Dans les suites d’une embolie pulmonaire (EP) aiguë, certains patients vont développer une hypertension pulmonaire postembolique (HTPPE) secondaire à la non-résolution des thrombus malgré l’instauration d’un traitement anticoagulant efficace. Selon la littérature, l’incidence de l’HTPPE varie de 0,8 à 5,1 %,1 2 3les critères d’inclusions et diagnostiques de l’HTPPE étant différents selon les études.
Une étude chinoise 4 a inclus 612 patients atteints d’une EP aiguë entre 2006 et 2011, son objectif était de déterminer l’incidence d’HTPPE et d’identifier les facteurs de risque de développer une HTPPE. Les patients présentant une pression artérielle pulmonaire systolique (PAPs) supérieure à 50 mmHg bénéficiaient d’un cathétérisme cardiaque droit afin de confirmer le diagnostic d’HTPPE.
Le suivi moyen était de 36 mois. Quarante-cinq patients étaient perdus de vus et le taux de mortalité était de 17,3 % (106). Le diagnostic d’HTPPE était confirmé chez 10 patients. L’incidence cumulative d’HTPPE après un épisode aigu d’EP à 1, 2 et 3 ans était respectivement de 1,0 % (IC95 % 0,2 %-1,8 %), 1,3% (IC95 % 0,3 %-2,3 %) et 3,5 % (IC95 % 1,5 % 5,5 %) (Figure). Les patients présentant des varices des membres inférieurs (HR 5,48 IC95 % (1,058-28,385) avait un plus haut risque de développer une HTPPE. Ainsi, cette étude montre que l’incidence de l’HTPPE dans les suites d’une EP aiguë n’est pas négligeable. Cependant, malgré la présence de quelques grandes d’études, l’incidence est probablement sous-estimée : seuls les cas incidents d’EP aiguës sont pris en compte et nous savons que plus d’un tiers des patients d’HTPPE ne présentent pas d’antécédents d’EP aiguë symptomatique 5 Les facteurs de risques de développer une HTPPE ont déjà fait l’objet de nombreux travaux. Les conditions médicales associées et les troubles de la coagulation sont définis comme facteurs de risque de développement d’HTPPE. Il s’agit de la première étude associant insuffisance veineuse et apparition d’une HTPPE suite à une EP aiguë, mais de nombreuses autres variables confondantes et corrélées ne sont probablement pas prises en compte. Il convient donc, d’interpréter ces résultats avec prudence.
Cécile Tromeur service de pneumologie, hôpital de la Cavale Blanche, CHU de Brest
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- Klok FA, van Kralingen KW, van Dijk APJ. Prospective cardiopulmonayr screening program to detect chronic thromboembolic pulmonary hypertension in patients after acute pulmonayr embolism. Haematologica 2009 ; doi:10:3324/01896 ↩
- Becattini C. Incidence of chronic thromboembolic pulmonary hypertensionafter a first episode of pulmonary embolism. Chest 2006 ; 130 : 172-5. ↩
- Zhang S, Zhai Z, Yang Y, et al. The development of pulmonary hypertension after first episode of acute pulmonary embolism and related risk factors. Poster discussion. Congrés de European Respiratory Society, Vienne 2012. ↩
- Lang IM. Chronic thromboembolic pulmonary hypertension : not so rare after all. NEJM 2004 ; 350 : 2236-8. ↩