vapotage

Vapotage et maladies des voies aériennes

De nos jours, le vapotage est considéré comme une alternative au tabagisme mais n’est pas aussi inoffensif qu’il parait l’être. Le professeur Thiam a décrit durant cette communication les effets néfastes du vapotage sur les voies aériennes.

Le vapotage ou usage de la cigarette électronique (E-cigarette) est considéré de nos jours comme une alternative moins dangereuse au tabac car il permet la réduction ou l’arrêt du tabagisme. Mais du fait de l’usage de composants non homologués, peu étudiés sur le long terme, il existe des réserves quant à la sécurité du vapotage sur la santé et notamment sur les voies aériennes. Les vapeurs produites par l’E-cigarettes sont constituées entre autres de substances cancérigènes, néoformées, canabinoïdes, particules fines 1. De ce fait, il existe de nombreuses conséquences sur la santé respiratoire.

Il est décrit sur les modèles animaux, une susceptibilité aux infections des voies aériennes virales du fait de l’affaiblissement de l’immunité innée, de l’inhibition de la toux. Le risque de COVID-19  est multiplié par 5 chez les vapoteurs et par 7 si un tabagisme classique est associé au vapotage 2. L’EVALI (E-cigarettes, or Vaping product use Associated Lung Injury) ou poumon du vapotage est une maladie respiratoire mortelle résultant de l’effet des cannabinoïdes issus de la vapeur de l’E-cigarette. Le diagnostic est posé devant les critères suivants : usage d’E-cigarette dans les 90 jours précédant les symptômes, infiltrats pulmonaires à l’imagerie, absence d’infection pulmonaire et absence de preuve d’autre diagnostic plausible 3.

Du point de vue des anomalies bronchiques en contexte de vapotage, il a été démontré une probabilité plus élevée d’asthme chez les utilisateurs d’E-cigarette 4 mais il n’est pas documenté à ce jour une relation entre le vapotage et la bronchopneumopathie chronique obstructive. L’altération de la fonction respiratoire et le vapotage est documentée, notamment l’augmentation des résistances des voies aériennes et par conséquent le trouble ventilatoire obstructif  et un baisse de la perfusion pulmonaire à l’IRM 5.

Le risque de cancer est moindre en cas de vapotage comparé au tabagisme mais non nul. Il existe peu de données à ce sujet.

En résumé, le vapotage s’avère moins toxique que le tabagisme mais n’est pas inoffensif. L’impact à court terme est connu mais la sécurité à long terme est toujours inconnue, probablement du fait d’un recul insuffisant.

Virginie POKA-MAYAP, Service de pneumologie A, Hôpital Jamot de Yaoundé, Cameroun

D’après la communication “ Vapotage et maladies des voies aériennes” présenté par Khadi THIAM (Sénégal), session “Environnement et santé respiratoire”, le samedi 06 mai 2023.


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Informations sur la cigarette électronique utilisée dans un objectif d’aide au sevrage tabagique

 

https://splf.fr/wp-content/uploads/2019/11/Vape-SFT_SPLF-MoissansTabac-20191101-ok.pdf

Mois sans tabac novembre 2019


L’existence aux USA de cas de toxicité pulmonaire rapportée à l’utilisation de cigarettes électroniques inquiète les fumeurs qui envisagent l’arrêt du tabac et les vapoteurs.
Deux sociétés savantes, la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) et la Société Francophone de Tabacologie (SFT), proposent dans ce document une information sur la cigarette électronique à l’occasion du Mois sans tabac qui se déroule en France en novembre 2019. Cette information est basée sur l’analyse des données scientifiques publiées.
Ce document est destiné avant tout aux fumeurs envisageant d’utiliser la cigarette électronique comme outil d’aide au sevrage tabagique.

Pr Nicolas Roche                                                                                                     Dr Anne-Laurence Le Faou

Président SPLF                                                                                                                            Présidente SFT

Information et conseils aux fumeurs sur la cigarette électronique (vape) utilisée dans un objectif d’aide au sevrage tabagiq

