cancer

Cancer, PID et traitement innovant : quand les relations deviennent toxiques

Les traitements innovants ont transformé le pronostic des cancers pulmonaires. Alors que la survie globale sous chimiothérapie seule était de 10 mois jusqu’en 2012, elle est actuellement de 30 à 60 mois chez les patients traités par thérapie ciblée, et de 24 mois, voire une guérison possible, chez ceux traités par immunothérapie. Cependant, l’interruption du traitement pose un défi en cas de toxicité, avec un risque potentiel de progression voire d’hyperprogression à l’arrêt.

Divers outils de données épidémiologiques permettent d’évaluer la toxicité respiratoire des traitements, tels que les essais thérapeutiques, les analyses systématiques (Cochrane®), les études de cohortes, VigiBase®/VigiLyse®, ou les centres de pharmacovigilance.

Toxicité pulmonaire des traitements utilisés en oncologie thoracique

  • Les chimiothérapies

Elles peuvent avoir une toxicité pulmonaire. Les trois molécules les plus fréquemment incriminées sont la gemcitabine, le pemetrexed et le docétaxel.

  • Les thérapies ciblées

En raison de leur mode d’action, peuvent affecter non seulement les cellules cancéreuses mais aussi les cellules normales. Les anti-EGFR peuvent induire une toxicité pulmonaire, surtout le géfitinib. L’afatinib est au contraire le traitement présentant le moins d’atteintes pulmonaires signalées. Les anti-ALK actuellement utilisés sont peu inducteurs de toxicité pulmonaire 1. Les anticorps bispécifiques, tels que les anti-TROP2, et les anticorps couplés, comme le trastuzumab-déruxtécan utilisé dans les mutations d’HER2, sont signalés comme présentant une toxicité pulmonaire. Les facteurs de risque rapportés pour le développement d’une pneumopathie interstitielle diffuse (PID) sous traitement par inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) incluent une origine asiatique, l’existence préalable d’une PID, le tabagisme, le sexe masculin, la BPCO et un performance status inférieur ou égal à 2. Pour le trastuzumab-déruxtécan, des facteurs tels que l’âge inférieur à 65 ans, une origine japonaise, une dose supérieure à 6,4 mg/kg, la présence de comorbidités respiratoires sous-jacentes et une insuffisance rénale, ont été identifiés comme des facteurs de risque de toxicité respiratoire, avec une récupération observée dans 76,9% des cas après corticothérapie, mais un taux de mortalité de 9% 2. Les symptômes apparaissent généralement en moins de 3 mois, associant dyspnée, toux sèche et fièvre. Le lavage broncho-alvéolaire n’est pas spécifique, montrant une alvéolite lymphocytaire aspécifique. La suspension de l’ITK est recommandée en cas de toxicité de grade supérieur ou égale à 2. La réintroduction n’est pas recommandée en cas d’épisode sévère avec syndrome de détresse respiratoire aiguë, et elle est discutée dans les autres cas. Un changement de molécule ou l’adjonction d’une corticothérapie avec une surveillance scanographique rapprochée sont nécessaires.

  • L’immunothérapie

La toxicité pulmonaire est le plus souvent liée aux anti-PDL1/PD1 ou à leur association avec les anti-CTLA4. Les principaux facteurs de risque incluent la présence d’une PID sous-jacente, une auto-immunité et une origine asiatique. L’atteinte est généralement asymptomatique au début, survenant souvent dans les 3 premiers mois et associée à d’autres atteintes d’organes (hépatique, colique, cutanée…). Le lavage broncho-alvéolaire montre le plus souvent une alvéolite lymphocytaire à CD8+. La majorité des cas sont de grade 1 à 2, avec toutefois une mortalité de 11,6% à 18%. Le risque de réapparition de la toxicité à la réintroduction est multiplié par 6,8. L’apparition d’une toxicité lors de l’immunothérapie est cependant associée à une efficacité accrue de celle-ci.

Prise en charge du cancer pulmonaire dans un contexte de pathologie interstitielle diffuse sous-jacente

La prévalence du cancer pulmonaire chez les patients suivis pour une fibrose pulmonaire idiopathique est de 11,6% en Europe et 15,3% en Asie. En effet, la PID constitue un facteur de risque avéré de cancer du poumon. L’évolution naturelle se caractérise généralement par la présence d’un nodule périphérique dans les lobes inférieurs, en zone de fibrose. Bien que le diagnostic soit souvent établi à un stade TNM plus précoce, l’obtention d’une histologie peut être difficile, et la fréquence des mutations génétiques ciblables est faible, entraînant un pronostic moins favorable. Une étude rétrospective portant sur 78 patients atteints d’un carcinome bronchique non à petites cellules avancé et d’une PID, classés selon leur stade GAP, a révélé une survie globale de 16,6 mois chez les stades I, se rapprochant de la mortalité des patients présentant un cancer pulmonaire métastatique sans PID, et suggérant ainsi le principe de mortalité compétitive au sein de cette population 3.

