Depuis plusieurs années, les inhibiteurs de checkpoint immunitaires (ICI) ont révolutionné la prise en charge des patients avec un cancer bronchique (CB). Des molécules anti-PD-1 ou anti-PD-L1 ont d’abord été approuvées en 2ème ligne dans le CB non à petites cellules (CBNPC) métastatique, puis en 1ère ligne mais aussi en adjuvant après une radio-chimiothérapie pour les stades localisés, et enfin dans le CB à petites cellules. Ces modifications de prise en charge ont permis d’améliorer nettement la survie de ces patients et un intérêt a donc logiquement été porté à l’utilisation des ICI chez les patients opérés pour des formes localisées 1
Au cours de la session rapportant les résultats des essais importants en oncologie thoracique durant l’année 2021, M. Navani a détaillé les résultats de l’étude IMPOWER-010. Cette étude évaluait l’intérêt d’une immunothérapie adjuvante par atezolizumab après une résection chirurgicale pour un CBNPC.
Il s’agissait d’une étude de phase 3, randomisée, multicentrique (227 centres dans 22 pays), en ouvert. Les patients inclus devaient avoir bénéficié d’une résection complète de CBNPC de stade IB (tumeurs de plus de 4 cm) à IIIA. Ils étaient ensuite randomisés avec un ratio 1:1 pour recevoir un traitement par atezolizumab (1200 mg tous les 21 jours pendant 16 cycles ou 1 an) ou des soins habituels (surveillance régulière par scanners). Les patients des 2 groupes recevaient tous en post-opératoire 1 à 4 cycles de chimiothérapie adjuvante avec des sels de platine. Le critère de jugement principal était complexe et progressif : la survie sans maladie était d’abord évaluée chez des patients avec un CBNPC de stade II à IIIA dont l’expression de PD-L1 était supérieure ou égale à 1%. Puis, en cas de supériorité de l’atezolizumab, l’analyse de survie sans maladie était réalisée chez les patients avec un CBNPC de stade II à IIIA mais avec toutes expressions de PD-L1. La dernière analyse concernait, en cas de positivité, la population en intention de traiter (stades IB à IIIA).
Entre octobre 2015 et septembre 2018, 1280 patients ont été inclus après résection complète de leur CBNPC : 1269 ont pu recevoir une chimiothérapie adjuvante, parmi lesquels 1005 étaient éligibles à la randomisation entre atezolizumab (n=507) et soins usuels (n=498). Après un suivi médian de 32 mois dans le sous-groupe de stades II à IIIA avec une expression tumorale de PD-L1 >1%, l’atezolizumab améliorait la survie sans maladie par rapport au groupe contrôle (HR=0,66 : p=0,0039) mais aussi chez tous les patients de stade II à IIIA (HR=0,79 ; p=0,02) et dans la population en intention de traiter (HR=0,81 ; p=0,04). Les effets secondaires de grade 3-4 rapportés à l’atezolizumab concernaient 11% (53) des 495 patients et étaient ceux habituellement retrouvés dans les études avec l’atezolizumab dans les formes métastatiques.
La FDA a approuvé l’atezolizumab en octobre 2021 en tant que traitement adjuvant après résection et chimiothérapie pour les CBNPC de stades IIA à IIIA exprimant plus de 1% de PD-L1 mais n’a pas encore été approuvé en France. Cette étude ouvre tout de même le champ des possibles pour l’immunothérapie en péri-opératoire puisque des résultats intéressants émergent aussi dans le cadre d’un traitement néo-adjuvant (étude Chekmate 816) 2. 11 avr 2022] mais aussi en adjuvant chez des patients dont la tumeur opérée n’exprime pas le PD-L1 (étude PEARLS, données non publiées).
Marion Ferreira, Service de pneumologie, CHRU Bretonneau Tours, Boulevard Tonnellé, 37000 Tours.
D’après la session A1: Clinical year in review; Lung cancer M. Navani
- Felip E, Altorki N, Zhou C, Csőszi T, Vynnychenko I, Goloborodko O, et al. Adjuvant atezolizumab after adjuvant chemotherapy in resected stage IB-IIIA non-small-cell lung cancer (IMpower010): a randomised, multicentre, open-label, phase 3 trial. Lancet. 9 oct 2021;398(10308):1344‑57. ↩
- Forde PM, Spicer J, Lu S, Provencio M, Mitsudomi T, Awad MM, et al. Neoadjuvant Nivolumab plus Chemotherapy in Resectable Lung Cancer. N Engl J Med [Internet ↩