Rappel
Le tabac est la première cause évitable de nombreuses maladies cardiovasculaires, cancers ainsi que maladies respiratoires dont le cancer bronchique, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). La consommation de tabac aggrave aussi l’asthme. Arrêter de fumer est toujours bénéfique, notamment pour les patients porteurs de maladies respiratoires. Les patients atteints de BPCO qui fument encore sont souvent fortement dépendants.
La dépendance tabagique a deux composantes :
1- Une dépendance physique liée au manque de nicotine (indépendante de la volonté) qui peut être comblée par apport de nicotine non-fumée médicamenteuse (patchs, pastilles, comprimés, inhaleurs, sprays ou comprimés sub-linguaux) et/ou non médicamenteuse (cigarette électronique).
La varénicline qui bloque certains récepteurs nicotiniques est aussi un traitement efficace de la dépendance physique à la nicotine.
2- Une dépendance psychologique et comportementale.
Les traitements médicalement validés sont ceux qui ont fait l’objet d’essais cliniques. Ils ont démontré qu’ils augmentaient les chances de l’arrêt du tabac avec un rapport bénéfice/risque positif. C’est le cas de tous les substituts nicotiniques et de la varénicline, remboursés en France ainsi que du bupropion, non remboursé. Ces traitements (à l’exception de l’inhaleur, des Nicorette Microtab et du spray de nicotine) sont remboursés par l’assurance maladie sans reste à charge pour les patients atteints d’une maladie de longue durée (en particulier dans le domaine des troubles respiratoires pour l’insuffisance respiratoire liée à la BPCO ou à l’asthme, pour le cancer du poumon ou la tuberculose), le reste à charge de 35% est payé par la complémentaire santé dans les autres cas.
Ces traitements restent les traitements recommandés par les autorités de santé pour tous les fumeurs dont ceux atteints de maladies respiratoires.
La cigarette électronique
La cigarette électronique comprend une batterie qui apporte l’énergie nécessaire à chauffer une résistance entourée de textile pour la garder humidifiée et qui est placée dans un réservoir (cartomiseur). En France, les liquides pour cigarettes électroniques sont enregistrés 6 mois avant leur commercialisation à l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) (www.anses.fr/fr/system/files/Liste_FR_Vapotage.xls). Ils sont composés : d’un solvant organique (propylène glycol (PG) et/ou VG (glycérine végétale (GV)), d’une préparation aromatisante plus de la nicotine avec une concentration maximale de 20 mg/mL ou sans nicotine.
Que sait-on de la toxicité de la cigarette électronique ?
En utilisation normale
Les émissions de la cigarette électronique contiennent moins de substances toxiques que la fumée du tabac. Elles peuvent induire toutefois des effets biologiques mesurables. Les conséquences cliniques et épidémiologiques (santé publique) à long terme de l’utilisation des cigarettes électroniques, à ce jour, ne sont pas connues. Les études bien conduites cliniques et épidémiologiques concluantes sont nécessaires pour évaluer le bénéfice et les risques exacts de leur utilisation.
Les cas de toxicité pulmonaire rapportés aux USA
Ces cas ont concerné 1888 personnes à la date du 31 octobre 2019 dont 37 décès. Ces cas sont liés aux liquides que certains utilisateurs de cigarette électronique ont mis dans le réservoir. Dans 75- 80% des cas, ces liquides étaient fabriqués ou achetés hors du commerce officiel et contenaient des huiles de cannabis, du cannabis synthétique ou d’autres produits assimilés et souvent de l’acétate de vitamine E (produits formellement interdits dans liquides pour cigarettes électroniques en Europe). Il s’agissait donc du  détournement d’usage du dispositif c’est-à-dire dans le cadre d’un usage récréationnel et non dans l’objectif de l’arrêt de la consommation du tabac.
En absence d’identification de l’agent ou des agents causaux provoquant ces pneumopathies, il est recommandé de n’utiliser que les liquides commercialisés, de ne pas acheter des liquides dans la rue et de pas utiliser des huiles de cannabis ou d’autres produits non commercialisés. En France le Directeur général de l’ANSES qui assure le contrôle des liquides pour cigarettes électroniques, a affirmé qu’aucun des liquides commercialisés en France ne posait de problème sanitaire.
Intérêt de la cigarette électronique dans la sortie du tabac
La cigarette électronique est utilisée le plus souvent sans aide médicale par des fumeurs qui veulent soit réduire leur tabagisme, soit arrêter de fumer. Selon Santé Publique France,
1) les données recueillies après le Mois sans tabac 2016 montrent que la cigarette électronique est de loin le produit le plus utilisé dans l’arrêt du tabac avec aide : 27% contre 18% pour les substituts nicotiniques et 10% pour le recours aux professionnels de santé.
2) il est estimé que 700 000 fumeurs ont arrêté de fumer en 7 ans avec la cigarette électronique seule ou en association avec d’autres aides.
Les données scientifiques actuellement disponibles sont toutefois insuffisantes pour conclure avec certitude que la cigarette électronique est un traitement efficace et sûr pour aider les fumeurs à arrêter de fumer. Un essai publié récemment dans le New England Journal of Medicine montre qu’il y a près de 2 fois plus d’arrêt à un an avec la cigarette électronique qu’avec les substituts
nicotiniques. En France un essai clinique randomisé en double aveugle (l’essai ECsmoke), qui a déjà inclus 300 patients, va permettre d’obtenir des données scientifiques de qualité pour valider (ou pas) la cigarette électronique dans l’arrêt du tabac comme un produit aussi efficace que la varénicline, médicament le plus efficace en monothérapie pour arrêter de fumer.
L’utilisation prolongée de la cigarette électronique
De nombreux utilisateurs continuent à fumer tout en vapotant. Cette situation laisse persister les risques du tabagisme. Ces vapo fumeurs doivent être mieux substitués en nicotine par ajout de patchs et optimisation de la prise de nicotine par la cigarette électronique.
Chez les fumeurs sevrés du tabagisme grâce à la cigarette électronique, un avis médical est recommandé en cas de dépendance persistante à la nicotine.
En cas de consommation de cigarette électronique au-delà de 12 mois après l’arrêt du tabac, l’arrêt de la cigarette électronique est conseillé s’il n’existe aucun risque de retour au tabac.
Cas particulier des maladies respiratoires chroniques
Il est préférable d’utiliser un des traitements médicamenteux recommandés pour l’arrêt du tabac et remboursés en France : substituts nicotiniques ou varénicline, plutôt que la cigarette électronique.
En synthèse :