  • La prise en charge doit être chirurgicale dans les formes localisées.
  • Le risque d’exacerbation existe sous chimiothérapie. Il est très important pour le docétaxel (18,4% rapporté), tandis que le paclitaxel et la vinorelbine semblent présenter un profil de toxicité moins important. L’utilisation de la chimiothérapie dans les carcinomes bronchiques étendus présentant une PID sous-jacente doit être évaluée en fonction de la balance bénéfice/risque. En première ligne, l’utilisation de carboplatine associée à du paclitaxel hebdomadaire, éventuellement associé à du bévacizumab, est préconisée. L’adjonction du nintédanib est à envisager. En deuxième ligne, la vinorelbine ou le pemetrexed en monothérapie sont des options. Pour les carcinomes à petites cellules, le carboplatine et l’étoposide sans immunothérapie restent le traitement standard.
  • L’immunothérapie par nivolumab ou pembrolizumab chez les patients avec un taux de PD-L1 ≥ 1% devrait être réservée à la seconde ligne de traitement, avec une nécessité de réévaluation précoce clinique et scannographique. Le risque de PID immuno-induite est trois fois plus élevé.

Ces situations sont complexes et nécessitent une discussion multidisciplinaire. La RCP CAPID, organisée par la filière de santé des maladies respiratoires rares RespiFIL, offre un cadre propice à la discussion des traitements oncologiques et à la formulation d’avis d’experts.


D’après la communication « Cancer, PID et traitement innovant – quand les relations deviennent toxiques » de Jacques Cadranel (Paris) – Session CP06 « PID » du vendredi 26 janvier 2024

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Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire

Annuaire de la recherche en pneumologie 

Nom du LaboratoireInstitut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire
N° d'équipeUMR 7275 CNRS / UNS Equipe Mari
Nom du directeur du laboratoireNAHON Jean-Louis
Nom du responsablePr MARI Bernard
Courriel du responsableBernard.MARI@univ-cotedazur.fr
Contacts principauxRoger Rezzonico: rezzonico@ipmc.cnrs.fr
Georges Vassaux: vassaux@ipmc.cnrs.fr
Thomas Bertero: Thomas.BERTERO@univ-cotedazur.fr
Bernard Mari: Bernard.MARI@univ-cotedazur.fr
Adresse660, Route des Luciolesil
CP06560
VilleSophia Antipolis
PaysFrance
Téléphone04 93 95 77 19
Fax
Site internethttp://www.ipmc.cnrs.fr/?page=mari
Mots clésARN non-codant - microARN - Fibrose - Cancer - Hypoxiepulmonaire - nanotubes de carbone - nanoparticules metalliques - autophagie - stress oxydant
RésuméRésumé : Notre équipe explore la fonction potentielle des ARN non-codants dont l’expression est dérégulée dans plusieurs pathologies respiratoires. La compréhension des mécanismes moléculaires complexes impliquant ces molécules pourraient offrir de nouvelles pistes thérapeutiques. Notre recherche s’appuie sur une collaboration étroite avec le service de pneumologie du CHU de Nice (Pr. C-H Marquette et Dr S. Leroy) et est intégrée au projet de recherche fédératif hospitalo-universitaire (FHU) OncoAge. Il s’articule sur deux axes principaux :
- Exploration des ARN non-codants comme cibles thérapeutiques et biomarqueurs pronostiques dans la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI).
- Identification des ARN non-codants associés à l’agressivité des cancers broncho-pulmonaires, et notamment à l’adaptation à un microenvironnement hypoxique.
Axe principal : Génome non-codant & Pathologies pulmonaires
Axe principalBPCO/senescence - Pollution atmospherique - Origines precoces des pathologies pulmonaires adultes

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Pathologies Pulmonaires et Plasticité Cellulaire

