Parasitoses pulmonaires : mise au point

Dans le monde, plus de 1,5 millions d’individus sont atteints de parasitoses. Elles constituent la rançon de mauvaises conditions d’hygiène. Ces parasitoses peuvent toucher plusieurs organes, particulièrement les poumons qui restent des organes privilégiés.  Les manifestations cliniques ne sont pas spécifiques, posant un problème diagnostique et des retards de prise en charge.

Plusieurs parasites peuvent infester le poumon. Parmi ces parasitoses pulmonaires, on distingue les protozooses (amibiase, paludisme, trypanosomiase), les nématodes (ascaridiose, ankylostome, filariose), le trematodoses (schistosomiase, paragonimiase), les cestodoses (échinococcose alvéolaire , hydatidose) et les autres parasitoses de l’immunodéprimé. Le paludisme dont l’agent pathogène est Plasmodium falciparum est transmis par l’anophèle femelle (moustique). Au niveau pulmonaire, le parasite entraine des troubles de la microcirculation puis l’augmentation de la perméabilité capillaire et stase sanguine. Des foyers d’infarctus pulmonaires se créent et sont responsables de manifestations pulmonaires (toux productive avec des crachats mucopurulents et une dyspnée et même parfois une détresse respiratoire aiguë). La fièvre est toujours présente. La radiographie thoracique objective en général une pneumopathie alvéolaire avec une pleurésie associée dans le tiers des cas 1.

L’amibiase pleuropulmonaire est souvent consécutive à une amibiase digestive (hépatique). Elle réalise un tableau d’abcès du poumon avec une vomique de pus chocolat microbien et de pleurésie purulente droite. D’autres manifestations peuvent être observées, comme le syndrome cave supérieur et les fistules hépato-bronchiques. Le diagnostic est facilité par la présence d’un syndrome dysentérique et d’un abcès hépatique. La sérologie amibienne et des tests antigéniques permettent de faire le diagnostic 2.

Le syndrome de Löffler est provoqué à la phase d’invasion de l’ascaridiose, par migration dans le parenchyme pulmonaire et les alvéoles pulmonaires des larves d’Ascaris lombricoïdes qui effectuent à ce niveau une mue augmentant leur taille et libérant avec les exuvies un liquide irritant. Les principales manifestations cliniques respiratoires sont la toux, la dyspnée, les expectorations et parfois les hémoptysies. A la biologie, il existe une hyper éosinophilie sanguine et le diagnostic est apporté par la mise en évidence des larves dans les expectorations, les œufs ou le ver adulte dans les selles et le ver adulte dans la bouche.

Le kyste hydatique pulmonaire est la cestodose humaine la plus fréquente. Elle sévit particulièrement au Moyen-Orient, en Amérique du Sud, en Océanie et les pays du pourtour méditerranéen. Sa prévalence au Maroc est très forte. Le diagnostic est habituellement radio clinique par la mise en évidence de scolex caractéristiques 3.

D’autres parasitoses (cryptosporidiose, microsporidiose) sont favorisées par l’immunodépression notamment l’infection au VIH.

Le diagnostic des parasitoses pulmonaires reste difficile, nécessitant une bonne analyse épidémiologique, clinique et la collaboration des parasitologues.

Irie Hospice DJE BI, Service de pneumologie, CHU de Bouaké, Chef de clinique assistant à l’université Alassane Ouattara de Bouaké, Côte d’Ivoire

D’après la session « pathologie infectieuse en milieu tropical », communication « Parasitoses pulmonaires » présentée par le Dr Serge ADE, (Bénin).


  1. Florentini L F et al. Examen illustré des maladies parasitaires thoraciques : un guide radiologique. doi : 10.1016/j.chest.2019.12.025. Publication en ligne le 21 janvier 2020
  2. Manifestations thoraciques des infections parasitaires tropicales : une revue illustrée. Martínez S, Restrepo CS, Carrillo JA, Betancourt SL, Franquet T, Varón C, Ojeda P, Giménez A.Radiographies. 2005.Radiographies. 2005 janvier-février ;25(1):135-55. doi : 10.1148/rg.251045043
  3. Boure P. Parasitoses pulmonaires. Emc pneumologie 2013 ; 1(2) :003L-10
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