Asthme sévère : deux phénotypes de plus

U-BIOPRED (Unbiased BIOmarkers in PREDiction of respiratory disease outcomes) est un consortium européen regroupant des représentants académiques et industriels autour d’un projet de recherche de grande ampleur qui vise notamment à mieux connaître les différents types d’asthme pour proposer un meilleur diagnostic et un traitement plus personnalisé aux patients. Il s’agit évidemment d’une mine d’informations pour les cliniciens, qui ont pu recueillir en avant-première des résultats provenant de deux analyses de ce consortium.

Ainsi, K.F. Chung (Londres, Royaume-Uni) et al. ont présenté les données provenant de 372 asthmatiques sévères dont 165 (44 %) recevaient des corticoïdes oraux au long cours. Originalité de ce travail, les fumeurs et anciens fumeurs pouvaient être inclus. En comparant les patients traités ou non par corticoïdes oraux au long cours, les auteurs ont retrouvé significativement plus de polypes nasaux dans le groupe corticoïdes (48,1 %) que dans le groupe sans corticoïdes oraux (24,5 %) (p = 0,0003). En revanche, il y avait moins de fumeurs actifs parmi les patients recevant des corticoïdes oraux (4,2 % vs 13,5 %, p = 0,007). Sans surprise, le NO mesuré dans l’air expiré était plus élevé dans le groupe corticoïdes (31 ppm vs 22 ppm, p < 0,0001). Plus intéressante est la constatation du fait que les patients traités par corticoïdes au long cours avaient certes un pourcentage d’éosinophiles plus élevé dans les expectorations mais plus bas dans le sang. De même, l’expression du gène codant pour la périostine restait plus élevée dans les biopsies bronchiques des patients traités par corticoïdes au long cours, tout comme celle de la FK506 binding protein 5, marqueur d’utilisation des corticoïdes oraux. La constatation d’une activité restant importante pour la périostine dans les bronches des patients traités par corticoïdes oraux pourrait donc s’avérer être un marqueur d’insensibilité aux corticoïdes dans l’asthme sévère. D’après les auteurs, un essai de corticoïdes à fortes doses permettrait peut-être de valider, chez certains patients, la signification de ces endotypes.

P.P. Hekking (Amsterdam, Pays-Bas) et al. ont quant à eux étudié, toujours dans une cohorte d’asthme sévère, 162 patients dont l’asthme s’est révélé à l’âge adulte et 105 dont l’asthme s’est manifesté dès l’enfance. Dans leur analyse multivariée, le fait d’avoir déjà fumé ou d’être toujours fumeur était significativement associé au développement d’un asthme sévère à l’âge adulte avec un odds ratio à 5,15 (IC 95 % : 1,33-19,88 ; p = 0,02). De même, un pourcentage plus élevé d’éosinophiles dans les expectorations était associé à l’asthme révélé à l’âge adulte avec un odds ratio à 1,04 (IC 95 % : 1,00-1,08 ; = 0,05). Le phénotype d’asthme sévère révélé à l’âge adulte commence donc à être mieux individualisé, ce qui devrait déboucher sur des propositions thérapeutiques différentes de celles proposées aux patients dont l’asthme se manifeste depuis l’enfance.

 

 

 

[hr]

François-Xavier Blanc d’après les communications de : K.F. Chung (Londres, Royaume-Uni) et al.  : Publication A2424 : Severe asthma patients on oral corticosteroid therapy as a distinct phenotype : the European U-BIOPRED cohort. Session B13 : Mechanisms and treatment considerations for severe asthma. et P.P. Hekking (Amsterdam, Pays-Bas) et al. : Publication A3697 : Prevalence and phenotypic characteristics of severe adult-onset asthma in the U-BIOPRED cohort. Session B101 : asthma pathogenesis.

    

[hr] [themify_button style=”blue  rounded” color=”#0080FF” link=”https://splf.fr/en-direct-de-lats-2014/” text=”#1B0A2A” ]Retour au sommaire[/themify_button]

© iSPLF – Mission ATS – MAI 2014

 

Asthme sévère : deux phénotypes de plus Lire la suite »