télésuivi

Un point d’ETAPES !

Sandrine Pontier-Marchandise a présenté au congrès les premiers résultats de l’expérimentation ETAPES, un programme de télésuivi destiné aux patients français souffrant de différentes maladies chroniques et d’insuffisance respiratoire sous ventilation non invasive.

ETAPES est un programme de télésuivi destiné aux patients français souffrant d’une d’une des maladies chroniques suivantes : insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, diabète et insuffisance respiratoire sous ventilation non invasive (VNI) nocturne au long cours. Le déploiement de ce programme mené à Toulouse depuis 2018 est soutenu par un financement spécifique.

Une cohorte de patients ventilés au CHU de Toulouse

La télésurveillance de la VNI repose sur la transmission quotidienne des données du ventilateur, enregistrées en continu par un dispositif interne de télésuivi, à une équipe d’infirmiers experts du prestataire de santé. Les données sont examinées et traitées selon un algorithme déterminé arbitrairement, après concertation des techniciens et des infirmiers du prestataire de santé ainsi que des pneumologues. L’utilisation, l’index apnées-hypopnées, les fuites non-intentionnelles et la fréquence respiratoire, génèrent des alertes et une réaction adaptée. Lorsqu’une exacerbation est suspectée ou lorsque le problème persiste malgré l’intervention du prestataire de santé, le médecin prescripteur est sollicité.

Parmi 928 patients ventilés suivis au CHU de Toulouse de 2018 à 2022, 343 ont été inclus dans le projet ETAPES. Parmi eux, 145 sont traités pour une BPCO. Il s’agit d’hommes dans 59% des cas. L’âge moyen est de 68,5 ± 11,1 ans et l’IMC de 34,7 ± 8,8 kg/m2. La VNI est utilisée depuis 34,4 ± 45,6 mois, en moyenne, avant l’inclusion dans ETAPES. Un quart des patients sont ventilés depuis moins d’un mois.

Une amélioration de la ventilation grâce à la télésurveillance

La ventilation est considérée de bonne qualité si les trois critères suivants sont réunis :

1. Compliance supérieure à 4 heures par nuit,

2. Fuites non-intentionnelles inférieures à 24 L/min,

3. Index d’apnées-hypopnées sous VNI inférieur à 10 évènements par heure de ventilation.

À la mise en place d’ETAPES, 28% des patients placés sous VNI depuis moins d’un mois ont une qualité de la ventilation insuffisante contre 23% des patients ventilés depuis plus d’un mois. Il s’agit essentiellement de problèmes de compliance. Après un an de suivi dans le cadre d’ETAPES, seuls 13% des patients sont considérés comme insuffisamment ventilés. Il s’agit cette fois essentiellement de problèmes de fuites.

La télésurveillance de la VNI, en renforçant les interventions du prestataire de santé en cas de faible compliance ou d’importantes fuites, est susceptible d’améliorer la qualité de la ventilation, quel que soit le délai entre l’initiation de la VNI et la mise en place du télésuivi.

À retenir

La télésurveillance de la VNI améliorera certainement la prise en charge des patients insuffisants respiratoires, mais son plus large déploiement est actuellement freiné par les nombreuses questions non résolues qui vont de la solution technique, à la définition de seuils d’alerte communs et à la construction d’un algorithme de réponses consensuel en passant par des problèmes de responsabilité judiciaire ou encore des questionnements éthiques. 

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne


D’après la communication orale “Quality of ventilation in patients on home NIV included in a telemonitoring programme – TELVENT study”, présentée par Sandrine Pontier-Marchandise, (Toulouse, France) ; Session 63 “Best abstracts in pulmonary rehabilitation and chronic care”

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Télémédecine et pathologies pulmonaires chroniques


Alors que la place de la télémédecine restait difficile à déterminer en pneumologie, la pandémie à Covid-19 a réveillé l’intérêt des pneumologues et des patients pour cette forme particulière de médecine permettant au patient de rester à domicile et ainsi d’éviter de fréquenter des lieux à risque pour lui, et au médecin de réguler les flux de patients fréquentant l’hôpital.

