vigilance

Sevrage tabagique : répéter les tentatives avec les patchs de nicotine plutôt qu’utiliser la varénicline ?

La revue Prescrire vient de reprendre les données sur l’efficacité et la tolérance de la varénicline, un agoniste partiel des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine, autorisée dans l’Union européenne dans le sevrage du tabac chez les adultes depuis 2006. Selon cette revue, la varénicline est jugée « un peu plus efficace » que des patchs de nicotine dans l’arrêt de la consommation de tabac.1  Un propos nuancé car trois essais randomisés chez 2 138 fumeurs ont montré que la varénicline n’est pas plus efficace à six mois et à un an que l’association avec les patchs de nicotine d’action rapide à la demande. L’essentiel des données proviennent d’une synthèse méthodique du Réseau Cochrane qui a recensé les essais randomisés varénicline versus
placebo, ou versus autre médicament du sevrage tabagique, avec une durée de suivi d’au moins six mois.2
Comparée au placebo — ou à l’absence de médicament —, la varénicline est efficace à la dose de 1 mg deux fois par jour selon 27 essais totalisant 12 625 patients : au bout de six mois, 26 % des patients des groupes varénicline avaient cessé de consommer du tabac, versus 11 % des patients des groupes placebo. Au bout d’un an, 23 % des patients des groupes
varénicline avaient cessé de fumer versus environ 7 % des groupes placebo (p < 0,001 pour les deux comparaisons).2 Mais la différence est logiquement moins nette versus substituts nicotiniques (patch). Une méta-analyse de huit essais randomisés totalisant 6 264 patients, comparant varénicline versus nicotine sous forme de dispositif transdermique. Au bout de six
mois, 24 % des patients des groupes varénicline avaient cessé de consommer du tabac versus 19 % des patients des groupes nicotine (p < 0,001).
Les résultats sont similaires quand l’analyse ne porte que sur les cinq essais réalisés en aveugle. 2

Nausées et troubles du sommeil
Le jugement sur les critères de sécurité est plutôt rassurant. De fait, la synthèse Cochrane n’a pas mis en évidence de risque accru de dépression ou d’idées suicidaires et la fréquence des effets indésirables neuropsychiques graves a été du même ordre entre les groupes varénicline et placebo. Aucune mort attribuée aux médicaments n’a été rapportée dans
les essais inclus dans la synthèse. Selon la méta-analyse Cochrane de vingtet- un essais randomisés varénicline versus placebo totalisant environ 8 500 patients, les effets indésirables cardiaques graves ont été de fréquence voisine sous varénicline et sous placebo.4 Dans une vaste cohorte suédoise d’environ huit millions de personnes, dont environ 70 000 personnes ont
pris de la varénicline, aucune association statistique n’a été mise en évidence entre la prise de varénicline et des actes criminels, attitudes suicidaires, infractions et accidents de la route, survenue de troubles psychiques.Cependant, chez les personnes déjà atteintes de troubles psychiques, la prise de varénicline a été associée à un risque accru d’anxiété (risque relatif [RR] 5 1,23). La tolérance n’est pas toujours au rendez-vous : nicotine et varénicline exposent principalement à des nausées, maux de tête, troubles du sommeil — insomnies, somnolences, rêves anormaux — et à des symptômes de sevrage à l’arrêt du médicament. Les nausées et les troubles du sommeil ont été plus fréquents dans les groupes varénicline que dans les groupes nicotine rapporte Prescrire.
Fort de ces données, Prescrire juge préférable de porter son premier choix sur les dispositifs transdermiques de nicotine : « il est préférable de renouveler les tentatives avec la nicotine, plutôt que de recourir à la varénicline, dont les effets indésirables graves sont rares, mais avérés ». Remarquons que Prescrire n’évoque pas dans son analyse la préférence des patients ni la prise en compte du vécu des échecs antérieurs.

