Fév 22 2017
Complications suppuratives de pneumopathies bactériennes : le risque d’infections graves semble augmenté par la prise d’AINS
Dans le numéro précédent d’Info Respiration, nos collègues du centre régional de pharmacolovigilance du CHU d’Angers et celui du centre Val-de-Loire nous avaient livré une revue de la littérature attirant notre attention sur le besoin de limiter, voire proscrire, l’usage des antiinflammatoires
non stéroïdiens (AINS) dans les pneumopathies. 1 Nous avons donc devancé la dernière livraison de la revue Prescrire qui revient sur ce sujet en ces termes : plusieurs études publiées ont montré une augmentation des complications suppuratives chez des patients atteints de pneumopathie communautaire en cas d’exposition à un AINS, par rapport à des patients ne prenant pas d’AINS. 2
Ainsi, précise la revue Prescrire, dans des services de pédiatrie français en Isère, une forte augmentation de la fréquence des hospitalisations pour complications suppuratives de pneumopathie a été constatée au cours des années 1990-2000, de façon concomitante avec l’augmentation des ventes de formes pédiatriques d’AINS. L’étude a porté sur 767 enfants hospitalisés pour une pneumopathie communautaire, dont 83 avec une pleurésie purulente et 7 un abcès pulmonaire. La prise d’ibuprofène a été associée à la survenue de ces complications suppuratives de manière statistiquement significative, avec un risque relatif (RR) estimé à 2,6 (intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 1,5 à 4,4).
Un lien entre les complications suppuratives de pneumopathie et une exposition à un AINS a été statistiquement significatif dans plusieurs autres études. Ainsi chez 540 enfants hospitalisés aux États-Unis d’Amérique pour une pneumopathie communautaire, l’exposition à l’ibuprofène avant l’hospitalisation a été associée avec un risque de suppuration plus grand : RR estimé à 4,0 (IC95 : 2,5 à 6,4).
Dans une autre cohorte française de 90 patients hospitalisés pour une pneumopathie communautaire, l’exposition à un AINS a été associée à une augmentation du risque de complications pleuropulmonaires avec un RR estimé à 8,1 (IC95 : 2,3 à 28). Deux autres études ont montré, en cas d’exposition à un AINS, un risque augmenté de complications chez 106 adultes admis en soins intensifs avec un RR estimé à 4,0 (IC95 : 1,1 à 15,4), et un risque augmenté de suppuration chez 160 enfants avec un RR estimé à 1,9 (IC95 : 0,8 à 3,2). En conséquence, précise la revue Prescrire, la prudence est de préférer le paracétamol lors d’épisodes fébriles et infectieux.2
Nicolas Postel-Vinay
L’auteur a déclaré ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec le contenu de cet article.
Info-Respiration N°137 Février 2017
Fév 22 2017
Prescription obligatoire du zolpidem sur ordonnance sécurisée à partir d’avril 2017
Dormir sous zolpidem ? Possible mais à condition de le coucher sur ordonnance sécurisée
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a publié le 11 janvier 2017 un point d’information concernant le zolpidem (hypnotique apparenté aux benzodiazépines, médicament célèbre sous le nom de Stilnox®). À partir du 10 avril 2017, les spécialités contenant du zolpidem devront être prescrites sur ordonnance sécurisée. Cette mesure est prise pour limiter le risque d’abus et de détournement, très important avec ce médicament et favoriser son bon usage. L’ANSM rappelle à cette occasion que les indications du zolpidem sont limitéesaux troubles sévères du sommeil en cas d’insomnie occasionnelle et transitoire. La posologie recommandée est de 10 mg par jour. Le traitement doit être aussi bref que possible, de quelques jours à quatre semaines, incluant la période de réduction de la posologie. La durée de traitement recommandée en cas d’insomnie occasionnelle est de deux à cinq jours, et en cas d’insomnie transitoire, de deux à trois semaines.
Des enquêtes nationales d’addictovigilance sur le zolpidem mises en place depuis 1993 ont mis en évidence une augmentation du nombre et de la sévérité des cas d’abus et de pharmacodépendance qui se manifeste par :
—> une utilisation par des patients dans les indications thérapeutiques, mais à doses élevées et sur de longues périodes ;
—> un mésusage ou abus à la recherche d’un effet autre que thérapeutique, notamment récréatif ;
—> une utilisation détournée par les usagers de drogues, avec notamment des cas d’injections ;
—> une augmentation depuis plusieurs années du nombre de cas de soumission chimique avec le zolpidem qui est maintenant la molécule la plus impliquée.
En 2004, le résumé des caractéristiques du produit (RCP) du zolpidem avait été modifié en conséquence, précisant la possibilité de survenue d’une pharmacodépendance et les mentions communes avec les benzodiazépines. Afin de favoriser le bon usage et limiter les risques d’abus et de pharmacodépendance du zolpidem, une partie de la réglementation des stupéfiants sera appliquée aux médicaments qui en contiennent. Ainsi, à partir du 10 avril 2017, les médicaments à base de zolpidem (Edluar®, Stilnox® et génériques) devront être prescrits sur ordonnance sécurisée, en toutes lettres. Cependant, contrairement aux opioïdes de palier 3, il n’y aura pas d’obligation pour le patient de présenter l’ordonnance au pharmacien dans les 3 jours suivant la date de prescription pour la délivrance de la totalité de son traitement. De plus, le pharmacien n’aura pas l’obligation d’archiver une copie des
ordonnances pendant trois ans. Le zolpidem reste inscrit sur la liste I des substances vénéneuses et sa prescription est toujours limitée à 28 jours. Notons que cette réglementation ne concerne pas la zopiclone (Imovane®).
Pour en savoir plus : Arrêté du 7 janvier 2017 portant application d’une partie de la réglementation des stupéfiants aux médicaments à base de zolpidem administrés par voie orale, publié au JORF n°0008 du 10 janvier 2017 .
Justine Frija-Masson, Paris
L’auteur a déclaré ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec le contenu de cet article.
Info-Respiration N°137 Février 2017
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