L’effet PEP obtenu par l’expiration à lèvres pincées chez les patients porteurs d’emphysème avec hyperinflation dynamique est naturellement recherché par ces patients dyspnéiques à l’effort. Régulièrement, des dispositifs permettant de mimer cet effet ou de le faciliter sont présentés dans les différents congrès. Nous rapportons ici 2 communications portant sur un dispositif de PEP oscillante (oPEP).
Une équipe néerlandaise a rapporté une étude sur la sécrétion bronchique chez des BPCO utilisant un appareil d’oPEP (Aerobika®, Trudell Medical International, London, Canada) pendant 3 mois, sans différence entre le groupe utilisant l’appareil et celui équipé d’un appareil placebo sur la toux, les exacerbations et la fonction respiratoire, avec probablement un manque de puissance lié au nombre de patients (124 au total) et surtout la durée de l’étude (3 mois).
L’équipe de Zafar a présenté un dispositif ayant l’avantage non négligeable de pouvoir être mis dans la bouche comme un sifflet et utilisé aussi bien au repos qu’à l’effort. Cette équipe a récemment publié dans Chest un cas pour lequel la PEP générée par ce dispositif ralentissait la fréquence respiratoire en augmentant le temps expiratoire, améliorait la tolérance à l’effort et diminuait les désaturations à l’effort. Elle montre ici ses résultats sur 32 patients porteurs de BPCO, non oxygéno-dépendants, présentant une dyspnée à l’exercice ou une désaturation sur le test de marche. Les patients étaient évalués après un test de marche de 6 minutes avec l’oPEP (PEP entre 7 et 10 cmH20) puis étaient incités à le porter pendant leurs activités durant 2 semaines, avec évaluation à l’issue de la dyspnée et de la qualité de vie.
Les auteurs identifient 23 répondeurs (71,8%) qui sont les plus sévères sur le VEMS (VEMS moyen 40,4% versus 56,5%, p=0,009), la dyspnée (SOBQ [shortness of breath questionnaire] 58 versus 39, p=0,12 et le Borg – 0,39 versus + 0,44, p=0,04). Un tiers des patients présentant une désaturation à l’effort (5/14 soit 35,7%) avait une réponse significative sur celle-ci, (nadir de la désaturation ≥ 88% et augmentation du nadir ≥ 4%) avec une réponse significative concomitante sur la dyspnée. Les patients trouvaient le dispositif facile à porter, avant, pendant et après l’exercice, avec toutefois une accumulation de salive possible lors d’une utilisation prolongée.
Les effets d’une PEP à l’effort chez les patients BPCO sont suggérés depuis de nombreuses années. Les appareils utilisés jusque-là étaient souvent plus lourds et moins discrets. Ils n’ont d’ailleurs pas eu de suite dans la pratique courante. De tels dispositifs pourraient donc devenir facilement un traitement d’appoint dans l’arsenal thérapeutique des BPCO, notamment pour améliorer la tolérance à l’effort et ainsi faciliter des exercices plus conséquents. Il faudrait bien sûr des études de plus large ampleur, multicentriques et idéalement en aveugle pour confirmer tout cela.
Sandrine Pontier-Marchandise, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, Toulouse
D’après les communications de
Cattran A et al. Improving exertional dyspnea and desaturation with a novel PEP device in patients with COPD. Am J Respir Crit Care Med 2022 ; 205 : A2135
Van Es MJ et al. The use of oscillating positive expiratory pressure (oPEP) therapy in patients with COPD or chronic bronchitis with excess mucus secretion : a randomized controlled trial. Am J Respir Crit Care Med 2022 ; 205 : A 2136
D’après la session A94 – Innovations in COPD Management