Annuaire de la recherche en pneumologie 

Nom du LaboratoirePathologies Pulmonaires et Plasticité Cellulaire
N° d'équipeInserm UMR-S 1250
Nom du directeur du laboratoire
Nom du responsablePOLETTE Myriam
Courriel du responsablemyriam.polette@univ-reims.fr
Contacts principauxChristelle CORAUX : christelle.coraux@univ-reims.fr
Gaétan DESLEE : gdeslee@chu-reims.fr
Valérian DORMOY : valerian.dormoy@univ-reims.fr
Thomas GUILLARD : tguillard@chu-reims.fr
Béatrice NAWROCKI-RABY : beatrice.raby@univ-reims.fr
Adresse45, rue Cognacq-Jay
CP51100
VilleREIMS
PaysFrance
Téléphone03 26 78 82 00
Fax
Site internethttp://www.univ-reims.fr/accueil/bienvenue-sur-le-site-de-l-unite-inserm-umr-s-903,9902,17693.html
Mots clésPhénotype épithélial, transition épithélio-mésenchymateuse, transdifférenciation, mucoviscidose, BPCO, cancer
RésuméLa plasticité des cellules épithéliales joue un rôle majeur dans la physiopathologie des maladies de l’arbre respiratoire telles que la mucoviscidose, la broncho-pneumopathie chronique obstructive et les cancers des voies aériennes supérieures et ceci malgré leur genèse différente. Elle se manifeste à travers la transdifférenciation épithéliale qui se traduit par des métaplasies et un remodelage de l’épithélium et la dédifférenciation épithéliale à travers la mise en place d’une transition épithélio-mésenchymateuse dans l’invasion tumorale. Ainsi, nos objectifs principaux sont donc de 1) définir les facteurs qui jouent un rôle dans la physiopathologie des maladies des voies respiratoires, 2) améliorer la compréhension des mécanismes impliqués dans le remodelage de l’épithélium respiratoire associés à la sévérité des pathologies respiratoires, 3) valider des nouveaux biomarqueurs qui sont témoins de nouveaux phénotypes de patients pour une meilleure prise en charge et 4) établir de nouvelles stratégies thérapeutiques permettant de prévenir ou de corriger le remodelage de l’épithélium respiratoire. Ces approches cliniques et biologiques devraient permettre d’identifier des biomarqueurs liés à la sévérité des maladies pulmonaires et de tester de nouvelles stratégies thérapeutiques dans le but de restaurer un épithélium respiratoire fonctionnel.
Axe principalMucoviscidose, BPCO et cancer

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Jeudi de la SPLF – Jeudi 6 mai 2010

archives-sCancer pulmonaire

Dr Julien  Mazières

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IFCT-1302 CLINALK

Cohorte rétrospective de patients porteurs d’un adénocarcinome broncho-pulmonaire avancé, présentant un réarrangement du gène ALK et ayant bénéficié d’un traitement par le crizotinib dans le cadre de l’ATU et/ou de l’AMM : description clinique, biologique et suivi à long terme

Essais dont le recrutement est terminé

Investigateur Coordinateur : Pr Denis Moro-Sibilot (Grenoble)

Type d’étude : cohorte rétrospective, nationale, multicentrique.

Rationnel : L’individualisation des stratégies thérapeutiques constitue l’avenir de la prise en charge des patients présentant un cancer. En 2007, la protéine de fusion EML4-ALK a été mise en évidence dans les cancers non à petites cellules. Cette découverte a abouti à la mise au point d’une thérapie ciblée efficace (inhibiteur de tyrosine kinase) : le crizotinib. En France, cette molécule est disponible en ATU depuis novembre 2010 et a obtenu l’AMM européenne en octobre 2012.

L’objectif de ce projet est de décrire les caractéristiques cliniques et biologique à long terme de patients porteurs d’un adénocarcinome broncho-pulmonaire avancé, présentant un réarrangement du gène ALK et ayant bénéficié d’un traitement par le crizotinib dans le cadre de l’ATU et/ou de l’AMM. Ces données ne sont actuellement pas disponibles avec les résultats issus des seuls essais cliniques.

Objectif principal :
Description de la prise en charge thérapeutique après une progression sous crizotinib

Objectifs secondaires

  • description des données initiales d’inclusion
  • description clinico-biologique avant, pendant et après le traitement par le crizotinib
  • description des événements indésirables graves rares sous crizotinib : hepatotoxicité, pneumonie interstitielle, insuffisance cardiaque

Population de l’étude : Chaque patient porteur d’un CBNPC ayant bénéficié d’un traitement par le crizotinib en ATU et/ou en AMM entre le 18/11/2010 et le 31/12/2013.

