Relations nez/bronches dans l’asthme : STAN, un essai clinique qui dérange !

L’existence de liens entre rhinite et asthme est bien connue et repose sur de nombreux arguments épidémiologiques, cliniques et physiopathologiques. L’existence d’une atteinte chronique des voies aériennes supérieures fait classiquement partie des facteurs de risque d’asthme mal contrôlé. En conséquence, il est de pratique courante de proposer aux patients asthmatiques de traiter leur nez pour améliorer leur asthme. Cette attitude thérapeutique, communément admise, repose davantage sur des hypothèses physiopathologiques et sur quelques études épidémiologiques transversales rapportant un moindre accès aux soins des patients asthmatiques recevant un traitement de leur atteinte nasale que sur des essais thérapeutiques prospectif à long terme. Dans ce domaine la communication dimanche 19 mai au congrès de l’ATS des résultats de l’étude STAN (Asthma and nasal steroids) a jeté un sacré pavé dans la mare des « United Airways » supporters. Cet essai clinique académique (donc non financé par l’industrie pharmaceutique) a sélectionné 388 asthmatiques non contrôlés (enfants de plus de 6 ans et adultes). Le non-contrôle de l’asthme était établi par un score < 19 au test ACT ou à sa variante cACT (childhood ACT) chez l’enfant. Tous ces patients avaient une symptomatologie rhino-sinusienne confirmée par un questionnaire spécifique. Ils ont été randomisés en deux groupes, l’un recevant un placebo, l’autre une corticothérapie endonasale (mométasone 50 microg/j dans chaque narine chez l’enfant et 100 microg/j dans chaque narine chez l’adulte) pendant six mois. L’objectif principal était l’évolution du contrôle de l’asthme. Celui-ci s’est amélioré modestement au cours de l’étude dans les deux groupes sans différence significative entre le bras traité et le bras placebo. De façon non surprenante, la symptomatologie nasale et la qualité de vie spécifique liée à l’atteinte nasale se sont améliorées de façon significative dans le sous-groupe des adultes traités par corticothérapie endo-nasale mais cet effet n’était pas observé chez l’enfant. Dans le sous-groupe des enfants un effet significatif (mais tout juste, p = 0,049) a été noté sur l’amélioration du VEMS dans le groupe traité par rapport au groupe sous placebo. Toutes les autres analyses concernant les évènements liés à l’asthme ou l’évolution de la fonction ventilatoire n’ont pas mis en évidence de différence entre les deux groupes au terme des six mois.

Au total cet essai prospectif bien mené montre que prescrire une corticothérapie endonasale à un asthmatique non contrôlé porteur d’une atteinte rhinosinusienne symptomatique améliore son nez mais pas le contrôle de son asthme.

 

 

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Alain Didier, d’après la communication de L.B. Gerald (Tucson) et A.E. Dixon (Burlington), ATS 2013, session L2 « Asthma and nasal steroïds ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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© iSPLF – Mission ATS – MAI 2013

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