L’impact du dépistage du cancer broncho-pulmonaire (CBP) sur l’amélioration de la survie des patients est maintenant clairement démontré 12 Le cancer bronchique à petites cellules (CBPC), forme plus agressive même si plus rare de CBP, est source d’une forte morbi-mortalité. Il survient quasi systématiquement chez des patients fumeurs et le dépistage du CBP semble peu adapté pour améliorer la survie de ces patients du fait de la progression parfois très rapide de la maladie. Cependant, la découverte d’adénopathies sur le scanner thoracique faible dose (LDCT pour low dose CT scanner) pourrait être une aide importante pour le diagnostic précoce de CBPC. L’objectif de l’étude rapportée par B.M. Ruane était de caractériser les CBPC diagnostiqués dans le cadre du programme de dépistage NLST (National Lung Cancer Screening Trial), étude princeps ayant démontré l’efficacité du dépistage du CBP dans une population sélectionnée.
D’après le registre du NLST, sur les 1060 individus avec un diagnostic de CBP dans le bras LDCT, 135 avaient un diagnostic de CBPC. Parmi ces 135 patients, 14 (10%) ont été diagnostiqués après 3 premiers LDCT annuels négatifs et 48 (36%) ont été diagnostiqués après un LDCT positif. Les 14 patients ayant été diagnostiqués après 3 premiers LDCT négatifs avaient en réalité des adénopathies non calcifiées hilaires ou médiastinales de plus d’1 cm. Le suivi recommandé après la découverte de telles adénopathies sur les LDCT de dépistage est variable, incluant un scanner injecté immédiat ou la poursuite du dépistage selon un rythme annuel. Ces 3 patients avec des adénopathies avaient un temps légèrement plus court entre le LDCT négatif et le diagnostic de CBPC (57 contre 90 jours) par rapport aux patients qui n’avaient pas d’adénopathies sur leur scanner.
Cette étude permet d’insister sur le fait que les patients avec un diagnostic de CBPC détecté par dépistage peuvent avoir un LDCT négatif et/ou une adénopathie médiastinale isolée sur un LDCT de dépistage avant le diagnostic. Les recommandations Lung-RADS ne tiennent pas compte de la présence d’adénopathies et il existe une variabilité dans les comptes-rendus radiologiques et les recommandations de suivi. Si le dépistage détecte une adénopathie, il semble exister un intérêt à poursuivre les investigations de manière plus précoce, sans attendre le prochain LDCT programmé dans le cadre du dépistage, même en dehors de tout nodule détecté. Les efforts futurs doivent standardiser les recommandations de suivi des adénopathies détectées par LDCT car elles peuvent constituer le mode d’entrée dans un CBPC.
Marion Ferreira, Service de pneumologie, CHRU Bretonneau Tours, Tours.
D’après la session A109: The odyssey, no longer a tragedy: the continuum of lung cancer. B. M. Ruane. Am J Respir Crit Care Med 2022 ; 205 : A2352.
- National Lung Screening Trial Research Team, Aberle DR, Adams AM, Berg CD, Black WC, Clapp JD, et al. Reduced lung-cancer mortality with low-dose computed tomographic screening. N Engl J Med. 2011;365:395‑409. ↩
- de Koning HJ, van der Aalst CM, de Jong PA, Scholten ET, Nackaerts K, Heuvelmans MA, et al. Reduced lung-cancer mortality with volume CT screening in a randomized trial. N Engl J Med. 2020;382:503‑13. ↩