Le Dr Storme a présenté de nouvelles données de l’étude DEP’K80 sur les caractéristiques des nodules pulmonaires détectés par scanner thoracique faible dose dans le dépistage du cancer du poumon en France. Ces résultats mettent en lumière l’importance de la taille, du nombre et de la localisation des nodules pour évaluer le risque de malignité.
L’étude DEP’K80 est la première en France à évaluer la faisabilité et l’efficacité du dépistage du cancer pulmonaire par scanner thoracique faible dose en conditions de vie réelle. Réalisée entre 2016 et 2020 dans le département de la Somme, cette étude multicentrique a inclus 1 369 participants à risque (fumeurs ou ex-fumeurs (<15ans) âgés de 55 à 74 ans, ≥30 paquets-années). Parmi eux, 1 029 ont réalisé un scanner à l’inclusion, avec un taux global de positivité de 5,3% à T0, 4,5% à T1, et 1,3% à T2. Au final, 43 cancers ont été diagnostiqués, correspondant à une incidence cumulée de 2,5% après trois tours de dépistage. Les données concernant les caractéristiques des nodules n’étaient pas encore présentées.
La localisation dans les lobes supérieurs, l’aspect mixte et la taille >10 mm associés à un risque accru de malignité
Dans l’étude DEP’K80, 1 050 nodules ont été détecté chez 408 patients (prévalence de nodules de 29,8%). Il s’agissait principalement de nodules solides (86,4%), situés dans les lobes supérieurs (45%) et mesurant entre 5-10mm (46,9%) – 10,6 % mesuraient plus de 10 mm.
L’analyse univariée a montré que les nodules isolés dans les lobes supérieurs, les nodules avec un aspect mixte, et ceux mesurant plus de 10 mm étaient associés à un risque accru de malignité. En analyse multivariée, la taille des nodules (>10 mm) était un facteur prédictif indépendant de malignité (OR : 17,75; p < 0,001), tout comme l’aspect mixte des nodules (OR : 3,02; p=0,019). À l’inverse, la présence de nodules multiples était associée à la bénignité (OR : 0,57; p=0,018).
Ces résultats sont comparables à ceux d’autres études européennes de dépistage, avec une prévalence de détection des nodules de 26,9 % dans l’étude NLST et de 30,3% dans l’étude ITALUNG.
En conclusion
Cette étude confirme que les nodules isolés de plus de 10 mm, en particulier ceux situés dans les lobes supérieurs, présentent un risque accru de malignité et nécessitent une évaluation diagnostique rigoureuse chez ces patients.
Ces données appellent à développer des protocoles de suivi et des outils de stratification des risques pour le dépistage du cancer pulmonaire par scanner low dose.
Vincent Fallet, service de pneumologie hôpital Tenon Paris, Paris
D’après la présentation orale OA4678 “Characteristics of lung nodules detected by low-dose CT scan: results from the French lung cancer screening study DEP KP80” de Nicolas Storme (FLUY, France) et coll. Session 446 “Extending from lung cancer screening to diagnostics and further” du mardi 10 septembre 2024.