Ce n’est pas parce qu’un fumeur jeune n’a pas de trouble ventilatoire obstructif qu’il ne faut pas regarder son VEMS

Le VEMS en début d’âge adulte est un facteur prédictif de développement de BPCO. Son déclin accéléré augmente le risque de développer une BPCO. Cependant, certains fumeurs jeunes ont un VEMS faible alors même qu’ils ne présentent pas de trouble ventilatoire obstructif. La question posée est de savoir si ces patients vont développer une BPCO et ses comorbidités plus fréquemment que ceux qui ont un VEMS élevé.

Parmi les 2 400 participants de la Lovelace Smokers Cohort (LSC), 843 sujets âgés de 40 à 60 ans (pas si jeune !) dont le VEMS/CVF post-bronchodilatateur était supérieur à 0,7 et ayant eu plus de deux visites, ont été sélectionnés. Ils ont été regroupés en trois groupes : VEMS élevé (> 99 %), VEMS intermédiaire (99-86%) et VEMS bas (<86%).  Les groupes à haut et bas VEMS ont été comparés. Outre la fonction pulmonaire, la mortalité toutes causes confondues et les comorbidités ont été étudiées.

 Au départ, les haut VEMS et les bas VEMS avaient un âge similaire (49 et 51 ans), avec respectivement 78 % et 86 % de femmes, 16 % et 20 % de fumeurs actifs (32 et 37 paquets-années) et un IMC similaire (28 et 30 kg/m2). Toutes les comorbidités étaient similaires dans les deux groupes. Au cours du suivi, la mortalité était plus importante dans le groupe bas VEMS (45/288, 15,6%) par rapport au groupe haut VEMS (18/279, 6,5%). Le déclin du VEMS était plus important chez les fumeurs à bas VEMS par rapport aux autres (32 versus 18 ml/an). Les sujets à bas VEMS par rapport à ceux à haut VEMS avaient une incidence accrue de BPCO, de maladies respiratoires, de diabètes et d’HTA. 

Pour renforcer ces données chez les fumeurs sans trouble ventilatoire obstructif, une deuxième communication montrait, en partant des données de la cohorte COPDGene que les exacerbations chez les fumeurs sans BPCO (actifs ou sevrés) entraînaient un déclin de la fonction pulmonaire et une progression vers la BPCO. Les exacerbations respiratoires prédisaient la mortalité sans qu’il soit nécessaire de passer d’abord par la survenue d’une BPCO, sous réserve d’une définition des exacerbations peu précise.

Ainsi, chez les fumeurs âgés de 40 à 60 ans, la mesure de la fonction pulmonaire par spirométrie à un jeune âge peut prédire l’état de santé respiratoire et général futur. La spirométrie est donc utile chez ces patients, et il faut l’analyser attentivement même si le VEMS/CV est dans les limites de la normale. Ces fumeurs sans trouble ventilatoire obstructif sont à repérer quand ils font des exacerbations, car ils sont à risque de développer une BPCO.

Laurent Boyer, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Henri-Mondor, 51 Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, Creteil

D’après les communications de :
Tesfaigzi.Y et al. : The Fev1 as a predictor of future health in young non-obstructed smokers. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207:A4200 (session B94).
Fortis S et al.: Respiratory exacerbations and lung function decline in people with normal spirometry and smoking exposure. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207:A4202 (session B94).

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