Thomas Similowski d’après une interview réalisée par Caroline Guignot
Coordonnateur médical, Département R3S (Respiration, Réanimation, Réadaptation respiratoire, Sommeil), Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris
Directeur de l’UMRS 1158 Inserm-Sorbonne Université (Neurophysiologie respiratoire expérimentale et clinique)
Dans « Les superpouvoirs de la respiration » (Albin Michel), le professeur Thomas Similowski, aux côtés du journaliste scientifique Guillaume Jacquemont, nous invite à explorer les liens étroits de la respiration avec le système nerveux. Ses 250 pages mettent en lumière les mécanismes par lesquels notre souffle influence nos émotions, nos performances et notre santé.
Et invitent à en prendre le contrôle pour mieux vivre.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée et l’envie d’écrire ce livre ?
Si vous dites à des personnes qu’elles respirent avec leur cerveau, elles seront surprises. Et pourtant, la respiration est la seule fonction automatique vitale dont la commande n’est pas située dans l’organe correspondant, mais dans le cerveau, au niveau du tronc cérébral. Elle est ainsi la seule fonction automatique qui peut être court-circuitée par une commande volontaire. Il existe même un troisième système de pilotage qui dépend de nos émotions : il explique pourquoi notre respiration est différente lorsque nous éprouvons de la peur, de la joie ou du plaisir sexuel. C’est cette dualité de la commande respiratoire, fruit d’un long processus d’évolution qui est exploitée dans les approches respiratoires du yoga, de la méditation, de la cohérence cardiaque ou des thérapies psychocorporelles. Certaines d’entre elles sont utilisées depuis des millénaires, mais la science n’en explore les fondements que depuis peu. Notre souhait, avec Guillaume Jacquemont, était donc de décrire ce qui est compris et reconnu d’un point de vue scientifique afin de remettre de la crédibilité dans ce domaine. Décrire comment, sur le plan scientifique, l’art du souffle module notre conscience de soi, nos émotions, nos sens, notre voix, nos capacités physiques. Et comment les troubles respiratoires bouleversent cet équilibre et altèrent notre rapport au monde.
Parmi les découvertes les plus récentes, certaines sont-elles encore méconnues en pneumologie ?Parmi les découvertes les plus récentes, certaines sont-elles encore méconnues en pneumologie ?
L’alternance entre inspiration et expiration engendre des oscillations cérébrales. La recherche montre de plus en plus clairement que la respiration est un synchronisateur puissant de différentes régions du cerveau, comme celles impliquées dans les activités cognitives, motrices, ou dans nos émotions.
Et les interactions entre la respiration et la cognition me semblent très importantes à considérer par les pneumologues. Ainsi, la façon dont nous respirons peut nous rendre plus performants quand nous réalisons une tâche cognitive. Ceci doit être rapproché des performances cognitives dégradées connues chez les patients souffrant de maladies respiratoires
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