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Nicolas Postel-Vinay, Hôpital Européen Georges-Pompidou, Paris

InfoRespiration N°145- juin  2018

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Asthme éosinophilique sévère : un troisième anticorps anti-IL-5 homologué aux États-Unis

La FDA des États-Unis a approuvé le benralizumab qui n’est pas commercialisé en France, indique The Medical Letter On Drugs and Therapeutics.1 Il s’agit d’un anticorps monoclonal humanisé sélectif pour le récepteur de l’interleukine-5 (IL-5), indiqué comme traitement d’entretien adjuvant de l’asthme sévère avec un phénotype éosinophilique chez les patients âgés de 12 ans ou plus. Aux États-Unis, le benralizumab est le troisième anticorps anti-IL-5 homologué dans cette indication.
L’efficacité du produit a notamment été jugée sur deux études randomisées de phase III en double aveugle et contrôlées par placebo, SIROCCO (48 semaines) et CALIMA (56 semaines). La dose adjuvante était de 30 mg de benralizumab SC toutes les quatre semaines ou toutes les quatre semaines pour les trois premières doses puis toutes les huit semaines chez des patients âgés de 12 à 75 ans présentant un asthme sévère non contrôlé et un nombre initial d’éosinophiles supérieur ou égal à 300 cellules par ml, qui recevaient un corticostéroïde inhalé à fortes doses et un bêta2-agoniste à longue durée d’action (BALA) avec ou sans médicament de fond additionnel. Dans les deux études, le benralizumab a significativement diminué
les taux annuels d’exacerbations de l’asthme et augmenté le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS). Il a aussi modestement amélioré les scores de symptômes d’asthme rapportés par les patients.

Une étude en double aveugle de 28 semaines (ZONDA) a évalué l’effet d’épargne des corticostéroïdes oraux du benralizumab chez 220 adultes souffrant d’un asthme éosinophilique sévère qui recevaient un corticostéroïde inhalé à haute dose plus un BALA avec ou sans autre médicament de fond, et qui prenaient un corticostéroïde oral depuis au moins six mois avant l’inclusion. À la semaine 28, la réduction médiane de la dose quotidienne de corticostéroïde oral — critère de jugement primaire — était significativement plus importante avec le benralizumab en comparaison du placebo 75 % pour les deux traitements de benralizumab vs 25 % pour le placebo. Concernant les effets indésirables, les études cliniques ont généralement rapporté des taux similaires pour le benralizumab et le placebo. Des réactions au point d’injection sont survenues chez 2,2 % des patients traités avec le benralizumab dans les études SIROCCO et CALIMA. Des réactions d’hypersensibilité, y compris des urticaires, des angio-oedèmes, des éruptions cutanées et des anaphylaxies, se sont produites rarement avec le benralizumab. Les patients doivent être en possession d’un autoinjecteur d’adrénaline et avoir été formés à s’en servir.
The Medical Letter On Drugs and Therapeutics souligne qu’il n’existe pas d’étude ayant comparé directement le benralizumab au mépolizumab et au reslizumab, d’autres anticorps anti-IL-5. Le benralizumab s’administre à peu près la moitié moins souvent que le mépolizumab et le reslizumab, mais la revue remarque que le prix de chaque dose est environ deux fois plus élevé, ce qui fait que les coûts élevés du traitement sont similaires pour les trois médicaments disponibles aux États-Unis

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Nicolas Postel-Vinay, Hôpital Européen Georges-Pompidou, Paris

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Corticothérapie inhalée et risque d’infection à mycobactérie typique : un risque réel, mais moindre que celui des pneumopathies

