Cecilia Ruscitti, Thomas Marichal d’après une interview réalisée par Agnès Lara
Laboratoire d’Immunophysiologie de l’Institut GIGA de l’Université de Liège
Une équipe de chercheurs de l’Université de Liège a identifié une nouvelle population de macrophages qui réduisent l’inflammation et interviennent dans la réparation alvéolaire en situation post-infectieuse. Cette découverte, publiée cette année dans la prestigieuse revue Science Immunology, ouvre de nouvelles perspectives en médecine régénérative et suscite déjà beaucoup d’intérêt.
Dr Ruscitti, comment avez-vous découvert ces macrophages ?
>Cecilia Ruscitti : un peu par hasard. Nous nous intéressions à une population de cellules immunitaires qui exprimaient de hauts niveaux de Ly6G et du récepteur à chimiokine CXCR4 durant les infections virales respiratoires. Le marqueur Ly6G étant considéré comme spécifique des neutrophiles, nous pensions qu’il s’agissait d’une population particulière de ces cellules immunitaires qui sont habituellement présentes au cours de la réaction inflammatoire, lorsque l’infection est encore active. Cependant, en suivant ces cellules chez des souris infectées par le virus influenza H1N1, nous nous sommes rendu compte qu’elles n’étaient présentes que durant un court laps de temps, depuis la fin de la phase d’infection (et non durant la phase aiguë) et jusqu’à la phase de réparation tissulaire. La persistance de ces cellules au-delà de la phase inflammatoire n’était pas cohérente avec ce qui avait déjà été décrit pour les neutrophiles. Cela nous a incité à pousser plus loin nos investigations sur le plan morphologique, génétique, et à étudier leurs propriétés in vivo et ex vivo. Une fois observés au microscope, il a fallu nous rendre à l’évidence : il ne s’agissait pas de neutrophiles mais bien de macrophages.
Comment expliquer leur présence en phase tardive de l’infection ?
>Thomas Marichal : Nos travaux montrent que ces macrophages se différencient dans les poumons, à partir des monocytes du sang grâce à des signaux inflammatoires ou anti-inflammatoires présents après la phase aiguë de l’infection. Nous pensons que ces cellules contribuent à calmer l’inflammation qui s’est développée durant l’infection en
phagocytant d’autres cellules immunitaires, notamment des neutrophiles. Rappelons que ces derniers contiennent des granules remplis de substances cytotoxiques, certes nécessaires aux mécanismes de défense immunitaire, mais pouvant aussi causer des dommages lorsque ces cellules sont en trop grand nombre.
Quel rôle jouent ces macrophages dans la réparation tissulaire ?
>Cecilia Ruscitti : Nos résultats montrent que leur rôle est essentiel dans la réparation pulmonaire. Même si les mécanismes moléculaires ne sont pas encore totalement compris, nous pensons que ces macrophages ont un effet trophique sur les cellules progénitrices alvéolaires, qu’ils favorisent leur multiplication et les protègent de l’apoptose. Ils se concentrent dans les zones péri-lésionnelles, là où les progéniteurs épithéliaux alvéolaires sont les plus actifs, et orientent leur différenciation en cellules alvéolaires. Celles-ci seraient alors en nombre suffisant…
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