Critères de non inclusion :

  • patient inclus dans un essai sur le crizotinib
  • patient âgé de moins de 18 ans
  • patient qui a été traité par crizotinib moins d’une semaine
  • patient présentant des antécédents psychiatriques ne permettant pas la compréhension de la notice d’information

Nombre d’inclusions attendues : recueil exhaustif dans la période d’inclusion (environ 300 patients).

Plan d’étude :

  • Les investigateurs participants sont ceux du réseau IFCT qui ont prescrit du crizotinib en ATU ou en AMM entre le 18/11/ 2010 et le 31/12/2013
  • Les investigateurs participant s’engagent à autoriser le recueil des données cliniques de leur patients inclus par un attaché de recherche clinique dédié, formé et tenu au secret professionnel
  • Les données sont saisies dans une base de données sécurisée hébergée à l’IFCT en vue de leur analyse

[themify_box style=”info grey rounded” ]Toutes les informations sur le site de L’IFCT[/themify_box]

Durée de l’étude : 2 ans
Date d’inclusion du dernier patient : 31/12/2014
Date de dernière mise à jour suivi patient : 31/12/2015
 

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Cancer du poumon : jusqu’où aller en réanimation ?

L’admission en réanimation des patients porteurs d’un cancer est généralement sujette à de nombreuses discussions entre le réanimateur et l’équipe prenant en charge le patient. Parmi ces cancers, le cancer du poumon est l’un de ceux dont la survie est la moins bonne. S.M. Pastores (New York, États-Unis) a rapporté ce matin une grande étude rétrospective publiée récemment et exposée hier en poster portant sur plus de 49 000 patients porteurs de cancer du poumon. La survie à l’hôpital des patients est inférieure à 50 %, et 15 % seulement sont encore en vie à six mois. Plus inquiétant encore, le nombre de patients pouvant revenir à domicile est inférieur à 20 %. Il faut souligner que l’étude a été menée entre 1992 et 2007, tous types de cancers confondus. L’orateur a bien insisté ce matin sur l’intérêt de protocoles de prise en charge de ces patients en réanimation, de discussion avec l’oncologue, et surtout sur le fait que la discussion doit être poursuivie après 48 heures ou 72 heures d’évolution. Aucun élément n’est réellement prédictif à la prise en charge ; c’est l’évolution des premiers jours qui doit primer.

Slatore CG, et al. Chicago, États-Unis. « Intensive Care Unit Outcomes Among Patients with Lung Cancer in the SEER-Medicare Registry”. JCO 2012 ; 30 : 1686-91.

 

[hr]

Sandrine Pontier-Marchandise, d’après la communication de S.M. Pastores (New York, États-Unis).

 

 

 

 

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Délai de prise en charge du cancer pulmonaire : tous les patients sont-ils logés à la même enseigne ?

Les retards dans le diagnostic et le traitement du cancer pulmonaire sont un problème crucial, car ils peuvent être une cause majeure de stress pour le patient, et altérer son pronostic. Des recommandations nationales existent aussi bien en France qu’aux États-Unis pour limiter ces délais, mais sont-ils vraiment respectés ? Et quels facteurs peuvent influencer ces délais ? Une étude a évalué ces délais aux États-Unis pour le cancer pulmonaire primitif, et a évalué l’impact de l’origine ethnique du patient et de l’histologie du cancer sur le retard thérapeutique.

Dans la base de données SEER-Medicare, 120 278 patients âgés au minimum de 65 ans, porteurs d’un cancer pulmonaire (sans autre antécédent de cancer) entre 1991 et 2005 ont été identifiés. L’intervalle de temps étudié était compris entre le premier geste diagnostique pour le cancer pulmonaire (T0) et la date d’initiation du premier traitement (chirurgie, radiothérapie ou chimiothérapie ; T1). Un retard thérapeutique était défini par un intervalle de temps T0-T1 supérieur à 60 jours. Une analyse par Chi-square et régression multivariée était réalisée pour rechercher les facteurs prédictifs d’un retard de prise en charge thérapeutique. Après exclusion des patients n’ayant pas de données (codes) complètes pour T0 et T1, 64 864 sujets étaient éligibles pour l’analyse. L’intervalle médian entre le premier geste diagnostique pour le cancer pulmonaire (T0) et la date d’initiation du premier traitement (T1) était de 22 jours (IQR 10 – 40 jours).