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt avec cet article.
Les corticoïdes inhalés (CI) sont au coeur du traitement de l’asthme et sont fréquemment prescrits dans la BPCO, en particulier chez les patients exacerbateurs. [ 1. Van Andel AE, Reisner C, Menjoge SS, et al. Analysis of inhaled corticosteroid and oral theophylline use among patients with stable COPD from 1987 to 1995. Chest 1999 ; 115 (3) : 703-7.] , 1  Leur efficacité thérapeutique est due à leur effet anti-inflammatoire lié à l’inhibition de l’immunité innée et acquise. Le corollaire de cet effet est une augmentation de la fréquence des pneumopathies aiguës communautaires et des tuberculoses pulmonaires chez les patients traités par CI pour un asthme ou une BPCO.2, 3, 4 Aucune donnée n’existait concernant l’influence des CI sur l’incidence des infections à mycobactéries atypiques, infections difficiles à traiter, impactant la qualité de vie des patients et dont un des facteurs de risque est l’existence d’un trouble ventilatoire
obstructif.
Brode, et al. ont donc mené une étude cas-témoins afin de comparer l’incidence des infections à mycobactéries atypiques chez les patients présentant un trouble ventilatoire obstructif (TVO) et traités ou pas par CI.5 Les objectifs secondaires de cette étude étaient de caractériser le risque en fonction du type et de la dose de CI reçue. Les auteurs ont collecté les données auprès de l’Institute for Evaluative Clinical Sciences. Étaient analysées les données de tout patient de plus de 66 ans ayant un TVO, vivant dans l’Ontario et traité par bronchodilatateur de longue durée d’action, CI entre janvier 2001 et décembre 2013. Une infection à mycobactérie atypique était définie par l’identification d’une mycobactérie différente d’un bacille de Koch sur deux examens des crachats ou sur un prélèvement profond. Cette étude a porté sur 417 494 patients. Un diagnostic d’infection à mycobactérie atypique a été porté chez 2 966 d’entre eux. Pour chaque cas diagnostiqué, les auteurs ont sélectionné quatre patients contrôles appariés sur l’âge, le sexe, le type de TVO sous-jacent et la durée de son évolution.
Les patients atteints d’infections à mycobactéries atypiques vivaient plus souvent en zone urbaine, étaient moins souvent diabétiques et atteints de pathologie rénale que les sujets contrôles. En revanche, ils présentaient plus fréquemment des dilatations des bronches ou une pneumopathie interstitielle diffuse que les patients contrôles. L’utilisation quotidienne de CI était associée à un risque augmenté d’infection à mycobactérie atypique (OR ajusté 1,86 ; IC : 95 % 1,50-2,07, p <0,001). Cette association restait statistiquement significative chez les patients traités par fluticasone (OR ajusté 2,09 ; IC : 95 % : 1,80-2,43) mais pas par budésonide. Il existait par ailleurs une relation effet-dose entre la dose cumulée de CI et l’incidence d’infection à mycobactérie atypique.
D’autre part, le risque infectieux était différent en fonction du TVO sousjacent. Les patients atteints de BPCO et traités par CI avaient un risque augmenté de développer une infection à mycobactérie atypique (OR 1,96 ; IC 95 % : 1,62-2,36), mais ce résultat n’était pas retrouvé chez les patients asthmatiques.
La force de cette étude est le grand nombre de données analysées, même si l’on regrette que les auteurs aient exclu les patients de moins de 66 ans.
Les corticoïdes inhalés augmentent le risque de développer une infection à mycobactérie atypique chez les patients présentant un TVO ; néanmoins ce risque reste très inférieur à celui de développer une pneumopathie aiguë communautaire.
En conclusion, la prescription de CI, en particulier dans la BPCO, doit être considérée au regard de la balance bénéfices-risques infectieux. En cas de prescription, il conviendra de privilégier l’utilisation de la dose la plus faible possible.

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Aurélien Justet, Service de pneumologie A , Hôpital Bichat-Claude Bernard

IR

InfoRespiration N°144- Avril  2018

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Budésonide et autres corticoïdes inhalés : troubles oculaires

