Télésuivi du patient BPCO : beaucoup de « buzz » pour rien ?

La télémédecine ouvre des perspectives prometteuses tant pour le suivi des maladies chroniques que pour l’éducation thérapeutique voire la réhabilitation. Dans la BPCO, un programme prétend dépister et prévenir les exacerbations : exemple avec ces résultats médicoéconomiques. 

TELESCOT est un programme de télésuivi des patients atteints de BPCO, fondé sur le recueil quotidien par le patient, de données cliniques (symptômes) et oxymétriques, sur un site Internet. En fonction des données recueillies, le logiciel situe le patient en zone « verte », « orange » ou « rouge » par rapport au risque d’exacerbation et rappelle les consignes du plan d’action (visite médicale, automédication). Les données sont transmises à un serveur à distance, analysées par un professionnel de santé, qui si nécessaire, répond par un conseil téléphonique, une visite à domicile ou une convocation chez un médecin.

Ce programme est évalué par une étude contrôlée randomisée comparant suivi conventionnel seul et complété du télésuivi. Le critère principal est le délai avant hospitalisation. Les critères secondaires sont le nombre d’admissions, les journées d’hospitalisation, la qualité de vie, les symptômes anxiodépressifs, le nombre d’exacerbations, la consommation d’antibiotiques, l’autoefficacité, la connaissance de la maladie, l’adhérence au traitement. L’étude principale est complétée par une étude ancillaire de satisfaction des patients et des soignants et d’une évaluation médicoéconomique.

Deux cent cinquante-six patients atteints de BPCO à risque d’exacerbation (au moins une hospitalisation dans l’année précédent l’inclusion) sont répartis en groupe Contrôle (n = 128) et groupe Télésuivi (n = 128). Les groupes sont homogènes : âge moyen 69 ans, VEMS moyen : 42 % valeur prédite, nombre annuel moyen d’admissions : 2,4.
Au bout d’un an de suivi, les résultats sont négatifs pour le critère primaire (362 jours dans le groupe télésuivi vs 361 jours dans le groupe contrôle), ainsi que pour tous les critères secondaires. La charge de travail liée au télésuivi représente 2 314 alertes, 931 visites à domicile, 521 appels téléphoniques pour 93 patients, versus 352 appels téléphoniques et 682 visites à domicile dans le groupe contrôle pour le même nombre de patients. Le coût annuel du programme avec télésuivi est estimé à 20 000 dollars versus 16 200 dollars dans le groupe soins courants.

Les patients et les soignants sont satisfaits du programme.

Les auteurs rapportent l’échec sur le critère primaire à l’algorithme décisionnel, fondé sur les critères d’Anthonisen validés pour le diagnostic médical, mais peut-être inadaptés à « l’autodiagnostic » par les patients, en particulier en cas de variations quotidiennes importantes des symptômes, difficiles à différencier de signes précurseurs d’une exacerbation. Ils proposent de modifier l’algorithme en y incluant d’autres symptômes (fatigue, anxiété, troubles du sommeil, activité physique…) et des paramètres objectifs comme la fréquence respiratoire.

En conclusion, le rapport bénéfices/coût du télésuivi dans cette étude, apparaît défavorable pour ce programme, bien que très apprécié des patients et des soignants. Ces résultats ne doivent pas remettre en cause le recours à la télémédecine, qui représente une alternative d’avenir dont il faut préciser et évaluer la place et les modalités pratiques.

 

 

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Anne Guillaumot d’après la communication de B. McKinstry : Exploring telemonitoring in COPD : a mixed methods approach
Session D88 : Tele-technology in the management of COPD

 

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