Un retard thérapeutique de plus de 60 jours était observé chez 12,2 % des patients, plus fréquent dans le cancer non à petites cellules (CPNPC) que dans le cancer à petites cellules (CPC) (Odds Ratio 2,54 ; IC 2,26-2,.86), chez les patients afro-américains (OR 1,46 ; 95 % IC 1,33-1,60 pour le CPNPC ; OR 2,14 ; 95 % IC 1,63-2,80 pour le CPC) ou asiatiques (OR 1,36 ; 95 % IC 1,20-1,55 pour le CPNPC ; OR 1,82 ; 95 % IC 1,18-2,81 pour le CPC) que chez les sujets caucasiens, chez les femmes que chez les hommes (OR 1,11 ; 95 % IC 1,04-1,18), et chez les patients plus âgés (OR 1,06 par augmentation de tranche de 5 ans ; 95 % IC 1,03-1,09). En analyse multivariée, contrôlée pour l’âge et le sexe, l’origine ethnique afro-américaine du patient restait un facteur prédictif significatif de retard thérapeutique et était plus importante pour les patients avec un CPC.

En conclusion, il existe un délai médian de prise en charge thérapeutique du cancer pulmonaire globalement acceptable en routine mais nettement majoré chez les patients afro-américains par rapport aux sujets caucasiens, en particulier pour le CPC. Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les caractéristiques du patient (niveau socio-économique ?), du type de clinicien et d’hôpital prenant en charge le patient, associées à un retard de prise en charge du cancer pulmonaire. Il a été souligné par tous que ce retard pourrait s’aggraver avec le développement de la recherche systématique d’anomalies (EGFR…) en biologie moléculaire des cellules tumorales pulmonaires, secondaire à la période étudiée ici.

 

 

 

 

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Arnaud Scherpereel, d’après A. Vachani, J.-D. McNeill, N. Mitra, K. Liao, M.-K. Gould, K. Armstrong. The Effect of race and histology on timeliness of lung cancer treatment. Am J Respir Crit Care Med 2012 ; 185 : A2526.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

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Surmortalité par cancer dans le syndrome d’apnées du sommeil

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est associé à une surmortalité en rapport avec l’importance des complications qu’il entraîne, en l’absence de traitement efficace. Alors que les principaux travaux épidémiologiques de suivi de cohorte ont mis en évidence une cause de décès d’origine essentiellement cardiovasculaire, des travaux récents effectués chez la souris ont démontré qu’une hypoxie intermittente telle qu’elle survient au cours du SAOS favorise la croissance tumorale par l’intermédiaire d’une majoration de l’angiogenèse en rapport avec une sécrétion accrue de VEGF.

Deux études de cohorte présentées à l’occasion de cette première journée permettent de confirmer les résultats de ces études animales, de manière homogène et à partir de larges populations. La première étude a été réalisée à partir de la cohorte du Wisconsin ( [1]) qui avait été, en 2008, une des études permettant de confirmer la surmortalité associée au SAOS. L’analyse de ces données, avec un suivi désormais de vingt ans, chez plus de 1 500 sujets, met en évidence, après ajustement sur l’âge, le sexe, l’index de masse corporelle et le tabagisme, une relation étroite et significative entre la sévérité du SAOS et la mortalité liée au cancer, avec un odds ratio plus important encore que pour la mortalité toute cause confondue. Il est intéressant de noter que cette relation se retrouve de manière plus marquée entre le risque relatif de décès lié au cancer, et un index d’hypoxie au cours du sommeil, et que cette relation est conservée après exclusion des patients traités par pression positive continue (PPC). La deuxième étude, d’origine espagnole, multicentrique ( [2]) concernait 5 618 patients dont le suivi a été plus court (4,5 ans (3,5 – 5,5)), chez qui 302 cancers ont été diagnostiqués au cours de cette période. La corrélation retrouvée entre la sévérité des troubles respiratoires au cours du sommeil et la surmortalité par cancer disparaissait après ajustement pour les facteurs confondants. En revanche, la corrélation retrouvée avec l’index de désaturations nocturnes persistait après ajustement, ainsi que chez les patients non traités par PPC. Cette relation intéressait plus particulièrement les sujets les plus jeunes et de sexe masculin. Ces résultats confirment la surmortalité du SAOS en mettant en évidence une cause plus méconnue de décès au cours du SAOS, en rapport avec le développement d’une pathologie néoplasique pour laquelle des études ultérieures seront nécessaires afin de juger de l’existence éventuelle d’un pronostic et de sites spécifiques.

[1] F. Nieto (Madison, États-Unis)

[2] A. Martinez-Garcia (Valence, Espagne)

 

 

 

[hr]

Résumé rédigé par Jean-Claude Meurice à partir des communications de F. Nieto, session A18 (Madison, États-Unis) (1) et de A. Martinez-Garcia, session A19 (Valence, Espagne) (2)

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

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