Début 2017, l’Agence européenne du médicament a analysé 126  observations de vision trouble imputées à un corticoïde, le budésonide sous forme inhalée ou intranasale.1 Ces effets indésirables surviennent du fait de l’absorption systémique du corticoïde administré par voie locale et sont susceptibles de surve nir avec toutes les voies d’administration comme l’a déjà signalé la revue Prescrire. 2 Parmi les effets indésirables connus des corticoïdes par voie générale, on  recense des augme ntations de la pression intraoculaire et des glaucomes à angle ouvert, des infections oculaires, des cataractes, des décollements de rétinenotamment par choriorétinopathie séreuse centrale, c’est-à-dire paraccumulation de liquide séreux sous la rétine, à l’origine de décollements de rétine et de lésions de la rétine.3 De façon concrète, quand unpatient traité par un corticoïde par voie inhalée ou nasale signale destroubles visuels, il paraît logique d’envisager que la corticothérapie puisse être à l’origine des troubles.4

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IR

InfoRespiration N°143- Février 2018

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L’oséltamivir désormais copié : mais pour quoi faire ?

En France, l’oséltamivir (Tamiflu® , Oséltamivir PG® ), un antiviral, est autorisé sous forme de comprimés, gélules et poudre pour suspension buvable, en prévention ou en traitement curatif de la grippe chez les adultes et les enfants. La revue Prescrire nous signale que, depuis peu (29 novembre 2017), une copie des gélules est désormais disponible sous le nom commercial Ebilfumin® , avec les mêmes indications que le princeps Tamiflu® .1 , 2 Prescrire juge que l’efficacité préventive de l’oséltamivir est « au mieux modeste » en termes de réduction de l’incidence des épisodes grippaux. En traitement curatif de la grippe, l’oséltamivir a une efficacité symptomatique « mineure », avec une réduction de la durée des symptômes de un jour à deux jours. De plus, l’intérêt de l’oséltamivirpour diminuer les complications graves de la grippe apparaît « incertain » car les données montrant une diminution des hospitalisations ou de la mortalité sont de faible niveau de preuves. Rappelons que l’oséltamivir est parfois mal toléré car il expose à des nausées, vomissements, maux de tête, douleurs notamment à l’estomac, troubles du rythme cardiaque, de la vision, réactions d’hypersensibilité dont angio-oedèmes et anaphylaxies, effets indésirables cutanés dont syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell, hépatites fulminantes, saignements digestifs. Des effets indésirables neuropsychiques ont été observés surtout chez des enfants et des adolescents. L’élimination de l’oséltamivir et de son métabolite actif est surtout rénale, par filtration glomérulaire et sécrétion tubulaire. Une insuffisance rénale expose à une augmentation des effets indésirables dose-dépendants de l’oséltamivir, surtout les nausées et vomissements. On comprend alors que Prescrire juge la balance bénéfices-risques de l’oséltamivir défavorable chez les personnes sans facteur de risque de complications graves de la grippe. Son utilisation est donc à décider « au cas par cas », chez les personnes les plus à risque, commente Prescrire .

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InfoRespiration N°143- Février 2018

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Prise de poids sous antihistaminiques

En 2017, le Centre de pharmacovigilance d’Upssala a analysé des notifications de prise de poids imputées à des antihistaminiques enregistrées dans la base de données de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte la revue Prescrire.1 Parmi ces notifications, 44 étaient imputées à la désloratadine (Aérius® ou autre) et 115 à la loratadine (Clarityne® ou autre). Une vingtaine concernaient des enfants âgés de moins de 12 ans exposés pour moitié à la désloratadine et l’autre moitié à la loratadine. Les récepteurs de l’histaminine sont impliqués dans la régulation du métabolisme énergétique, surtout les sous-récepteurs H1 et H3. Des augmentations du poids ont été rapportées avec d’autres antihistaminiques H1 tels que la flunarizine (Sibélium®) qui est aussi un neuroleptique, le kétotifène, ainsi que les dérivés des phénothiazines. Et Prescrire de rappeler que certains antihistaminiques H1 ont été utilisés pour stimuler l’appétit malgré une balance bénéfices-risques incertaine dans cette situation, par exemple la cyprohéptadine (Périactine®). Fin 2017, l’augmentation de l’appétit est mentionnée dans les résumés des caractéristiques (RCP) de spécialités à base de loratadine, mais pas de désloratadine. La prise de poids figure également dans les RCP de Virlix®, spécialité à base de cétirizine, un autre antihistaminique H1 dit non sédatif et non atropinique.En pratique, commente Prescrire, une cause médicamenteuse est à évoquer en cas de prise de poids. Soit, mais on aimerait cependant mieux connaître l’ampleur du phénomène ; vu la grande consommation de ces produits, à quelle fréquence observe-t-on des prises de poids préoccupantes ?

