Au cours de la prise en charge des exacerbations de BPCO modérées et sévères, une corticothérapie orale à la posologie de 40 mg/j est recommandée 1. Les patients exacerbateurs fréquents y sont exposés de façon répétée et, même s’il s’agit d’un traitement de courte durée, les conséquences à court et long terme peuvent être importantes. Cette année, une cohorte observationnelle basée sur l’utilisation des dossiers médicaux électroniques en Angleterre a été présentée à l’ATS. L’objectif était d’étudier l’association entre l’exposition à la corticothérapie chez des patients BPCO et l’apparition d’effets indésirables à moyen et long terme.
Ont été inclus 323 722 patients avec un suivi médical régulier l’année précédente (contrôlé par au moins une consultation chez le généraliste ou délivrance de corticoïde). Les groupes ont été appariés en fonction de l’âge, du sexe, de la date d’inclusion et du statut tabagique (53 299 paires). La durée médiane de suivi jusqu’à l’apparition d’un évènement indésirable était de 7,8 ans (écart interquartile : 3,6-13,2). L’exposition cumulée aux corticoïdes (<0,5 g, 0,5-1,0 g, 1,0-2,5 g, 2,5-5,0 g, 5,0-10,0 g, ≥ 10,0 g) a été mesurée à partir de la date d’index jusqu’à l’incidence de chaque effet indésirable ou la fin de l’observation. La consommation cumulée médiane dans le groupe corticoïdes était de 3,4 g.
Les patients traités par corticothérapie avaient plus d’antécédents d’exacerbation, une fonction respiratoire plus altérée et étaient plus dyspnéiques. Après ajustement sur le sexe, l’âge et le traitement de fond, les principaux résultats étaient un sur risque de pneumonie (HR 2,99, IC95% 2,85-3,15), d’ostéoporose (HR 1,73, IC95% 1,62-1,85), de troubles du sommeil (HR 1,59, IC95% 1,51-1,67), d’anxiété (HR 1,55, IC95% 1,48-1,62) et d’ulcère gastro duodénal (HR 1,49, IC95% 1,41-1,57). Le diabète arrivait en 8ème position (HR 1,37, IC95% 1,30-1,44).
Au sein du groupe corticothérapie, une exposition cumulée supérieure à 0,5 g était associée à une augmentation majeure du risque d’ostéoporose (HR 1,45, IC95% 1,30-1,62 si < 0,5 g versus HR 6,39, IC95% 5,56-7,35 si > 10 g), de pneumonie (HR 1,21, IC95% 1,13-1,30 si < 0,5 g versus HR 2,80, IC95% 2,54-3,09 si > 10 g) et de diabète de type 2 (HR 1,20, IC95% 1,20-1,30 si < 0,5 g versus HR 2,23, IC95% 1,95-2,54 si > 10 g).
Cette étude de grande ampleur rappelle donc que la prescription de la corticothérapie orale au cours d’une exacerbation n’est pas anodine et qu’il convient de prendre en compte l’exposition cumulée chez les patients exacerbateurs fréquents.
Marina Gueçamburu, Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux,
D’après D. B. Price et al: Adverse outcomes post-initiation of systemic corticosteroids in patients with chronic obstructive pulmonary disease: A long-term observational UK-based study. Am J Respir Crit Care Med 2022 ; 205 :A2780
- Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease – GOLD. https://goldcopd.org/2022-gold-reports-2/ ↩