hypertension pulmonaire

Quel impact de l’observance thérapeutique sur la prise en charge des patients atteints d’hypertension pulmonaire ?

En tant que cliniciens, nous sommes régulièrement confrontés à des patients ne respectant pas scrupuleusement nos prescriptions et recommandations. La non-observance thérapeutique peut être liée à différents facteurs parmi lesquels un défaut de communication, de compréhension, un déni ou encore la difficulté d’accès aux soins. Dans ce travail présenté par E.W. Robbins (Providence, Etats-Unis), les auteurs ont cherché à évaluer l’impact de la non-observance sur la survie et le pronostic des patients atteints d’hypertension pulmonaire.

Cette étude a été menée au sein de l’association de patients américains atteints d’hypertension pulmonaire (PHAR : Pulmonary Hypertension Association Registry). Afin d’évaluer l’observance thérapeutique, les patients étaient interrogés sur leur observance à chaque visite de suivi. Parmi les 1549 évalués, 87% avaient une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et 13% une hypertension pulmonaire thrombo-embolique chronique (HTP-TEC). Deux-cent cinquante-quatre patients (6.1%) ont déclaré une mauvaise observance des traitements prescrits. Les facteurs prédictifs de non-observance thérapeutique étaient le sexe masculin, les facteurs socio-économiques (pauvreté, Medicaid, l’absence d’assurance santé, et de travail). En revanche, l’observance aux traitements n’avait pas de lien avec le niveau d’éducation. Aucun lien entre observance thérapeutique et survie n’a été identifié dans cette étude, mais la non-observance était associée à une augmentation du nombre de consultations et d’hospitalisations en urgence. De plus, la qualité de vie évaluée par les scores SF-12 et Emphasis-10 était plus altérée chez les patients reportant une mauvaise observance thérapeutique.

Bien que le taux déclaré par les patients de non-observance thérapeutique soit faible, il était associé à une augmentation de nombre d’hospitalisations et une diminution de la qualité de vie. Cette étude souligne l’importance d’optimiser l’observance thérapeutique, notamment en renforçant l’éducation thérapeutique et l’accès aux soins.


Athénaïs Boucly, Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Thoraciques, Hôpital de Bicêtre,Assistance Publique Hôpitaux de Paris, 78, rue du Général Leclerc, 94270 Le Kremlin Bicêtre

D’après la communication de Robbins E.W. Medication non-adherence and health related outcomes in patients with pulmonary arterial hypertension: the Pulmonary Hypertension Association Registry (PHAR),Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A1186 (session A26)

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La nouvelle définition hémodynamique de l’hypertension pulmonaire (HTP) appliquée au diagnostic d’HTP dans la sclérodermie systémique

Cette communication orale a présenté l’application des nouvelles définitions hémodynamiques de l’hypertension pulmonaire (HTP) à une cohorte de patients sclérodermiques explorés pour suspicion d’HTP.

Dans les nouvelles recommandations ESC/ERS sur l’hypertension pulmonaire, publiées en septembre 2022 dans l’European Respiratory Journal 1, un seuil de pression artérielle pulmonaire moyenne (PAPm) de 20mmHg définit désormais une HTP et un seuil de résistances vasculaires pulmonaires (RVP) de 2 UW intègre la définition de l’HTP précapillaire. Ainsi, l’HTP précapillaire est définie par une HTP avec PAPO normale ≤ 15 mmHg et RVP élevées > 2UW.

L’équipe de Sheffield a appliqué ces nouvelles définitions à une cohorte de 914 patients ayant une sclérodermie systémique et explorés pour une suspicion d’HTP, identifiés à partir du registre ASPIRE. Sur les 841 cathétérismes cardiaques droits réalisés, 740 avaient une HTP selon la nouvelle définition (PAPm > 20mmHg) et parmi ceux-là, 654 avaient une PAPO ≤ 15 mmHg. Parmi les patients ayant une PAPm ≥ 25mmHg, l’utilisation d’un seuil de RVP de 2 UW au lieu de 3 UW pour les RVP, permettait d’identifier 64 patients supplémentaires par rapport à l’ancienne définition. Pour les patients ayant une PAPm entre 20 et 25 mmHg, garder un seuil de RVP > 3UW ne permettait d’identifier que 12 patients supplémentaires, tandis que l’association à un seuil de RVP> 2UW identifiait 42 patients. Une analyse en courbe ROC montrait que le meilleur seuil de RVP associé au risque de mortalité à 5 ans chez les patients ayant une PAPm entre 21 et 24 mmHg était de 2,3 UW. Vingt-quatre pourcent des patients avec PAPm > 20mmHg et PVR entre 2 et 3 UW progressaient à la réévaluation vers les critères de l’ancienne définition (PAPm > 25mmHg, PVR > 3 UW), tandis que seuls 2% des patients avec PAPm ≤ 20mmHg présentaient cette évolution à la réévaluation.