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InfoRespiration N°143- Février 2018

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Pictogrammes « Grossesse » sur la boîte de certains médicaments antiasthmatiques : une fausse bonne mesure des autorités de santé ?

Depuis peu, des pictogrammes « Grossesse 5 danger » ou « Grossesse 5 interdit » ont fait leur apparition sur  certaines boîtes de médicaments anti-asthmatiques. D’où vient cette initiative et qu’en penser ? Nous avons échangé avec Élisabeth Eléfant, médecin responsable du centre de référence sur les agents tératogènes pour en savoir plus.

Élisabeth Elefant
CRAT — Centre de référence sur les agents tératogènes – Hôpital Armand Trousseau 26, avenue Dr Arnold Netter, 75012 Paris crat.secretariat.trs@aphp.fr

L’auteur n’a pas de lien d’intérêt avec cet article.

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Depuis quand ces pictogrammes sont-ils apparus ?

Depuis le 17 octobre 2017, les fabricants de médicaments sont tenus d’apposer un pictogramme « Interdit » ou « Danger » en cours de grossesse sur certaines de leurs spécialités.

Cette mesure fait suite à un décret publié en avril 2017, elle s’applique sur la base des données figurant dans leur RCP.1

Cette mesure est-elle européenne ou franco-française ? Pour le moment à ma connaissance elle est française. Mais un débat se prépare au niveau européen.

Comment les autorités de santé ont-elles informé les médecins et les patients de ces dispositions ? Le 13 octobre dernier, la Direction générale de la santé (DGS) a adressé par voie électronique un message via sa messagerie DGS-urgent. On pouvait lire : « Un pictogramme femmes enceintes » sera apposé, à partir du 17 octobre 2017, sur les boîtes de médicaments présentant des risques pour les femmes pendant leur grossesse. Il permet une meilleure visibilité de l’information relative aux risques tératogènes et foetotoxiques des médicaments pris durant la grossesse. Cette information est déjà signalée dans la notice et le résumé des caractéristiques du produit. Vous pouvez être sollicités par les femmes enceintes ou en âge de procréer qui souhaiteront avoir des conseils ou de plus amples informations sur ce pictogramme.

Deux modèles de pictogrammes seront apposés sur les boîtes de médicaments concernés :

  • un pictogramme « danger » qui signale aux patientes que le médicament doit être utilisé uniquement s’il n’y a pas d’autre médicament disponible ;
  • un pictogramme « interdit » qui signale aux patientes que le médicament ne doit pas être utilisé.

Un dépliant et une affichette d’information sont téléchargeables sur le site du ministère.2, 3

Ils rappellent notamment aux patientes qu’il est impératif que toute femme prenant un médicament comportant l’un de ces deux pictogrammes n’arrête pas son traitement sans consulter au préalable son médecin, sa sage-femme, ou s’informer auprès de son pharmacien.

Il faut noter qu’il s’agit de la seule mesure d’information des professionnels de santé qui n’a donc concerné que les seuls abonnés de la « serv-list » de la DGS.

Êtes-vous d’accord avec cette mesure ?

La réponse est que l’intention n’est pas mauvaise, mais que l’application est tout à fait contre-productive. Nous l’avons fait savoir à l’Ansm, la Direction générale de la santé (DGS), l’Académie de médecine et à laministre de la Santé. Nous sommes en désaccord avec certains points de ces directives, et pas des moindres, comme c’est en particulier le cas avec les médicaments de l’asthme. Pour ceux-là, voir apposer le pictogramme « Danger » est une aberration. En 2018, ces dispositions vont s’appliquer progressivement à près de 60-70 % des spécialités, ce qui va poser d’énormes problèmes de prescription et de délivrance. Cette disposition nous semble très mal ficelée et à notre connaissance les sociétés savantes n’ont pas été concertées au préalable.

