Fluoroquinolones orales en ambulatoire : pas d’augmentation du risque d’arythmie sévère selon une étude de cohorte

Comme le remarque la Revue Médicale Suisse, les quinolones sont associées à une prolongation de l’intervalle QT en raison de l’inhibition des canaux potassiques de la cellule cardiaque.1 Mais sait-on vraiment si ce constat se traduit cliniquement par un risque élevé d’arythmie maligne ? La Revue Médicale Suisse a repéré une étude de cohorte rétrospective, observationnelle, binationale (Danemark, Suède), susceptible de répondre à cette question. Ce travail publié dans le British Medical Journal (BMJ) a mesuré le risque d’arythmie sévère, définie par une fibrillation auriculaire, tachycardie ventriculaire, arrêt cardiaque ou mort subite chez des personnes exposées aux quinolones.2 Par l’intermédiaire de registres nationaux de prescription, elle a comparé des patients adultes entre 40 et 79 ans, sans maladie terminale, traités en ambulatoire par quinolones per os avec un groupe contrôle traité par pénicilline (molécule sans effet proarythmogène). L’incidence d’arythmie sévère chez les patients traités par quinolones ou pénicilline était similaire (quinolones 3-4 versus pénicilline 4 pour 1 000 patients/ année (RR : 0,85 ; IC 95 % : 0,61-1,18). Cette étude de grande qualité comporte un certain nombre de limitations inhérentes aux études observationnelles ; néanmoins, elle conclut, contrairement aux études précédentes, qu’une antibiothérapie par quinolones dans une population adulte traitée en ambulatoire n’augmente pas le risque d’arythmies malignes. Toutefois, le risque d’arythmie sérieuse chez des patients atteints d’infections graves nécessitant une hospitalisation reste à étudier. On retiendra ici que les quinolones, telle la ciprofloxacine, n’augmentent pas le risque de survenue d’arythmies malignes dans une population adulte en mode ambulatoire.

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Nicolas Postel-Vinay. Hôpital Européen Georges-Pompidou. Paris
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Info-Respiration N°136 Décembre  2016

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