L’impact de l’infection par le SARS CoV2 sur les maladies respiratoires chroniques reste un sujet de discussion dans le monde de la pneumologie même si les connaissances sur le sujet ont largement évolué dans l’année qui vient de s’écouler.
S’il apparaît au fil des mois que la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ne constitue pas en soi un facteur de risque de faire une infection par le SARS CoV2, l’impact du Covid-19 chez les patients BPCO demeure incertain. Il est cependant maintenant communément admis que les patients BPCO sont plus à risque de développer des formes sévères de la maladie.
Meza et al 1 ont présenté un travail rétrospectif réalisé entre mars et juillet 2020 portant sur 4723 patients atteints de Covid-19. 296 étaient porteurs d’une BPCO (6,26%). Les auteurs rapportent dans cette population une augmentation significative du risque d’hospitalisation (149 [84,1%] dans le groupe BPCO versus 2094 [47,3%]), de recours à la réanimation (94 [31,8%] versus 615 [13,9%]), du recours à la ventilation mécanique (58 [19,6%) versus 357 [8,1%]) et de la mortalité (39 [14,12%] versus 165 [3,8%]).
Ces résultats ne sont cependant pas retrouvés dans toutes les études présentées lors de ce congrès comme celle de Im et al 2 ou de Marron et al 3
Le rôle délétère des corticostéroïdes inhalés (CSI) a été un temps évoqué dans la genèse des formes sévères de Covid-19. Sen et al 4 ont présenté une étude rétrospective réalisée entre mars et septembre 2020 portant sur 27816 patients porteurs de BPCO. Ils ont comparé le groupe des patients BPCO ayant fait un Covid (1294) a celui qui n’en a pas fait (26522). Sur ces 1294 patients, 572 avaient un traitement par CSI alors que 722 n’en avaient pas. Les patients sous CSI étaient plus souvent hypertendus (82,6 % versus 69,7%, p < 0,001), diabétiques (61,8% versus 51,7%) ou porteurs d’insuffisance cardiaque (37,5% versus 16%), qui sont des facteurs de risque maintenant bien connus de formes sévères. Aucune différence n’a pu être démontrée entre les 2 groupes sur le recours à la réanimation, à la ventilation mécanique ou sur la mortalité, après ajustement sur les facteurs de risque. Les mêmes données sont retrouvées dans le travail de Rhee et al 5
Il est toutefois difficile de tirer des conclusions formelles de ces travaux, tous rétrospectifs. Le diagnostic de BPCO est comme chacun le sait nettement sous-estimé dans la population. Le degré de sévérité de la maladie bronchique n’est jamais précisé, et les comorbidités sont souvent des facteurs confondants pour expliquer la gravité. Néanmoins, il est certain que les patients porteurs d’une maladie bronchique chronique, surtout si elle est sévère, doivent être surveillés de façon étroite quand ils sont infectés par le SARS-CoV-2 et constituent une population à prioriser pour la vaccination. Les traitements par CSI, lorsqu’ils sont indiqués, n’ont pas d’impact sur la sévérité de l’infection.
Sandrine Pontier-Marchandise, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, Toulouse
D’après les communications suivantes :
- DA Meza. Outcomes of COPD patients with coronavirus. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A1767. ↩
- JP Im. The effect of asthma or chronic obstructive pulmonary disease on hospitalization outcomes of COVID19 Patients : a Retrospective Cohort Study. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A3813 ↩
- RM Marron. Impact of chronic obstructive pulmonary disease and/or emphysema on outcomes of hospitalized patients with COVID19 pneumonia. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A3814 ↩
- P Sen. inhaled corticosteroids do not adversely impact outcomes in COVID19 positive patients with COPD : an analysis of cleveland clinic’s COVID19 registry. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A2500 ↩
- C Rhee. Inhaled corticosteroid was not associated with poor prognosis in COVID-19. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A1747. ↩