L’asthme professionnel est largement sous-diagnostiqué. Dans ce contexte, en décrire de façon pertinente une nouvelle étiologie par sensibilisation, ce qu’ont élégamment réussi les auteurs, demande une grande rigueur.
Un patient de 54 ans, non fumeur, n’ayant pas d’antécédent d’asthme, mais atteint d’une rhinite aux pollens de graminées, aux parfums et aux fluides de coupe, se plaignait depuis 2 ans de rhinite et de symptômes évocateurs d’asthme, plus marqués la nuit et les jours de travail, s’améliorant les jours de congés. Il exerçait une activité professionnelle d’opérateur sur machine usinant des pièces d’automobiles, et nécessitant l’utilisation d’un fluide de coupe. L’examen clinique objectivait l’absence de râle bronchopulmonaire. Sur le plan biologique, hyperéosinophilie à 750 élément/mm3, assez importante élévation du taux sérique des Ig E totales à 2048 kUI/l. L’analyse de la courbe de débits expiratoires de pointe au moyen d’un programme informatique expert objectivait une chute de ces débits les jours d’activité professionnelle. Plusieurs tests de provocation bronchique spécifique vis-à-vis de composants du fluide de coupe se sont révélés négatifs. Le test de provocation à la 4,4-méthylène-bismorpholine, biocide contenu dans le fluide de coupe, a entraîné l’apparition immédiate d’une rhinite, ainsi qu’une chute significative retardée du VEMS, et une importante augmentation de l’hyperréactivité bronchique non spécifique à la méthacholine 24 heures après le test de provocation spécifique. Les tests cutanés étaient positifs pour les pollens de graminées, les squames de chien, Cladosporium, mais aussi pour la 4,4-méthylène-bismorpholine. La démarche diagnostique remarquable suivie par les auteurs illustre différentes étapes que peut avoir à parcourir le pneumologue devant une suspicion d’asthme professionnel : recherche d’un rythme professionnel, d’un agent responsable, d’une hyperréactivité bronchique non spécifique, suivi dans certains cas de la recherche d’une hyperréactivité bronchique spécifique par réalisation de tests de provocation bronchique et mesure itératives des débits expiratoires, éventuellement recherche d’une sensibilisation en cas de suspicion de mécanisme allergique.
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Jean-Pierre L’HUILLIER, 94210 La Varenne Saint-Hilaire
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Présentation : Walters G. et al. Occupational asthma from sensitization to 4,4-methlyene-bismorpholine biocide in unused metalworking fluid (session 97, P994)
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