Ce travail montre que la réduction du seuil de PAPm à 20mmHg n’identifie qu’un petit nombre de patients supplémentaires avec HTP pré-capillaire s’il est utilisé seul, mais que l’association du critère de RVP > 2UW permet d’en identifier beaucoup plus. Les patients avec RVP entre 2 et 3 UW ont un pronostic similaire à celui des patients avec RVP entre 3 et 4 UW et s’aggravent au plan hémodynamique bien plus fréquemment que les patients avec RVP inférieures à 2 UW. Ces données confortent l’utilisation de la nouvelle définition hémodynamique de l’HTP pré-capillaire, afin d’identifier précocement les patients ayant une HTP pré-capillaire débutante, notamment dans la sclérodermie. Des études thérapeutiques ciblant les patients ayant cette nouvelle définition hémodynamique sont maintenant nécessaires pour déterminer l’effet des traitements de l’HTAP chez ces patients.  

Étienne-Marie-Jutant, Service de pneumologie, CHU de Poitiers


D’après la communication OA2277 “New diagnostic criteria and PVR thresholds in SSc-associated PH: Insights from the ASPIRE registry” présentée par Robin Condliffe (Sheffield, Royaume-Uni); Session 274 “New diagnostic criteria and PVR thresholds in SSc-associated PH: Insights from the ASPIRE registry

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Nouvelles recommandations ESC/ERS sur l’hypertension pulmonaire

La présentation des nouvelles recommandations ESC/ERS sur l’hypertension pulmonaire, publiées en septembre 2022 dans l’European Respiratory Journal 1, constitue l’événement de ce congrès de l’ERS dans le domaine des maladies vasculaires pulmonaires. Cette session présentait les principales nouveautés des nouvelles guidelines.

Les recommandations proposent de nouvelles définitions hémodynamiques, ainsi qu’une classification clinique des hypertensions pulmonaires (HTP). Un seuil de pression artérielle pulmonaire moyenne (PAPm) de 20mmHg définit désormais une HTP, et un seuil de résistances vasculaires pulmonaires (RVP) de 2WU intègre la définition de l’HTP précapillaire, dans le but de diagnostiquer de façon précoce les HTP débutantes. L’HTP précapillaire est définie par une PAPO normale ≤ 15 mmHg et des RVP élevées > 2WU, alors que l’HTP post-capillaire est définie par une PAPO élevée > 15 mmHg. Cette dernière peut être isolée, avec des RVP normales ≤ 2WU, ou associée à une participation précapillaire (« HTP combinée ») en cas de RVP élevées > 2 WU. L’HTP d’exercice, qui n’était pas définie dans les précédentes recommandations réintègre les nouvelles recommandations et est définie par une pente PAPm/débit cardiaque > 3 mmHg/L/min entre les mesures de repos et d’exercice mesurées lors d’un cathétérisme cardiaque droit.

Une classification clinique de l’HTP en 5 groupes

La classification de l’HTP reste une classification « clinique » en 5 groupes ayant pour objectif de regrouper des étiologies proches en termes de présentation clinique et de mécanismes physiopathologiques, afin d’établir des stratégies thérapeutiques communes. Parmi les nouveautés intégrées depuis les dernières recommandations, on identifie désormais deux sous-groupes d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) idiopathique selon la réponse au test de vasodilatation et la maladie veino-occlusive pulmonaire est intégrée au sein des HTAP. Parmi les HTP du groupe 3, l’hypoventilation alvéolaire reste une cause d’HTP mais les troubles respiratoires du sommeil ne sont plus considérés comme une cause isolée d’HTP. L’objectif de la stratégie diagnostique est la détection la plus précoce possible de l’HTP et l’orientation rapide des patients à haut risque vers les centres de référence.

Des nouveautés dans la prise en charge

L’une d’elle est la prise en compte dans le choix de la stratégie thérapeutique de la présence ou non de comorbidités cardio-pulmonaires, ce qui peut conduire à prescrire une monothérapie en première intention en cas de comorbidités sévères. Un autre point important est la stratification en risque de mortalité, en utilisant la stratification en 3 strates de risque au diagnostic et en 4 strates à la réévaluation. Ainsi, les patients restant à risque intermédiaire haut ou à haut risque à la réévaluation doivent être traités par prostacycline IV ou sous-cutanées et avoir une évaluation pour la transplantation pulmonaire. Certains seuils pour définir la classe de risque ont été modifiés et les données d’IRM cardiaque ainsi que le calcul du stroke volume index ont intégré les critères de risque.

