Prescrire une oxygénothérapie de longue durée : de nouvelles modalités

 

Si les critères de mise en route d’une oxygénothérapie de longue durée demeurent les mêmes, bien que reposant sur des études anciennes (L’étude NOTT (Nocturnal Oxygen Therapy Trial) [1] en 1980 et L’étude MRC 1981 [2], les modalités de prescription ont évolué avec l’évolution technologique des sources d’oxygène et les contraintes socio-économiques (remboursement par l’Assurance Maladie).

La CNEDiMTS (Commission Nationale d’Evaluation des Dispositifs Médicaux et des Technologies de Santé [3], a émis un rapport en avril 2012 [4] et une fiche sur le choix de la source la mieux adaptée à l’oxygénothérapie à long terme [5].

L’arrêté du 23 février 2015 paru au Journal Officiel du 27 février 2015 [6] fixe les modalités de prise en charge des dispositifs et des prestations concernant l’oxygénothérapie. Nous considèrerons ici les forfaits d’oxygénothérapie seuls, les forfaits associés découlant de ceux-ci.

Les principaux changements en un coup d’œil : >>> Télécharger le Tableau Synthétique

A retenir :

  • La qualité du prescripteur
  • Le suivi gazométrique
  • La prescription détaillée avec :
    • Le choix de la source fixe fonction du débit au repos : concentrateur pour débit ≤ 5 L/min, concentrateur pour débit > 5 et ≤ à 9L/min, O2 liquide pour O2 > 9 L/min
    • Le choix de la source mobile fonction de la durée et de la fréquence de la déambulation, du mode pulsé ou débit continu, des caractéristiques techniques de la source (en particulier pour le mode pulsé, le déclenchement, la taille, la cinétique du bolus d’O2)
  • L’introduction des concentrateurs mobiles dans la LPP (Liste des Produits et Prestations) et les différentes associations possibles entre sources fixes et mobiles ont abouti à une multitude de forfaits d’oxygénothérapie (14 rien que pour l’oxygénothérapie seule et 84 forfaits associés !)
  • Tout changement momentané de type de source d’oxygène doit faire l’objet d’une prescription
  • Les spécificités pédiatriques : prescription par pédiatre ayant une expertise en insuffisance respiratoire chronique de l’enfant, la SpO2 peut remplacer la gazométrie artérielle.

 

Enfin, le patient ne se résume pas à des chiffres.

Au test obligatoire d’effort (marche de 6’ ou épreuve fonctionnelle d’effort) qui permet de déterminer l’efficacité et le réglage de la source mobile (débit en L/min pour le mode continu ou niveau pour le mode pulsé), il faut ajouter d’autres paramètres comme le mode de vie, l’âge, le logement, et tout simplement le ressenti.

Si on considère que toutes les sources délivrent un oxygène de qualité équivalente, chacune a des avantages et des inconvénients :

  • L’oxygène liquide est silencieux et procure une grande autonomie pour les déplacements quotidiens mais il nécessite un approvisionnement régulier qui impose de prévoir ses déplacements à distance et le remplissage de la source mobile nécessite une certaine dextérité parfois peu accessible à des personnes âgées aux mains arthrosiques,
  • Les concentrateurs portables ou transportables permettent d’être indépendant de toute source d’énergie grâce à leurs batteries mais ont, pour certains, une autonomie très limitée et sont bruyants (difficilement acceptable dans une salle de cinéma ou de concert voire dans certaines réunions de travail). De plus il n’existe pas d’équivalence entre les différents modèles et leur efficacité diffère d’un patient à l’autre.
  • Le mode pulsé qui accroît l’autonomie peut s’avérer inefficace par défaut de déclenchement ou caractéristiques du bolus. La délivrance par bolus peut paraître désagréable pour certains patients (bruit, sensation d’arrivée d’air brutale).

En bref, même quand le choix de la source a répondu à tous les critères de sélection, il est parfois nécessaire, surtout en cas de mauvaise observance, de revoir avec le patient et son prestataire d’autres possibilités en n’oubliant pas que toute modification doit faire l’objet d’une nouvelle prescription.

 

Dr Sylvie Rouault pour le groupe GAV

 

ANNEXE I Modèle prescription

 

Références

1         Nocturnal Oxygen Therapy Trial Group: Continuous or nocturnal oxygen therapy in hypoxemic chronic obstructive lung disease: a clinical trial.

Ann Intern Med 1980; 93: 391-8

2         Long term domiciliary oxygen therapy in chronic hypoxic cor pulmonale complicating chronic bronchitis and emphysema. Report of the Medical Research Council Working Party.

Lancet 1981; 1: 681-6

3          http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_412130/fr/la-commission-nationale-d-evaluation-des-dispositifs-medicaux-et-des-technologies-de-sante

4          http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-01/rapport_oxygenotherapie.pdf

5          http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-07/oxygenotherapie_-_fiche_buts.pdf

6          http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000030289820

 

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