Echographie diaphragmatique en continu : quel intérêt pour prédire le résultat du sevrage de la ventilation mécanique ?

Chez les patients sous ventilation mécanique invasive (VMI), la dysfonction diaphragmatique est associée à un risque plus élevé d’échec du sevrage de la VMI. Les études échographiques ont montré qu’une diminution de l’excursion du diaphragme (ED) en début d’épreuve de sevrage en ventilation spontanée (SBT) pouvait permettre d’identifier les patients présentant un risque d’échec de sevrage ou d’extubation. Le DXT® (Respinor, Norvège) est un nouveau dispositif échographique qui permet un monitorage continu de la mobilisation diaphragmatique.

L’objectif de l’étude a donc été d’évaluer si l’ED mesurée avec le DXT® permettait d’identifier les patients présentant un risque accru d’échec du sevrage de la VMI et de l’extubation. Les données de deux études prospectives multinationales, menées en aveugle dans 8 hôpitaux européens (DE-RISK WF et DE-RISK WF II), ont été regroupées pour cette analyse. Etaient inclus les patients sous VMI répondant aux critères de SBT avec mesures continues de l’ED pendant la 2ème minute de la première SBT. Le critère principal de jugement (CPJ) était représenté par l’échec du sevrage (échec de la SBT ou réintubation dans les 48 heures suivant l’extubation) et le critère secondaire par le taux d’échec d’extubation (réintubation dans les 48 heures post-extubation). La dysfonction diaphragmatique était définie comme une ED <1,1 cm (étude DE RISK WF I) ou <1,0 cm (DE-RISK WF II) pour le CPJ et comme une ED <1,1 cm pour le critère secondaire. L’hypothèse était que les patients dont l’ED était inférieure au seuil prédéfini auraient un taux significativement plus élevé d’échec de sevrage et/ou d’extubation. Trois cent quatre patients ont été inclus dont 73 patients ont échoué leur SBT. Sur les 231 patients ayant réussi leur SBT, 182 ont été extubés le même jour et, parmi eux, 17 ont été réintubés dans les 48 heures. Le taux d’échec du sevrage était de 43 %. L’ED était de 1,6 cm chez les patients ayant réussi le sevrage et de 1,5 cm chez ceux ayant échoué (p=0,235). Un dysfonctionnement du diaphragme (ED <1,1 ou 1,0 cm selon l’étude initiale) était observé chez 44 % des patients ayant réussi leur sevrage et chez 45 % des patients ayant échoué (p=0,906), soit un risque relatif de 1,0 (IC95 % : 0,8-1,3 ; p=0,906) pour l’échec du sevrage. Le taux d’échec d’extubation était de 9 %. L’ED était de 1,4 cm chez les patients ayant réussi l’extubation et de 0,8 cm chez ceux ayant échoué (p<0,001). Une dysfonction diaphragmatique (ED <1,1 cm) était observée chez 44 % des patients ayant réussi l’extubation et 88 % des patients ayant échoué (p=0,0004), soit un risque relatif de 8,2 (IC95 % : 1,9-35,1 ; p=0,004) pour l’échec de l’extubation. Aucun effet indésirable du dispositif n’a été observé.

La surveillance continue de l’ED avec le DXT® pendant l’épreuve SBT ne permet donc pas de prédire l’échec de sevrage mais peut permettre d’identifier les patients à risque accru d’échec de l’extubation.

D’après la communication de Demoule A., et al. Continuous diaphragm monitoring during the spontaneous breathing trial identifies patients at increased risk of extubation failure. Am J Respir Crit Care Med 2024; 209: A4809. Session B103.

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