S’agissant de l’asthme ce pictogramme ne risque-t-il pas de susciter des interrogations, voire une défiance néfaste, de leur part des patientes ?

C’est déjà le cas. Mais la communauté des pneumologues, donc vos lecteurs, est sans doute aux avants-postes pour le remarquer.

Quelle position affichez-vous sur le site du Crat ?

Comme stipulé aux autorités, nous resterons sur notre analyse usuelle des données et sur nos positions. Nous proposons une classification des molécules par dangerosité en cours de grossesse. 4

Notez que l’association (formotérol 1 budésonide) n’en fait pas partie, et peut donc être utilisée selon le schéma usuel que nous indiquons sur notre site, sans recherche d’alternatives thérapeutiques. Or la boîte de ce produit affiche désormais le pictogramme…

Même la boîte de salbutamol est concernée ! Pour mieux informer les patients nous avons mis en ligne une note d’information depuis début février 2018 (voir encadré).

Que dire aux patientes ?

Que les médicaments comportant un risque malformatif ou foetotoxique avéré sont rares sur le marché à ce jour. Que cette information, quand elle existe, figure déjà dans les notices des conditionnements et que pour plus de précision les patientes doivent se rapprocher de leur prescripteur ou de leur pharmacien. Pour les pictogrammes déjà apposés, il s’agit d’une démarche qui n’est pas validée scientifiquement et qui s’apparente en l’état à un dispositif de protection médico-légale plutôt qu’à une information médicale éclairée et adaptée à chaque patiente.

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InfoRespiration N°143- Février 2018

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Arrêt du vaccin Pneumo-23 et mise à disposition du vaccin Pneumovax®

Depuis septembre 2017, le vaccin Pneumovax® (MSD Vaccins) remplace en ville et à l’hôpital le vaccin pneumococcique Pneumo 23® (Sanofi Pasteur) indiquent les fabricants qui précisent que les deux vaccins ont la même composition.1 , 2
Mais la revue Prescrire remarque qu’à la fin 2017 le conditionnement de Pneumovax® est incomplet : il contient seulement le flacon de solution injectable mais pas de seringue ni d’aiguilles pour l’administration.3.

Cependant, ce changement s’accompagne d’une hausse de prix : Pneumovax® est remboursable à 65 % par la Sécurité sociale au prix de 20,35 d€ le flacon, contre 12,46 d€ la seringue préremplie pour Pneumo23® souligne la revue.

 

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Nicolas Postel-Vinay

InfoRespiration N°142- Décembre  2017

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Arthralgies, myalgies, crampes : nouveaux effets indésirables du rivaroxaban

Utilisé notamment dans l’embolie pulmonaire, le rivaroxaban, un des nouveaux anticoagulants oraux (NACO) pourrait être à l’origine de troubles musculosquelettiques, un effet indésirable encore peu connu. Comme le signale Prescrire, le centre régional de pharmacovigilance d’Angers a analysé les notifications de troubles musculosquelettiques imputés au rivaroxaban, un anticoagulant inhibiteur du facteur Xa.1 Parmi les 3 861 notifications enregistrées dans la base de données française de pharmacovigilance imputées au rivaroxaban, 60 observations de troubles musculosquelettiques non hémorragiques ont été recensées. Parmi elles, 30 ont été retenues pour l’analyse. Quarante troubles musculosquelettiques ont été décrits chez 30 patients : myalgies, crampes, arthralgies, douleurs osseuses et des membres, difficultés à la marche, atteintes tendineuses et aponévrosites. Ces troubles suivent un lien chronologique évocateur, surtout une amélioration à l’arrêt du rivaroxaban. Dans un cas, la réintroduction du rivaroxaban a entraîné la récidive d’arthralgies et de myalgies. Le rivaroxaban était utilisé pour des fibrillations auriculaires (8 patients), des thromboses veineuses profondes (11 patients) et des embolies pulmonaires (6 patients). L’indication n’était pas connue pour 5 patients. Le rivaroxaban n’était pas associé avec d’autres médicaments exposant à des troubles musculosquelettiques tels qu’une quinolone ou une statine. Prescrire remarque qu’en juin 2017, dans le RCP européen de Xarelto® ne sont mentionnées que des douleurs des extrémités parmi les troubles musculosquelettiques non hémorragiques. Le RCP états-unien mentionne aussi des douleurs dorsales et des crampes musculaires. Les RCP européens et états-uniens des spécialités à base d’apixaban et d’édoxaban ne mentionnent pas les atteintes musculosquelettiques non liées à des hémorragies précise la revue Prescrire.

