Nous savons depuis longtemps qu’il existe des différences cliniques et biologiques entre les hommes et les femmes asthmatiques. Le Dr Joe Zein nous en a rappelé les plus importantes en nous rappelant les principaux mécanismes physiopathologiques sous-tendant ces disparités. Force est de constater qu’elles existeront toujours.
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes qui affecte différemment les hommes et les femmes depuis la naissance jusqu’aux âges les plus avancés. La prévalence de l’asthme est inégalement répartie entre garçons et filles avec une prédominance masculine dans la petite enfance et le début de l’adolescence. Cette prévalence s’inverse à l’âge de 15 ans en défaveur des filles. Si la proportion des asthmatiques sévères suit une distribution bimodale dans les deux sexes, avec un premier pic de prévalence dans l’adolescence et un deuxième autour de 50 ans, l’importance de ces deux pics diffère également en fonction du sexe avec une prédominance masculine chez les adolescents et féminine chez les adultes d’âge mûr. Même si la mortalité liée à l’asthme a régulièrement diminué au cours des deux dernières décennies, le nombre des décès reste constamment plus élevé chez les femmes asthmatiques. L’origine de cette disparité entre les deux sexes concernant la prévalence et la sévérité de l’asthme semble exister dès la vie fœtale. Dans une étude analysant l’expression des gènes placentaires, Osei-Kumah et al. ont montré que très peu de gènes des placentas des parturientes asthmatiques ont été modifiés au cours de la grossesse chez les nouveau-nés masculins (n=6) par rapport aux nouveau-nés féminins (n=59). Sachant que les gènes dont l’expression a été modifiée jouent un rôle important dans la réponse inflammatoire et la modulation immunitaire de celle-ci, on comprend mieux pourquoi les jeunes filles nées de mères asthmatiques sont plus à risque que leurs frères. Les raisons de cette disparité aussi précoce restent inconnues. Malgré cela une conclusion pratique semble émerger de cette conférence est qu’il ne faut pas traiter sur un pied d’égalité les hommes et les femmes asthmatiques. Ces dernières méritent un peu (voire parfois beaucoup) plus d’attention de notre part.
Anh Tuan Dinh-Xuan, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Cochin, Paris
D’après la communication de Joe Zein : Sex differences in asthma across the fifespan
Session B004 Sex as a vital biological variable in lung disease across the lifespan