BPCO et asthme : existe-t-il vraiment un bénéfice à un suivi pneumologique ?

Le sous diagnostic de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et de l’asthme concerne jusqu’à 70% des patients, principalement dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Il en résulte une altération significative de la qualité de vie des patients ainsi qu’un impact socio-économique non négligeable avec un recours aux soins important et un absentéisme professionnel.

Dans l’essai canadien UCAP présenté ce jour, Aaron S et al. 1 avaient pour objectif principal d’identifier des patients atteints d’asthme ou de BPCO non diagnostiqués dans la population générale puis d’étudier l’intérêt d’une prise en charge spécialisée par un pneumologue sur le recours aux soins et sur les symptômes.

Les personnes vivant dans un rayon de 90 minutes autours des centres participant à l’étude ont été interrogés par téléphone sur la présence de symptômes respiratoires (toux, dyspnée, sifflement) dans les 6 moins précédents. En cas de symptômes, tous les participants répondaient à un questionnaire de dépistage de l’asthme 2 puis ceux âgés de plus de 60 ans ou ayant un score de dépistage de l’asthme inférieur à 6, répondaient à un questionnaire de dépistage de la BPCO 3. En cas de score de dépistage de l’asthme supérieur à 6 ou de score de dépistage de la BPCO supérieur à 20, une spirométrie était réalisée. Le diagnostic d’asthme était retenu en cas d’augmentation du volume exprimé maximal par seconde (VEMS) post bronchodilatateur de 200mL et 12% avec un rapport VEMS/ capacité vitale forcée (CVF) post bronchodilatateur supérieur à la limite inférieure de la normale. Le diagnostic de BPCO était retenu si le rapport VEMS/CVF post bronchodilatateur était inférieur à la limite inférieure de la normale.

Ensuite, les patients nouvellement diagnostiqués étaient randomisés en deux groupes : un groupe intervention comprenant une évaluation par un pneumologue et une éducation thérapeutique spécialisée ou un groupe soins habituels par leur médecin généraliste. Le critère de jugement principal était le taux annualisé de recours au soin pour une symptomatologie respiratoire. Les critères secondaires comprenaient l’étude de la qualité de vie par le questionnaire de Saint George (SGRQ), des symptômes par le questionnaire COPD Assessment Test (CAT) et du VEMS.

Parmi les 38 353 personnes interrogées, 595 des 2 857 patients symptomatiques présentaient une BPCO ou un asthme non diagnostiqué et 508 ont été randomisées : 253 dans le groupe intervention et 255 dans le groupe soins habituels. Le taux annualisé de recours aux soins était plus bas dans le groupe intervention que dans le groupe soins habituels (0,53 versus 1,12 événements par personne-année ; ratio d’incidence 0,48 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,36 à 0,63 ; p < 0,001). À 12 mois, il existait une amélioration de la qualité de vie selon le SGRQ (différence moyenne -3,5 points ; IC à 95 %, -6,0 à -0,9), et des symptômes respiratoires selon le score CAT (différence moyenne -1,3 points ; IC à 95 %, -2,4 à -0,1) dans le groupe intervention. Il existait également une augmentation du VEMS de 119 ml dans le groupe intervention et de 22 ml dans le groupe soins habituels (différence 94 ml ; IC à 95 % 50 à 138).

Ainsi, les patients ayant reçu un traitement dirigé par un pneumologue avaient moins recours aux soins pour une symptomatologie respiratoire que les patients suivis par leurs médecins généralistes mais une réduction des symptômes et une amélioration de la qualité de vie à un an du diagnostic était retrouvée dans les deux groupes. Ces résultats confirment donc la nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce des patients présentant une symptomatologie respiratoire, que les soins soient dispensés par un spécialiste ou un médecin généraliste.

Marina Gueçamburu, Service des Maladies Respiratoires et des épreuves fonctionnelles respiratoires CHU Bordeaux, 33604, Pessac, France

D’après la communication de Shawn D. Aaron (Ottawa, Canada), session A2

  1. Aaron Shawn D., Vandemheen Katherine L., Whitmore G. Alex, Bergeron Celine, Boulet Louis-Philippe, Côté Andréanne, et al. Early diagnosis and treatment of COPD and asthma — A Randomized, Controlled Trial. N Engl J Med
  2. Shin B, Cole SL, Park SJ, Ledford DK, Lockey RF. A new symptom-based questionnaire for predicting the presence of asthma. J Investig Allergol Clin Immunol. 2010;20(1):27‑34.
  3. Price DB, Tinkelman DG, Halbert RJ, Nordyke RJ, Isonaka S, Nonikov D, et al. Symptom-based questionnaire for identifying COPD in smokers. Respir Int Rev Thorac Dis. 2006;73(3):285‑95.
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