.
  • Le risque carcinogène est l’objet de toutes les attentions. De nouvelles modifications cellulaires et moléculaires induites par l’exposition à la vapeur d’e-cigarettes ont été décrites dans des cultures de cellules épithéliales respiratoires en interface air-liquide. La vapeur d’e-cigarette avec ou sans nicotine augmente l’apoptose et la mort cellulaire ainsi que la synthèse de cytokines pro-inflammatoires, cet effet n’est pas observé après exposition des cellules épithéliales et des macrophages bronchiques au véhicule seul, la glycérine végétale, utilisé comme contrôle. L’expression de certains gênes est profondément modifiée dans des cultures de cellules épithéliales pédiatriques humaines ou dans des cellules issues de lavages bronchoalvéolaires de souris.
  • Les effets de l’e-cigarette sur la structure pulmonaire restent encore inconnus. L’analyse histologique de poumons de rats exposés 4 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant 5 semaines retrouve des lésions emphysémateuses, avec une diminution de la densité alvéolaire identique à celle constatée après une exposition identique à la fumée de cigarettes classiques (densité alvéolaire chez les rats contrôles : 8,5 ± 2,2, chez les rats exposés à la vapeur d’e-cigarette : 4,4 ± 0,6 et chez les rats exposés à la fumée de cigarette classique : 3,9 ± 1,2, p < 0,05).

Ces données sont sources d’inquiétude quant aux conséquences physiopathologiques de l’utilisation des cigarettes électroniques. Toutefois, il ne faut pas oublier que la majorité de ces études ne mettent pas en regard la toxicité de la cigarette classique alors que le niveau d’exposition aux toxiques avec l’e-cigarette est en moyenne 400 fois moindre. Ces données doivent participer aux politiques de santé publique mais ne doivent pas remettre en cause l’utilisation de l’e-cigarette chez les patients porteurs de maladies respiratoires en échec de sevrage tabagique.

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Marjolaine Georges, CHU Dijon Bourgogne, Dijon

D’après la communication A16 Why should we be concerned about e-cigarettes, et A77 Changes in the lung due to dietary and environmental exposures et A60 Adverse effects of tobacco, marijuana and recreational drugs.

[hr] [themify_button style=”purple  rounded” color=”#79143d” link=”https://splf.fr/ats-2017-en-direct/” text=”#79143d” ]Retour au sommaire[/themify_button]

© iSPLF – Mission ATS – MAI 2017

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