  • Ne plus fumer est le premier objectif à poursuivre chez les fumeurs, notamment porteurs de maladies respiratoires chroniques dont la BPCO.
  • La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs.
  • Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac.

 

  1. En préambule, l’utilisation de la cigarette électronique en dehors du contexte du sevrage tabagique est médicalement formellement déconseillée.
  2. Les effets délétères du tabac sur la santé des individus et des populations sont majeurs, le tabac représente la première cause évitable de mortalité et de maladies, tout particulièrement de l’appareil respiratoire.
  3. Des médicaments sont disponibles et validés pour l’aide au sevrage : les substituts nicotiniques, la varénicline et le bupropion. Ils doivent être prescrits en première intention avant l’utilisation de la cigarette électronique.
  4. La cigarette électronique avec liquide contenant de la nicotine fait partie des moyens non médicamenteux d’aide potentielle au sevrage tabagique.
  5. L’innocuité de la cigarette électronique, même bien utilisée, ne peut être affirmée.
  6. Toutefois, le potentiel de toxicité de la cigarette électronique utilisée dans les conditions autorisées en France paraît très inférieur à celui du tabac fumé.
  7.  De ce fait, son utilisation est préférable à la consommation de tabac, en l’état actuel des connaissances.
  8. Il faut recommander aux utilisateurs de cigarette électronique dans un objectif d’aide au sevrage tabagique, de limiter la durée de cette pratique dans le temps, une fois le sevrage obtenu et l’envie de fumer supprimée.
  9. Les règles d’utilisation de la cigarette électronique visant à en minimiser le risque d’effets adverses doivent être connues des utilisateurs (notamment utilisation exclusive de liquides autorisés, enregistrés à l’ANSES).
  10.  Les questions sur l’usage de la cigarette électronique doivent faire partie de l’interrogatoire de tout patient par un professionnel de santé.
  11. Il est souhaitable d’interdire l’usage de la cigarette électronique dans les lieux publics. La vente des cigarettes électroniques et liquides est interdite aux mineurs.
  12.  La recherche sur les effets à court, moyen et à long terme de la cigarette électronique doit être développée.
  13. Des points d’évaluation réguliers doivent être mis en place par les autorités de santé et les sociétés savantes concernées.