Situations cliniques particulières

Les recommandations ont aussi cherché à répondre à 4 questions importantes formulées selon le format PICO :

  1. Une bithérapie orale initiale ou une monothérapie doit-elle être utilisée chez les patients avec HTAP symptomatique ? Chez les patients avec HTAP idiopathique, héritable ou associée à la prise de médicaments, et à risque faible ou intermédiaire de mortalité, une bithérapie initiale combinant un inhibiteur de phosphodiestérase 5 (iPDE5) et un antagoniste de récepteur de l’endothéline est recommandée.
  2. Les iPDE5 doivent-ils être prescrits chez les patients avec HTP combinée post et pré-capillaire due à une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée ? Les experts ont choisi de ne pas faire de recommandation dans les formes combinées, mais de rappeler que l’utilisation des iPDE5 n’est pas recommandée dans les HTP post-capillaires isolées.
  3. Les iPDE5 doivent-ils être prescrits chez les patients ayant une HTP sévère associée à une pneumopathie interstitielle diffuse ? Leur utilisation peut être discutée en cas d’HTP sévère, en centre expert mais leur prescription n’est pas recommandée dans les HTP non sévères.
  4. Les patients avec une HTP thromboembolique chronique non opérables mais candidats à l’angioplastie pulmonaire doivent-ils recevoir un traitement médical avant la procédure ? Un traitement médical spécifique peut dans ce cas être envisagé avant de réaliser les angioplasties pulmonaires.

Enfin, la définition et le rôle d’un centre expert en HTP ont été redéfinis clairement dans ces recommandations.

Étienne-Marie-Jutant, Service de pneumologie, CHU de Poitiers


D’après les communications 2973 « ERS/ESC guidelines on pulmonary hypertension: clinical approach and changes from the previous Guidelines » de Marius Hoeper (Hannovre, Allemagne) et 2974 « Treatment options and recommendations », de Marion Delcroix (Louvain, Belgique) ; Session 343 « Respiratory medicine meets other disciplines: Update on the diagnosis and treatment of pulmonary hypertension». ERS/ESC guidelines on pulmonary hypertension 2022

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Données à long terme du sotatercept dans l’HTAP


Le remodelage vasculaire pulmonaire observé dans l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) résulte d’un déséquilibre des voies de signalisation anti-prolifératives (voie BMPR2) et pro-prolifératives (voie du TGF-β). Le sotatercept est une biothérapie qui a la propriété de bloquer la voie de signalisation du TGF-β, permettant ainsi de restaurer l’équilibre entre ces deux voies et de diminuer le remodelage vasculaire pulmonaire. Les premières données d’efficacité de cette molécule dans l’HTAP étaient très encourageantes (étude PULSAR publiée dans le NEJM en 2021). Les données d’extension à long terme du sotatercept dans l’HTAP ont été présentées au cours d’une session de communications orales.

Il s’agit de la phase d’extension de l’étude PULSAR, un essai randomisé de phase II, contrôlé contre placebo, évaluant l’efficacité et la sécurité du sotatercept administré par voie sous-cutanée, toutes les 3 semaines, chez des patients recevant déjà un traitement de l’HTAP (en mono-, bi- ou trithérapie). Cent-six patients ont été inclus dans cette étude, dont un tiers recevant une trithérapie avec une prostacycline parentérale. L’étude PULSAR était positive sur le critère de jugement principal évalué à la semaine 24 (baisse des résistances vasculaires pulmonaires), avec un effet dose dépendant. Quatre-vingt-dix-sept patients ont complété la phase d’extension. Les patients recevant le placebo lors de la phase initiale de l’étude étaient randomisés pour cette phase d’extension en deux groupes correspondant aux deux dosages du sotatercept (0,3 et 0,7 mg/kg).

Une amélioration significative de la classe fonctionnelle, du test de marche de 6 minutes et des résistances vasculaires pulmonaires était observée chez les patients recevant le placebo au cours de la phase initiale puis le sotatercept dans la phase d’extension. Les patients traités depuis le début de l’étude par sotatercept maintenaient ou poursuivaient l’amélioration de ces variables à long terme (18-24 mois). Quatre-vingt-dix pourcents des patients recevant le sotatercept étaient en classe fonctionnelle I ou II à la fin de l’étude. Il est intéressant de souligner que les données d’efficacité à long terme étaient similaires dans les deux groupes (sotatercept et placebo puis sotatercept). Quel que soit le dosage administré, le sotatercept était bien toléré. Dix patients sont sortis de l’étude en raison d’effets secondaires du traitement, principalement des thrombocytopénies sans saignement extériorisé et des augmentations de l’hémoglobine (de 1 à 2 g/dL sans effet secondaire thrombotique) dans le bras sotatercept. Des télangiectasies ont été rapportées chez 11 patients. Trois décès, non attribuables au sotatercept, ont été rapportés au cours de la phase d’extension.

Cette phase d’extension de l’étude PULSAR confirme les résultats très prometteurs du sotatercept dans l’HTAP chez des patients préalablement traités en mono-bi ou trithérapie.

Athénaïs Boucly , Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Thoraciques, Hôpital de Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre


D’après la session A96 – Giants stadium: treatments and trials in pulmonary hypertension, Abstract A2150, M. Humbert et al.

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