Diaphragme : le grand oublié du COVID long

La physiopathologie de la persistance d’une dyspnée sévère à l’exercice plusieurs mois après une infection à SARS-CoV2 reste mal connue. En dehors des séquelles fonctionnelles respiratoires, qui touchent les patients ayant bénéficié d’une ventilation mécanique prolongée pour un syndrome de détresse respiratoire aigüe, les deux principaux mécanismes qui sont évoqués chez les patients ayant eu une infection COVID-19 modérée, gérée en ambulatoire, sont le syndrome d’hyperventilation et la respiration dysfonctionnelle. Ces deux anomalies fonctionnelles respiratoires peuvent être améliorées par la réadaptation respiratoire (RR).

En complément, Rainer Gloeckl, (Allemagne), a évoqué le rôle potentiel d’une faiblesse diaphragmatique. Cinquante patients (14 femmes, âgées de 58±12 ans) ont bénéficié 15 mois après une hospitalisation pour COVID-19 (50% des patients sous ventilation mécanique) d’une évaluation extensive de la fonction diaphragmatique (pression inspiratoire maximale, pression trans-diaphragmatique, échographie diaphragmatique) 1. Ils sont comparés à 9 contrôles sains. Alors que les fonctions respiratoires sont normales, la pression trans-diaphragmatique est abaissée, indépendamment du recours à la ventilation mécanique (14±8 versus 21±3 cmH2O chez les patients COVID-19 ventilés vs. contrôle, p=0,02 et 15±8 versus 21±3 cmH2O chez les patients COVID-19 non ventilés vs. contrôle, p=0,04). La faiblesse diaphragmatique est corrélée à l’intensité de la dyspnée d’effort.

La faiblesse diaphragmatique pourrait également être améliorée par la RR, notamment lorsqu’elle comporte un réentrainement des muscles respiratoires. Dans un essai randomisé contrôlé, 111 patients rapportant une dyspnée persistante, en moyenne 9 mois après une COVID-19, ont bénéficié de séances de réentrainement des muscles respiratoires pendant 8 semaines, en utilisant le dispositif résistif PrO2 (PrO2Fit Health, Smithfield, Etats-Unis) 2 Ils sont comparés à 37 contrôles. La dyspnée (domaine « dyspnée » du questionnaire K-BILD : 59,8±12,6 chez les contrôles versus 62,2±16,2 après RR, p<0,05), les symptômes respiratoires (domaine « symptômes thoraciques » du questionnaire K-BILD : 59,2±18,7 chez les contrôles versus 64,5±18,2 après RR, p<0,05) et le statut fonctionnel sont améliorés.

Malgré la diversité des mécanismes expliquant la dyspnée persistant à long terme après une infection à SARS-CoV2, la RR est une option thérapeutique intéressante. Il reste à déterminer, sur des arguments scientifiques plus solides, quelles composantes et quelles modalités de la RR sont bénéfiques aux patients COVID-19.

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne, 14 rue Paul Gaffarel, Dijon

D’après la communication de Gloeckl R et al. Patients recovering from COVID should be integrated into existing pulmonary rehabilitation services (Session C9).

  1. Regmi B, Friedrich J, Jörn B et al. Diaphragm muscle weakness might explain exertional dyspnea 15 months after hospitalization for COVID-19. Am J Respir Crit Care Med 2023;207(8):1012-1021. doi: 10.1164/rccm.202206-1243OC
  2. McNarry MA, Berg RMG, Shelley J et al. Inspiratory muscle training enhances recovery post-COVID-19: a randomised controlled trial. Eur Respir J 2022;60(4):2103101. doi: 10.1183/13993003.03101-2021
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