Les bases de données des assureurs permettent de générer des informations à partir de nombres très élevés de patients, même si elles ont évidemment leurs défauts. Lors de ce congrès, une étude intéressante provenant des Etats-Unis était consacrée aux effets indésirables des corticoïdes inhalés dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et a permis de dresser quelques conclusions inattendues.
Parmi le registre de l’institut DARTN et comportant des informations provenant de plus de 20 millions de patients, W.D. Pace et al. (Aurora, Etats-Unis) ont extrait les données des patients âgés de plus de 45 ans et chez qui un diagnostic de BPCO avait été porté soit à n’importe quel moment (cohorte de BPCO prévalente, n=318 385), soit après l’entrée dans le registre (cohorte de découverte de BPCO, n=209 062), en excluant notamment les patients porteurs d’un déficit en alpha1 antitrypsine et ceux traités par corticoïdes oraux ou par biothérapies. L’objectif de l’étude était d’analyser les événements d’intérêt de type découverte de diabète, ostéoporose, pneumonies, fractures non traumatiques et cataracte, en distinguant les patients traités depuis 24 mois ou plus par corticoïdes inhalés (longue durée, n=67 448 pour la cohorte de BPCO prévalente et 48 806 pour la cohorte de découverte de BPCO) de ceux traités depuis 3 à 23 mois (durée intermédiaire, n=54 978 pour la cohorte de BPCO prévalente et 35 039 pour la cohorte de découverte de BPCO) et de ceux ayant reçu moins de 3 mois de corticoïdes inhalés voire pas du tout (courte durée, n=169 261 pour la cohorte de BPCO prévalente et 101 501 pour la cohorte de découverte de BPCO).
Par rapport à ceux traités par corticoïdes inhalés pendant une courte durée, les patients traités pendant une longue durée ont présenté plus de découverte de diabète (hazard ratio (HR) de 2,56 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,48 pour la cohorte de découverte de BPCO), de fractures (HR de 2,45 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,39 pour la cohorte de découverte de BPCO), d’ostéoporose (HR de 2,5 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,44 pour la cohorte de découverte de BPCO), de pneumonies (HR de 2,48 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,4 pour la cohorte de découverte de BPCO) et de cataractes (HR de 2,45 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,39 pour la cohorte de découverte de BPCO). Dans la cohorte de découverte de BPCO, les patients traités par corticoïdes inhalés pendant une longue durée avaient un risque de 29,41% de présenter au moins un effet indésirable d’intérêt, contre seulement 9,15% lorsqu’ils étaient traités pendant une courte durée, soit une différence de risque absolu de 20,26%. Lors d’un traitement de longue durée par corticoïdes inhalés, 1 patient BPCO sur 5 risque donc de présenter au moins un effet indésirable d’après ces données américaines. De quoi continuer à nous faire réfléchir sur le rapport bénéfices/risques de ce type de traitement.
François-Xavier Blanc, Université de Nantes ; CHU de Nantes, l’institut du thorax, Hôpital G. et R. Laennec, Service de Pneumologie ; INSERM UMR 1087, CNRS UMR 6291, Nantes, France
D’après la communication de W.D. Pace et al. Risks of long term inhaled corticosteriod use in COPD management and need to assess benefits versus risks. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A3825.