Épanchement pleural malin: le cathéter pleural tunnellisé, c’est rusé !


Les épanchements pleuraux malins (EPM) sont une complication fréquente responsable d’une altération importante de la qualité de vie des patients. Pour traiter ces EPM, l’utilisation d’un cathéter pleural tunnellisé (CPT) a déjà été comparé à la pleurodèse médicale par talcage avec une efficacité équivalente sur la dyspnée et les douleurs liée à la procédure 1. L’étude australienne AMPLE (Australian Malignant Pleural Effusion Study) présentée aujourd’hui par Gary Lee a comparé de manière randomisée le CPT et le talcage médical avec comme objectif la durée de séjour hospitalier jusqu’au décès de ces patients au pronostic souvent réservé.

Parmi les 146 patients inclus tous avaient une atteinte tumorale prouvée, 74 ont été traités par CPT et 72 par talcage. L’OMS de ces patients était ≤ 2 dans 52 % dans le bras CPT contre 57 % dans le bras talcage. La durée d’hospitalisation toutes causes confondues était significativement réduite dans le bras CPT (médiane de 12,7 jours vs 16,3 jours ; p = 0,026) ainsi que celle due directement à l’épanchement (médiane de 3,1 jours vs 4,8 jours ; p < 0,001). Le pourcentage de réintervention sur l’épanchement était aussi en faveur du CPT, diminué à 4,1 % contre 22,5 %. Le temps passé à l’hôpital jusqu’au décès était réduit de 11,1 % à 6,2 % (p = 0,001) ce qui paraissait intéressant tant pour le malade que pour la structure de soin. Ces résultats étaient obtenus avec un contrôle symptomatique équivalent sur la dyspnée. Au total, ces résultats apportent des éléments très intéressants en faveur de l’utilisation de ces dispositifs.
Plusieurs questions restent en suspens concernant les CPT. A quelle fréquence effectuer le drainage : de manière quotidienne systématique ou sur aggravation de la symptomatologie ? L’étude AMPLE 2 actuellement en cours va comparer ces modalités en évaluant le contrôle de la dyspnée puis le taux de pleurodèse spontanée, la sécurité et la survie. Enfin, peut-on allier CPT et talcage ? Il a déjà été montré qu’un talcage après pose de CPT permettait une pleurodèse dans 92 % des cas sur de petits effectifs 2 L’IPC-Plus trial va donc évaluer la proportion de pleurodèse spontanée à 5 semaines d’un talcage via le CPT par rapport à l’administration d’une solution saline placebo sur plus de 150 patients.
Le CPT est donc un outil sûr et fiable mais qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

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Boris Duchemann, hôpital Avicenne, Bobigny
Marion Ferreira,
CHRU Bretonneau, Tours

D’après la session C2 du 23 mai 2017 : practice changing clinical trials in pleural diseases, impact on day to day care. Practice changing clinical trials on malignant pleural effusion. Y. C. G. Lee

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© iSPLF – Mission ATS – MAI 2017

  1. Davies HE, Mishra EK, Kahan BC, Wrightson JM, Stanton AE, Guhan A, et al. Effect of an indwelling pleural catheter vs chest tube and talc pleurodesis for relieving dyspnea in patients with malignant pleural effusion: the TIME2 randomized controlled trial. JAMA 2012;307:2383–9. doi:10.1001/jama.2012.5535.
  2. Ahmed L, Ip H, Rao D, Patel N, Noorzad F. Talc pleurodesis through indwelling pleural catheters for malignant pleural effusions: retrospective case series of a novel clinical pathway. Chest 2014;146:e190–4. doi:10.1378/chest.14-0394.
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