1 novembre 2019

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Numéro 140 – Août-septembre 2017

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 ÉDITORIAL
Recommandations de pratique clinique : adopter ou adapter ? Nicolas Roche

VIE DE LA SOCIÉTÉ
Groupe MNMS : rapport d’activité 2016-2017, Hélène Prigent, Marjolaine Georges

 THÉRAPEUTIQUE
Antibiothérapie au cours des infections respiratoires basses de l’adulte. Peut-on faire mieux en plus court ? Quentin Philippot, Guillaume Voiriot, Muriel Fartoukh

ENTRETIEN
Communication pour la promotion du vapotage : l’association Sovape choisit l’option du militantisme fort pour sortir les fumeurs de la cigarette, Bernard Dautzenberg
Document : « M. le Professeur, je souhaiterais vous rencontrer » : ce rendez-vous qu’il faut refuser, Nicolas Postel-Vinay

NTIC
La télé-réhabilitation respiratoire et BPCO : nouvelle stratégie pour le maintien des acquis d’un programme de réhabilitation ? Frédéric Costes

PERSPECTIVES
La phagothérapie : une piste innovante face à la menace des résistances bactériennes, Aurélien Justet

CULTURE
Abraham Poincheval et sa pierre, Jean-Pierre Orlando
Marcel Proust, un écrivain « à la recherche du souffle perdu » Guillaume Hery

LU POUR VOUS
Phénotypage de la BPCO, une histoire sans fin ? Daniel Piperno
Charcuterie et asthme : quand l’addition peut être salée, Justine Frija Masson

ENCADRÉS
Congrès du Sommeil® 2017
Les petites annonces
Mésothéliome : les dernières avancées seront présentées en novembre prochain

COMMUNIQUÉS DE PRESSE
Mise à disposition de Symbicort sous la forme d’une suspension pour inhalation en flacon pressurisé, Symbicort® Rapihaler®, dans le traitement de la BPCO – L’OFEV permet de stabiliser voire d’améliorer, au long cours, la fonction pulmonaire des patients atteints de FPI – Autorisation de mise sur le marché européen pour Trimbow® (ICS/LABA/LAMA) .

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Le vapotage chez les adolescents nord-américains ne freine pas le passage au tabagisme ; et c’est peut-être même le contraire

Info Respiration se fait l’écho de l’actualité de la cigarette électronique depuis des années, et bien souvent nous avons rendu compte de publications plaidant pour son utilisation large en tant qu’outil de sevrage alors que les autorités de santé n’avaient pas franchi ce pas. Bien des auteurs soulignent que le vapotage est — en toutes hypothèses — moins dangereux que le tabac, lequel est responsable de 73 000 morts en France l’année dernière selon les chiffres publiés par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) en octobre 2016. Mais ne passons pas sous silence les craintes de voir dans le vapotage un mode d’entrée dans le tabagisme. Sur ce point, une étude (Research Letter) récemment publiée dans le JAMA ne rassure pas. 1. Aux États-Unis plus d’un tiers des adolescents scolarisés d’une quinzaine d’années dans ce qui équivaut en France à la classe de seconde vapotent. Outre-Atlantique, les enquêtes suggèrent qu’à cet âge l’e-cigarette favoriserait le passage à la vraie cigarette, mais sans savoir s’il s’agit d’une expérimentation temporaire ou d’une entrée dans un tabagisme plus soutenu. Pour en savoir plus sur les conséquences du vapotage à cet âge, Adam Leventhal (Université de Los Angeles) et collègues ont réalisé deux enquêtes à six mois d’intervalle auprès de 3 084 adolescents scolarisés. Ils ont comparé le niveau de vapotage lors de la première enquête et la fréquence et le niveau de tabagisme lors de la deuxième enquête six mois après.
Parmi ceux qui ne vapotaient pas du tout, seuls 0,9 % étaient devenus fumeurs occasionnels et 0,7 % fumeurs réguliers six mois après. Parmi ceux qui étaient d’anciens vapoteurs, 4,1 % étaient devenus fumeurs occasionnels et 3,3 % fumeurs réguliers. Parmi ceux qui vapotaient de façon occasionnelle, 9 % étaient devenus fumeurs occasionnels et 5,3 % fumeurs réguliers. Et parmi les vapoteurs réguliers, 11,6 % étaient devenus fumeurs occasionnels et 19,9 % fumeurs réguliers. Donc, selon ces données déclaratives, plus ces adolescents consomment l’e-cigarette, plus ils risquent de devenir fumeurs de cigarettes, et notamment fumeurs réguliers, six mois après. Les auteurs constatent qu’il y a également un lien entre le vapotage et le nombre de cigarettes fumées six mois après. Au total, les adolescents qui utilisent une cigarette électronique de façon régulière ont un risque accru de consommer du tabac six mois après. Comme l’indiquent les auteurs, il faut continuer à surveiller ce phénomène avec des données portant sur un plus long terme.

Nicolas Postel-Vinay

[hr]

Info-Respiration N°136 Décembre  2016

Le vapotage chez les adolescents nord-américains ne freine pas le passage au tabagisme ; et c’est peut-être même le contraire Lire la suite »

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