Prescrire. Novembre 2017 – tome 37, n° 409 : page 832.

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Nicolas Postel-Vinay

InfoRespiration N°142- Décembre  2017

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Tremblements d’origine médicamenteuse : des traitements pneumologiques peuvent être en cause

Les tremblements dus aux psychotropes ou aux sympathomimétiques sont connus. Ils n’en sont pas moins parfois gênants. Mais d’autres molécules utilisées en pneumologie peuvent être en cause. Les tremblements d’origine médicamenteuse sont des tremblements de repos ou des tremblements d’action rappelle La Revue Prescrire dans une synthèse sur les tremblements d’origine médicamenteuse. La liste des médicaments qui exposent parfois à différents types de tremblements est longue mais le type de tremblements n’est pas toujours bien décrit. Les tremblements d’origine médicamenteuse sont généralement réversibles à l’arrêt du médicament ou à la diminution des doses. Pour certains médicaments, l’apparition de tremblements est parfois un signe de surdose. Pour d’autres les tremblements apparaissent lors de l’arrêt brutal du médicament. Les facteurs qui augmentent le risque de tremblements d’origine médicamenteuse sont liés aux patients (dont l’âge ou la présence d’une affection à l’origine de tremblements) et aussi aux médicaments (dont la dose) indique Prescrire. Repérer l’origine médicamenteuse des tremblements amène les soignants à réévaluer la balance bénéfices/risques des médicaments concernés. Si leur arrêt est acceptable, il permet souvent la régression des troubles.
Surtout les psychotropes — De très nombreux médicaments exposent à des tremblements, surtout des psychotropes. Parmi eux, les neuroleptiques utilisés comme antipsychotiques, comme antiémétiques. Des antidépresseurs, le lithium, l’acide valproïque, les anticholinestérasiques causent des tremblements. Des substances sympathomimétiques exacerbent des tremblements physiologiques, dont les bronchodilatateurs bêta-2 stimulants. D’autres médicaments exposent à des tremblements liés à leur neurotoxicité, dont des immunodépresseurs. Médicaments de l’asthme ou de la BPCO : tremblements d’action de fine amplitude au niveau des extrémités — Les sympathomimétiques bêta-2 stimulants tels que le salbutamol utilisé comme bronchodilatateurs dans l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) exposent à des tremblements d’action de fine amplitude au niveau des extrémités. La théophylline est une xanthine ayant des propriétés bronchodilatatrices. C’est un stimulant du système nerveux central. Elle expose à des tremblements d’action, qui sont parfois un signe de surdose. Des tremblements ont été rapportés avec le montélukast, un antileucotriène utilisé dans l’asthme et avec le roflumilast, un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 4 utilisé dans la BPCO.
Médicaments du sevrage tabagique — Parmi les médicaments utilisés pour le sevrage tabagique, la bupropione (alias amfébutamone), un amphétaminique, expose à des tremblements d’action en rapport avec ses effets stimulants sur le système nerveux central. Elle a des effets sérotoninergiques. Des tremblements ont été rapportés aussi avec la varénicline, ou en cas d’intoxication par des substituts nicotiniques.

Tremblements d’origine médicamenteuse. Rev Prescrire 2017 ; 37 (408) : 750-6.

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Nicolas Postel-Vinay

InfoRespiration N°142- Décembre  2017

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