L’influence du genre sur les symptômes de la BPCO continue d’intéresser les pneumologues. 1 Bien que la BPCO affecte les hommes et les femmes, sa prévalence augmente plus rapidement chez les femmes, en particulier chez les femmes plus jeunes. 2 Les femmes risquent davantage d’être mal diagnostiquées, 3 alors qu’il existe de plus en plus de preuves suggérant une augmentation du risque de BPCO liée chez les femmes. Les fumeuses semblaient courir un plus grand risque d’obstruction des voies respiratoires que les fumeurs.
Deux hypothèses originales ont été évoquées lors de cette première journée au congrès de l’ATS.
La première a tenté d’expliquer ces différences potentielles par la façon dissemblable qu’ont les hommes et les femmes d’inhaler la fumée de leurs cigarettes. Pour cela, 14 hommes et 14 femmes (âge moyen 44 ans ±10), fumeurs, sans BPCO (VEMS 102 ±9) ont été inclus. Une pléthysmographie optoélectrique à l’aide de 18 caméras et 90 capteurs placés sur la paroi thoracique évaluait par mesures visuelles externes les caractéristiques de chaque bouffée de cigarettes.
Les résultats montrent que ni le volume inhalé, ni le temps d’inhalation ne diffèrent selon le sexe. Les seules différences observées concernaient la distribution entre les lobes ; les mouvements de la cage thoracique semblent plus intenses dans la partie supérieure chez les femmes versus la partie inférieure du thorax chez les hommes.
Est-ce suffisant pour expliquer d’éventuelles différences phénotypiques entre hommes et femmes ? Pourquoi pas ?
La seconde hypothèse envisagée : une différence de susceptibilité génétique à la fumée de cigarettes ? Éternelle arlésienne ?
Pour tenter de répondre à cette question, des data complètes de la littérature déjà publiées ont été analysées dans une cohorte exploratoire et confirmés dans une cohorte de réplication, avec pour objectif d’identifier des gènes différemment exprimés en fonction du genre et du statut tabagique. Sept cent trente-cinq gènes ont été identifiés comme cibles potentielles dans la cohorte exploratoire, puis répliqués dans la cohorte de confirmation. Cent étaient différemment exprimés entre hommes et femmes. Les voies principalement modulées chez les femmes exposées au tabac concernaient les voies de l’autophagie activées et les voies de la réponse au virus, inhibée chez les femmes fumeuses par rapport aux fumeurs. Cela pourrait peut-être expliquer l’incidence accrue des exacerbations de BPCO chez les femmes par rapport aux hommes 4. À voir…
[hr]Maeva Zysman, Inserm U955, Team 4, IMRB, Créteil
D’après la session A41 : COPD : epidemiology et A61 epithelial biology.
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© iSPLF – Mission ATS – MAI 2019
- Jenkins CR, et al. Improving the management of COPD in women. Chest 2017 ; 151 : 686-96. ↩
- Chapman KR, et al. Gender bias in the diagnosis of COPD. Chest 2001 ; 119 : 1691-5. ↩
- Amaral AFS, et al. Female smokers are at greater. Risk of airflow obstruction than male smokers. UK Biobank. Am J Respir Crit Care Med 2017 ; 195 : 1226-35. ↩
- DeMeo DL, COPDGene Investigators. Women manifest more severe COPD symptoms across the life course. Int J Chron Obstruct Pulmon Dis 2018 ; 13 : 3021-9. ↩