HTAP et méthamphétamine, l’arrêt de la drogue change-t-il le cours de la maladie ?

L’usage de méthamphétamines sous diverses formes aux États-Unis est à l’origine de nombreux cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). La consommation de méthamphétamine entraine la libération de sérotonine dans le cerveau et la circulation systémique. L’activation excessive des récepteurs de la sérotonine au niveau des vaisseaux pulmonaires est à l’origine du remodelage vasculaire favorisant l’HTAP. Une étude s’est intéressée au devenir des HTAP associée à la méthamphétamine en fonction de la poursuite ou non de la consommation de la drogue après le diagnostic de l’HTAP.

L’analyse a porté sur 55 sujets atteints HTAP associée à la méthamphétamine. Parmi eux, 25 (45,5 %) ont arrêté la méthamphétamine et 30 (54,5 %) ont poursuivi leur consommation. L’abstinence était définie comme l’absence de consommation déclarée par le patient et l’absence de résultat positif au dépistage urinaire pendant l’intervalle de suivi. Un dépistage urinaire était réalisé à chaque consultation de suivi. La sévérité initiale de l’HTAP était similaire entre les 2 groupes, ainsi que la prise en charge initiale. Vingt et un (91%) patients devenus abstinents et 20 (84%) consommateurs réguliers étaient traités par thérapie combinée pour l’HTAP. La durée médiane de suivi était de 29,3 [9,9-47,7] mois. Le profil hémodynamique au cours du suivi, évalué par cathétérisme cardiaque droit et échographie cardiaque, était similaire entre les 2 groupes. Enfin, la mortalité était similaire entre les 2 groupes : 3/25 (12 %) chez les abstinents contre 3/30 (10 %) chez les consommateurs réguliers, p=0.813.

Cette étude montre que l’arrêt de la consommation de méthamphétamine chez les patients présentant une HTAP associée à cette drogue n’est pas associé à une amélioration hémodynamique ni à une amélioration de la survie. Des observations similaires avaient été faites dans l’HTAP associée aux anorexigènes (ayant un mécanisme d’action proche) : l’arrêt du médicament ne modifiait pas l’évolution de la maladie.

D’après la communication de Uhland C, from highs to lows: impact of continued methamphetamine usage on pulmonary arterial hypertension, Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A7364 (Session D105)

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