Les communications sur le sujet sont donc très nombreuses cette année, allant de la téléexpertise permettant la gestion de patients en réanimation dans des centres moins expérimentés, au télésuivi de patients infectés par la Covid-19 à domicile, par l’intermédiaire d’oxymètres connectés entre autres.
Le syndrome d’apnées du sommeil peut tout à fait être géré du début de prise en charge (consultation initiale et enregistrements télétransmis) jusqu’à la mise en route du traitement par téléconsultations. La PPC est quant à elle télésuivie par le prescripteur ou le prestataire de santé à domicile. Un certain nombre de patients a pu ainsi bénéficier de ce type de prise en charge durant l’année qui vient de s’écouler, permettant de ne pas prendre trop de retard dans les diagnostics et leur traitement. Il ne faut pas, néanmoins, oublier la dimension pluri-disciplinaire de cette spécialité et une consultation avec un examen clinique complet, voire une gazométrie artérielle et une exploration de la fonction respiratoire restent nécessaires dans un grand nombre de cas.
Pour la BPCO, différentes approches de télémédecine sont possibles. La téléconsultation a permis de garder le contact avec certains patients. Des expériences de télé-réhabilitation ont été faites, ainsi que des modules d’éducation thérapeutique en ligne. Les expériences comme celle rapportée par Rydberg et al sont encore balbutiantes. Ce travail préliminaire porte sur 12 patients porteurs de BPCO entre 40 et 80 ans suivis sur 90 jours. Le télésuivi comportait un spiromètre connecté, un oxymètre connecté, un système de rappel de la prise des traitements et un plan d’action permettant un transfert quotidien des données. Sur 12 patients, 9 (75%) étaient des femmes. 7 patients ont terminé l’étude. 70% des patients ont mesuré leur SpO2 5 jours sur 7 (fréquence minimum acceptable), 82% ont réalisé une capacité vitale lente 3 jours par semaine. Si les auteurs sont satisfaits du résultat, on ne peut que souligner le petit nombre de patients très probablement sélectionnés, et encourager des travaux plus larges.
Les téléconsultations peuvent donc permettre de suivre certains patients et certaines pathologies, et ainsi de diminuer le nombre de patients venant à l’hôpital, le tout permettant un moindre risque pour les patients et un moindre coût probablement. Elles ne peuvent néanmoins se substituer totalement à une consultation présentielle. Des télésuivis plus complets avec auto-mesures et questionnaires à domicile sont encore à l’état embryonnaire dans la BPCO, leur applicabilité dans la « vraie vie » étant loin d’être démontrée.
De plus, des barrières existent encore, tant pour des raisons techniques qu’humaines (patient comme praticien). Nul doute que les années futures nous verrons encore aborder ce vaste sujet !

Sandrine Pontier-Marchandise, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, Toulouse


D’après les communications suivantes :

Irfan M. Virtual sleep care : technology to facilitate care and improve access for patients at home.
Fan V. COPD self-management, medication education and reconciliation among rural patients : implications of Covid-19.

Session B006 : Challenges, opportunities and lessons learned in virtual care : COVID-19 as a catalyst for change 

Rydberg MG. Implementation of a home monitoring system for COPD patients during the SARS CoV2 pandemic : a feasibility study. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A1732

Session TP020 Telehealth and remote monitoring for pulmonary, critical care, and sleep

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Intérêt clinique du télésuivi pour le dépistage de respiration de Cheyne-Stokes sous PPC.


Le télésuivi est un sujet d’actualité pour les traitements par pression positive continue (PPC) ou par ventilation non invasive (VNI). Les paramètres pouvant être télésuivis sont nombreux (observance, fuites, index d’apnées et d’hypopnées [IAH] entre autres) ; leur pertinence clinique n’est quant à elle pas toujours démontrée.

A Prigent (Rennes, France) a rapporté une étude prospective, monocentrique et interventionnelle se déroulant sur 12 mois et portant sur 555 patients porteurs de SAOS sévères, appareillés par PPC (indifféremment en pression fixe ou auto-pilotée). Le prestataire de santé (PSAD) relevait les alertes quotidiennement (jours ouvrés) et en cas d’alerte sur l’IAH, devait vérifier la présence ou l’absence d’une respiration périodique de Cheyne-Stokes (RCS) dans les 7 jours précédents. En cas de présence de RCS, le patient venait à l’hôpital pour une consultation avec électrocardiogramme et prise de sang. Les évènements cardiaques recherchés étaient la majoration d’une arythmie cardiaque ou la survenue d’une insuffisance cardiaque.
Sur 555 patients télésuivis sur les 12 mois, une RCS a été rapportée pour 74 patients (81,1% d’entre eux étaient connus pour avoir une comorbidité cardio-vasculaire). Quinze patients (20%) ont présenté un évènement cardiaque sérieux. La mise en évidence d’une RCS était associée à un risque multiplié par 14 de survenue d’un tel épisode.
Voici donc un bel exemple d’application clinique du télésuivi qui ne doit à l’évidence pas rester cantonné au suivi de l’observance et des fuites.

Sandrine Pontier-MarchandiseService de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, Toulouse


D’après la communication :

A. Prigent. Incidence of Cheyne-Stokes respiration detected by CPAP remote monitoring is associated with serious cardiac events : the AlertApnée Study – Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A1105

Session B014 : Pathophysiology, cardiovascular disease, and COVID – What’s happening in sleep research right now.

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Numéro 132 – avril 2016

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Groupe Pappei : les activités 2015 ont permis une forte visibilité, Jean-Claude Pairon
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