Bientôt un traitement endoscopique pour la bronchite chronique ?


La bronchite chronique est associée à une inflammation chronique, une obstruction des bronchioles par un mucus épais, visqueux et une clairance muco ciliaire altérée entrainant des infections respiratoires à répétition. Tout ceci est expliqué, en partie, par la présence de cellules caliciformes en plus grande proportion et un excès de mucines 1. Les thérapeutiques disponibles actuellement restent limitées.

Cette année, 2 techniques endoscopiques ont été présentées. La première, un cryospray (système RejuvenAir) délivre de petites doses mesurées de froid (-196°C) ayant pour but de geler instantanément la surface des voies respiratoires endommagées. La matrice extracellulaire reste intacte et permet un développement de cellules saines. Une étude de faisabilité prospective a été réalisée en 2020 2 sur 35 patients BPCO (GOLD 2-3). Les patients bénéficiaient de 3 endoscopies à 30 jours d’écart (durée moyenne 34,3+/-12,1 minutes) et un suivi était ensuite réalisé jusqu’à 12mois. Les résultats étaient encourageants avec une amélioration de la qualité de vie (SGRQ) et des symptômes respiratoires (CAT, Leicester Cough Quest). Il n’y avait cependant pas d’amélioration significative du test de marche de 6 minutes ni de la dyspnée mMRC. On notait 14 évènements indésirables graves à 12 mois (6 exacerbations, 2 pneumonies), tous d’évolution favorable.

La seconde, nommée « rhéoplastie bronchique » utilise un cathéter endobronchique pour appliquer des champs électriques pulsés non thermiques sur les voies respiratoires. L’objectif est également de diminuer la proportion de cellules caliciformes tout en préservant la matrice extracellulaire. Elle nécessite 2 interventions sur l’ensemble de l’arbre bronchique à 1 mois d’écart. Une réduction de 39% de la production de mucus a été observée (p<0,001) 3 ainsi qu’une réduction du taux d’exacerbation à 1 an et une amélioration des symptômes respiratoires 4 Enfin, Siurba et al présenteront à l’ERS 2022 les données à 2 ans chez 21 patients traités par cette technique aux Etats-Unis. Les premiers résultats montrent une baisse de 31% des exacerbations de BPCO modérées à sévères, une diminution moyenne du CAT de 5 +/- 6,8 points (p=0,01) et du SGRQ de 10,4 +/- 19 points (p=0,04). Les paramètres spirométriques sont quant à eux stables.

Ces techniques pourraient donc améliorer la qualité de vie des patients symptomatiques mais ont été réalisées sur de petits effectifs avec une population très sélectionnée. D’autres essais sont nécessaires avant d’envisager la mise en place en pratique courante.

Marina Gueçamburu, Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux


D’après la communication orale de V. Kim. The airways: The potential of bronchoscopic interventions in chronic bronchitis. Session C82 : Chronic bronchitis: biologic underpinnings, clinical implications and therapeutic opportunities

  1. Kim V, Jeong S, Zhao H, Kesimer M, Boucher RC, Wells JM, et al. Current smoking with or without chronic bronchitis is independently associated with goblet cell hyperplasia in healthy smokers and COPD subjects. Sci Rep. 2020;10:20133.
  2. Garner JL, Shaipanich T, Hartman JE, Orton CM, Caneja C, Klooster K, et al. A prospective safety and feasibility study of metered cryospray for patients with chronic bronchitis in COPD. Eur Respir J. 2020;56(6):2000556.
  3. Valipour A, Fernandez-Bussy S, Ing AJ, Steinfort DP, Snell GI, Williamson JP, et al. Bronchial rheoplasty for treatment of chronic bronchitis. Twelve-month results from a multicenter clinical trial. Am J Respir Crit Care Med. 2020;202(5):681‑9.
  4. Kim V, Criner G, Sciurba F, Comellas A, Majid A, Hogarth K, et al. Impact of bronchial rheoplasty on exacerbations in chronic bronchitis: A US feasibility study. Eur Respir J. 2021;58(suppl 65). Disponible sur: https://erj.ersjournals.com/content/58/suppl_65/PA2131
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