Maladies cardiovasculaires dans la BPCO : quel poids et quel impact sur la prise en charge ?

L’étude présentée par Lucile Regard (Paris, France) avait pour objectif de décrire le poids des maladies cardiovasculaires dans une population de patients traités pour une BPCO en France, ainsi que leur association avec les exacerbations aiguës modérées et le traitement de fond.

Cette étude transversale, rétrospective, a utilisé les données de la base LTD ® d’IQVIA entre novembre 2022 et octobre 2023 qui enregistre les médicaments dispensés dans 10 000 pharmacies d’officine, représentant ainsi une couverture de 47 millions de patients. Les patients atteints de BPCO étaient identifiés à l’aide d’un algorithme spécifique permettant de faire la distinction entre les patients atteints d’asthme et de BPCO (spécificité pour le diagnostic de BPCO = 91%) et également d’identifier ceux traités pour une insuffisance cardiaque.

Poids des comorbidités cardiovasculaires chez les patients BPCO

Au total, 1 562 499 patients traités pour une BPCO ont été identifiés, correspondant à une prévalence extrapolée de 2,2%. L’âge moyen était de 70 ans, 39% étaient des femmes et les patients étaient traités pour 2,2 comorbidités en moyenne. Plus de deux tiers d’entre eux (67%) recevaient un traitement pour une maladie cardiovasculaire, principalement des inhibiteurs de l’enzyme de conversion / bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II (61,5%), des antiagrégants plaquettaires (44%) et des bêtabloquants (36%), et 7% d’entre eux étaient traités pour une insuffisance cardiaque. Dans la population globale des patients atteints de BPCO, 51% ont présenté au moins une exacerbation modérée traitée par antibiotiques (44%), corticostéroïdes oraux et antibiotiques (43%) au cours de la période d’étude. Des proportions similaires ont été observées dans la population de patients atteints de BPCO et traités pour une maladie cardiovasculaire ou une insuffisance cardiaque (51% et 56% respectivement).

Concernant le traitement de fond, 19% des patients atteints de BPCO recevaient une monothérapie inhalée, 56% une bithérapie (majoritairement une association de bronchodilatateur de longue durée d’action et de corticoïdes inhalés), et 24% une triple thérapie. La répartition des traitements était similaire chez les patients qui avaient une maladie cardiovasculaire associée et chez ceux qui n’en avaient pas.

Consommation de soins des patients BPCO

Parmi les participants, 86 % avaient consulté un médecin généraliste durant la période d’étude, avec un temps moyen entre deux consultations de 93 jours ; 37 % un pneumologue avec un temps moyen entre deux consultations de 137 jours ; 19% un cardiologue avec un temps moyen entre deux consultations de 98 jours. Seuls 28% des patients traités pour une maladie cardiovasculaire et 48% des patients traités pour une insuffisance cardiaque avaient consulté un cardiologue durant la période d’étude. De même, seuls 8% des patients avaient un suivi multidisciplinaire impliquant un médecin généraliste, un pneumologue et un cardiologue. L’étude de la répartition des professionnels de santé sur le territoire français a mis en lumière de réelles inégalités. En effet, certaines régions sont clairement sous-dotées en médecins généralistes (Ile-de-France, Centre-Val de Loire), pneumologues (Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire) et cardiologues (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes).

En conclusion

Ainsi, les maladies cardiovasculaires sont fréquentes chez les patients atteints de BPCO mais elles ne semblent pas associées un profil d’exacerbation, ni à des schémas thérapeutiques spécifiques, par rapport à l’ensemble des patients atteints de BPCO. L’offre de soin reste inégale à travers le territoire et la coordination des professionnels de santé pour une prise en charge globale des patients atteints de BPCO est cruciale.

Marina Gueçamburu, service des Maladies Respiratoires et des épreuves fonctionnelles respiratoires CHU Bordeaux, Pessac


D’après le poster PA3019 « COPD exacerbations and cardiovascular comorbidities » présenté par Lucile Regard (Paris, France) et coll. Session de posters 301 “Chronic obstructive pulmonary disease comorbidities: novelties in an old link!” du lundi 9 septembre 2024.

Retour en haut
SPLF-APPLI

GRATUIT
VOIR