Des équipes américaines ont mis au point à l’aide d’un programme d’intelligence artificielle un test moléculaire (Envisia genomic classifier) permettant de différencier la pneumopathie intersitielle commune (PIC) d’une autre pneumopathie interstitielle diffuse fibrosante (non-PIC) à partir de biopsies pulmonaires transbronchiques.
Le but de ce test est de reconnaître une PIC par un test moléculaire lorsque le scanner montre un aspect soit de PIC probable, soit indéterminé et même lorsqu’il évoque un autre diagnostic. Ce test moléculaire a été mis au point à partir du séquençage haut débit de l’ARN de biopsies transbronchiques de patients ayant une PIC versus des patients contrôles dans le cadre de l’étude BRAVE (BRonchial sAmple collection for a noVel gEnomic test). Une première publication parue en 2017 1 donne cependant peu de détails sur les contrôles utilisés, mais insiste sur une bonne reproductibilité des résultats. Les voies physiopathologiques impliquées dans la caractérisation de la PIC par ce test ne sont par ailleurs pas explicitées.
Les résultats d’une étude de validation de ce test, également publiés dans The Lancet Respiratory Medicine, 2 ont été présentés ce dernier jour du congrès. Le but est d’évaluer la performance clinique du test par rapport à l’histopathologie standard pour le diagnostic de fibrose pulmonaire idiopathique au cours d’une discussion multidisciplinaire (DMD) chez des patients ayant une PID idiopathique et un scanner ne montrant pas une PIC. Quatre-vingt-quatorze patients, ayant eu une biopsie pulmonaire chirurgicale ou une cryobiopsie et le test Envisia ont été sélectionnés de la banque de données BRAVE. Parmi ces patients, la moitié a une maladie inclassable sur l’anatomopathologie. Deux DMD ont été constituées et ont revu chacune, de façon aléatoire, la moitié des dossiers avec le résultat de l’anatomopathologie (relecture centralisée) et l’autre moitié des dossiers avec les résultats du test Envisia (résultat binaire PIC ou non-PIC) mais sans résultat anatomopathologique. De façon à ce que, pour chaque cas, un diagnostic soit posé de façon indépendante soit avec le résultat de l’anatomopathologie, soit avec le résultat du test moléculaire. Sur 94 patients, la proportion de diagnostics confiants est très comparable entre Envisia (55 %) et l’anatomopathologie (52 %). Les résultats montrent une spécificité et une sensibilité du test moléculaire respectivement de 88 et 70 %.
Les auteurs pensent qu’il peut avoir une place dans l’algorithme diagnostique chez les patients ayant une PID idiopathique et un scanner non diagnostique de PIC, afin de ne réaliser une biopsie pulmonaire que chez les patients pour lequel le test est négatif (non-PIC). Une étude longitudinale est encore en cours pour préciser ces données et la validité de ce test qui n’est pour l’instant disponible qu’aux États Unis.
[hr]Diane Bouvry, service de pneumologie, hôpital Avicenne Bobigny
D’après Flaherty KR. Am J Crit Care Med199: A5837
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© iSPLF – Mission ATS – MAI 2019
- Choi Y, Lu J, Hu Z, et al. Analytical performance of Envisia: a genomic classifier for usual interstitial pneumonia. BMC Pulm Med 2017;17:141. doi:10.1186/s12890-017-0485-4. ↩
- Raghu G, Flaherty KR, Lederer DJ, et al. Use of a molecular classifier to identify usual interstitial pneumonia in conventional transbronchial lung biopsy samples: a prospective validation study. Lancet Respir Med 2019. doi:10.1016/S2213-2600(19)30059-1. ↩