La polyneuromyopathie de réanimation est une pathologie fréquente aux conséquences délétères. Il n’existe à ce jour aucun outil permettant de la prévenir. La stimulation électrique des muscles locomoteurs pourrait offrir une perspective intéressante.
En réanimation, 25 à 50 % des patients développent une polyneuromyopathie, qui représente une source de handicap et prolonge la durée du séjour. Les principaux facteurs de risque de la polyneuromyopathie de réanimation sont la sévérité à l’admission, le sepsis, l’immobilisation ainsi que diverses thérapeutiques médicamenteuses comme les corticostéroïdes. À ce jour, il n’existe pas d’outil permettant de prévenir cette pathologie. La stimulation électrique des muscles, qui est utilisée depuis de nombreuses années en rééducation fonctionnelle et permet de prévenir l’atrophie d’un membre immobilisé, pourrait trouver ici une indication intéressante. Gerovasili, et al. (Athènes, Grèce) ont réalisé une étude randomisée contrôlée visant à évaluer le bénéfice d’une séance quotidienne (45 minutes) de stimulation électrique des muscles vastes interne et externe, débutée quatre à sept jours après l’admission en réanimation.
Au total, 140 patients ont été inclus, 68 dans le groupe Stimulation électrique et 72 dans le groupe Contrôle (absence de stimulation placebo). Une polyneuromyopathie de réanimation était retrouvée chez trois patients du groupe Stimulation électrique et chez onze patients du groupe Contrôle (p < 0,05). La force musculaire était supérieure chez les patients du groupe Stimulation électrique. En revanche, la stimulation électrique ne s’accompagnait pas d’une réduction significative de la durée de ventilation mécanique ni de séjour.
Il s’agit donc de résultats encourageants nécessitant d’être confirmés par une étude multicentrique à la méthodologie plus rigoureuse (stimulation « placebo »).
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Rédaction : Alexandre Demoule, service de pneumologie et réanimation médicale, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris. ATS session C94 — 5 randomized controlled trials in critical care medicine, communication : Am J Respir Crit Care Med 181 ; 2010 : A5099.
L’auteur déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt relatif à l’exposé présenté, mai 2010.
Source : American Thoracic Society International Conference, Louisiane, Nouvelle-Orléans, États-Unis 14-19 mai 2010. Le contenu de ces comptes rendus a été réalisé sous la seule responsabilité de leurs auteurs garants de l’objectivité des données et de leur présentation.
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