Usage médical du cannabis et des cannabinoïdes : nausées, douleurs et sclérose en plaques

A l’heure où, aux États-Unis, 25 États permettent désormais l’usage médical de la marijuana (Cannabis sativa) la revue The Medical Letter On Drugs and Therapeutics fait le point sur le cannabis et les cannabinoïdes synthétiques.1 Côté cannabis, on sait que cette plante a été utilisée depuis des siècles pour traiter diverses maladies. Mais la non-standardisation des dosages rend l’interprétation des données disponibles difficile sachant que le cannabis contient plus de 60 cannabinoïdes possédant une activité pharmacocinétique.
On retiendra qu’aucune étude adéquate avec les fleurs de cannabis (marijuana) n’est disponible pour les indications comme les douleurs cancéreuses, la sclérose en plaques ou les nausées induites par chimiothérapie. Les effets indésirables du cannabis et des cannabinoïdes synthétiques sont connus : sécheresse buccale, sédation, hypotension orthostatique, ataxie et vertiges sont fréquents ; anxiété, tachycardie, agitation et confusion également, en particulier chez les sujets âgés, et l’aptitude à la conduite
peut être réduite. Les cannabinoïdes peuvent provoquer une sédation, une dysfonction motrice, une altération des perceptions, une dysfonction cognitive et des psychoses dose-dépendantes. Aucun décès en relation avec un surdosage aigu de cannabis utilisé seul n’a été rapporté.
Le nabiximol, un extrait standardisé de cannabis contenant un mélange de THC et de cannabidiol (CBD), un autre cannabinoïde majeur trouvé dans le cannabis, n’est pas disponible aux États-Unis, mais il est largement utilisé en Europe et au Canada sous forme d’un spray oral (Sativex®) pour le traitement des douleurs cancéreuses et de la sclérose en plaques (SEP).
Deux cannabinoïdes oraux peuvent être prescrits aux États-Unis. Le dronabinol, forme synthétique du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), le composant psychoactif principal du cannabis ; la nabilone, analogue synthétique du THC. Le dronabinol et la nabilone sont tous deux approuvés pour le traitement des nausées et des vomissements associés à la chimiothérapie anticancéreuse. Le dronabinol est aussi homologué pour traiter l’anorexie associée à une perte pondérale chez les patients avec un sida.
Nausées et vomissements induits par la chimiothérapie : Le dronabinol et la nabilone sont tous deux approuvés par la FDA depuis 1985 pour le traitement des nausées et des vomissements induits par la chimiothérapie n’ayant pas répondu à d’autres traitements induits par la chimiothérapie.

Douleur cancéreuse intraitable : Une étude randomisée en double aveugle de cinq semaines, contrôlée par placebo et portant sur 360 patients, a montré que l’utilisation additionnelle de doses faibles (1-4 pulvérisations/ jour) et moyennes (6-10 pulvérisations/jour) du spray oromuqueux de nabiximol était significativement plus efficace que le placebo pour soulager les douleurs cancéreuses intraitables, avec des effets indésirables comparables au placebo. Les hautes doses ont été moins efficaces et ont provoqué davantage d’effets indésirables.
Sclérose en plaques : Plusieurs études ont montré que les cannabinoïdes étaient efficaces pour traiter certains symptômes associés à la SEP.  L’American Academy of Neurology a recommandé l’utilisation d’un extrait oral de cannabis contenant un mélange de THC et de CBD (non approuvé par la FDA) ou de dronabinol pour le traitement de la spasticité et des douleurs chez les patients souffrant d’une SEP, et a recommandé le nabiximol pour le traitement des douleurs, de la spasticité et de la dysfonction urinaire associées à la SEP

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Info-Respiration N°136 Décembre  2016

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