Dans cette session passionnante, les orateurs ont fait un état des lieux global de la DDB. En bonus, les résultats de l’étude ASPEN ont été dévoilés !
Il y a un siècle, la radiologie, les antibiotiques et la physiothérapie ont transformé le traitement de la bronchiectasie. Depuis, les directives cliniques, les progrès en génomique et l’émergence de registres internationaux ont façonné la prise en charge. Les essais cliniques se concentrent désormais sur les antibiotiques inhalés, les mucolytiques et les approches anti-inflammatoires.
Une nouvelle molécule pour cibler l’inflammation neutrophilique
La bronchiectasie est une maladie hétérogène, sans patient type. L’inflammation des voies aériennes peut être neutrophilique (80 %), ou éosinophilique (20 %), gérée par corticoïdes ou agents biologiques. Ces deux types d’inflammation peuvent coexister chez un même patient, nécessitant des thérapies adaptées. Dans ce cadre, le bencosatibe a été évalué dans une étude de phase 3, l’étude ASPEN. Il s’agit d’un inhibiteur oral, sélectif et réversible de la dipeptidyl peptidase-1 (DPP-1), responsable de l’activation des protéases à sérine des neutrophiles (PSN), y compris l’élastase des neutrophiles (NE), la protéinase 3 (PR3) et la cathepsine G (CatG). Par rapport au placebo et quelle que soit la dose, il permet de réduire le nombre d’exacerbations. De plus, à la dose la plus élevée, il permet également de réduire le déclin du VEMS (mais un rebond à l’arrêt devra faire discuter sa durée de prescription).
Les populations microbiennes doivent être prises en compte dans leur globalité
La précision microbienne modifie notre vision de la microbiologie. Par exemple, P. aeruginosa aggrave le pronostic et doit être éradiqué. L’infection par mycobactéries non non tuberculeuses (MNT), cause et conséquence de la bronchiectasie, demande des décisions thérapeutiques complexes. Les microbes doivent être étudiés en communautés, leurs interactions étant essentielles dans la gestion de la maladie.
Les nouvelles perspectives de la médecine de précision
Aujourd’hui, la maturation des registres tels que EMBARC et l’endophénotypage offrent de nouvelles perspectives, notamment avec les traitements ciblant l’inflammation neutrophilique. La réutilisation de médicaments comme ceux pour l’asthme sévère est prometteuse, mais le développement de nouvelles cibles reste prioritaire.
Les traitements classiques (mucolytiques, kinésithérapie, antibiotiques) resteront essentiels à long terme. Toutefois, les nouvelles thérapies soulèvent des questions, comme la possibilité de créer de nouvelles formes de la maladie, à l’image des modulateurs CFTR dans la mucoviscidose. La standardisation des critères et la définition des endophénotypes sont des priorités pour l’avenir.
Le succès de la médecine de précision pour la bronchiectasie dépendra de l’intégration de la recherche fondamentale, translationnelle et clinique, ainsi que de la collaboration entre cliniciens, chercheurs et patients.
Louise Bondeelle, département de microbiologie et de biologie moléculaire, Université de Médecine de Genève, Suisse
D’après la session 330 « Bronchiectasis: entering a new era » et les orateurs James Chalmers (Dundee (Angus), Royaume Uni) et Sanjay Chotirmall (Singapour), du lundi 9 septembre 2024.