L’impact clinique et pronostique des exacerbations aiguës de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une problématique majeure dans cette pathologie. Mieux phénotyper ces épisodes est donc une piste étudiée afin de mieux les caractériser et les prendre en charge mais le chemin à parcourir pour y arriver est encore long.
Alvar Agusti a ouvert la session en démontrant une fois de plus les limites de la définition actuelle des exacerbations qui manque de spécificité : une aggravation aiguë des symptômes respiratoires conduisant à l’adjonction d’une thérapie complémentaire. Une définition plus précise reposant sur l’association d’un score de dyspnée sur une échelle visuelle analogique ³5/10, une proportion de neutrophiles sanguins ³70% et une CRP ³3mg/L, avec dans l’étude de référence une spécificité de 96% et une sensibilité de 90%, ne permettait pas de se passer de l’exclusion des autres pathologies pouvant mimer ou aggraver une exacerbation (pneumonie, embolie pulmonaire, insuffisance cardiaque…). Gavin Donaldson a ensuite rappelé que même les exacerbations légères sont associées à une réduction de la qualité de vie et Wisia Wedzicha que les exacerbations associées à un virus s’accompagnaient d’une altération de la réponse aux bactéries et d’une récupération clinico-fonctionnelle plus longue confirmant la nécessité de mieux les identifier.
Stephanie Christenson a certes montré qu’une analyse moléculaire des expectorations permettait d’identifier les profils d’exacerbation éosinophilique, bactérien et viral décrits antérieurement par Bafadhel 1 mais ce type d’analyse ne semble pas transposable en pratique courante avant longtemps. Pour finir, Donald Sin a montré les limites des biomarqueurs actuellement disponibles (CRP et D-dimères), et Fernando Martinez que l’identification précise du profil inflammatoire pourrait avoir des conséquences thérapeutiques notamment pour guider le choix entre antibiothérapie et corticothérapie systémique.
Ainsi, si les descriptions des endotypes se poursuivent avec des analyses microbiologiques et pronostiques plus précises, les conséquences pratiques se font encore attendre.
Olivier Le Rouzic, Service de Pneumologie Immuno-Allergologie, CHU de Lille, Lille
D’après les communications de :
A Agusti Definition of acute exacerbations: are we there yet?
G Donaldson “Mild” exacerbations: do they matter?
J Wedzicha Clinical phenotypes of exacerbations
S Christenson Molecular phenotyping of exacerbations using genomic approaches
D Sin Biomarkers for acute exacerbations: challenges and promise
F Martinez Treatment of exacerbations: do they need more nuance?
Session B027 Phenotyping acute exacerbations of COPD
- Bafadhel et al. Acute exacerbations of COPD. Am J Respir Crit Care Med 2011;184:662 ↩