Depuis la publication des premiers résultats favorables de l’utilisation d’une association de 80 mg d’atomoxetin (noradrénergique) et 5 mg d’oxybutynin (antimuscarinique) permettant de démontrer une réduction de 63% des évènements respiratoires nocturnes sous l’effet du traitement, l’index d’apnées hypopnées (IAH) passant de 28,5/h (10,9-51,6) à 7,5/h (2,4-18,8) 1, les auteurs poursuivent leurs travaux exploratoires vis-à-vis de la cible privilégiée de cette thérapeutique.
Dans cette nouvelle étude N. Calianese et al ont évalué les effets du traitement sur le ronflement et la limitation de débit inspiratoire qui représentent à la fois le témoignage et le mécanisme des troubles respiratoires au cours du sommeil, en comparant l’impact d’une dose complète et d’une demi dose par rapport à un placebo. Il s’agit d’une étude contrôlée en double aveugle avec cross over de 3 périodes consécutives de 3 jours réalisée chez 15 patients porteurs d’un ronflement important (>75 dB) sans syndrome d’apnées du sommeil (IAH < 15/h) restés par polysomnographie initiale. L’intensité du ronflement a été réduite de manière identique à pleine dose ou demi dose (−9.3[−19.6,−2.9] dB) et demi dose (−9.0[−17.8,−3.2] dB) représentant une réduction d’amplitude de 2/3 de la valeur initiale (sans effet pour le placebo). De même la limitation de débit a diminué significativement, ainsi que le score clinique rempli par le conjoint
L Gell a présenté des résultats d’une étude complémentaire concernant l’utilisation de cette association chez des patients apnéiques afin d’explorer les mécanismes d’une moins bonne efficacité chez certains patients à l’aide d’un phénotypage réalisé par analyse de collapsibilité des voies aériennes (loop gain) et étude du seuil d’éveil au cours du sommeil. Cette étude complémentaire réalisée chez 19 patients, après 3 jours de traitement, en cross over contre placebo, permet de confirmer que le profil endotypique correspondant à une plus faible collapsibilité associée à une moindre instabilité ventilatoire, un seuil d’éveil plus élevé et une compensation musculaire plus importante représente la population répondant le mieux au traitement, quelle que soit la sévérité de l’index d’apnée hypopnée initial.
Ces résultats tendent à confirmer l’intérêt de cette thérapeutique dans la prise en charge des troubles respiratoires nocturnes, en insistant sur l’importance du phénotypage initial permettant de proposer un traitement adapté au profil des patients.
Jean-Claude Meurice, Service de Pneumologie, CHU de Poitiers, 86035 Poitiers, France
D’après la communication (A2329) présentée dans la session A108 « Atomoxetine Plus Oxybutynin for Symptomatic Snoring and Airflow Limitation » du 16 05 22, par N Calianese et la communication (A2568) présentée dans la Session B29 « Polysomnographic Endotypes and Atomoxetine-plus-Oxybutynin Efficacy for Obstructive Sleep Apnea » par L. Gell
- Am J Respir Crit Care Med 2019; 199; 1267-76 ↩