Pneumonies et exacerbations de bronchectasies : moins d’antibiotique pendant moins longtemps !


Les recommandations nord-américaines publiées en 2019 sur la durée d’antibiothérapie des pneumopathies aiguës communautaires (PAC) suggèrent de poursuivre l’antibiothérapie jusqu’à l’obtention de critères de stabilité clinique (durée minimale de 5 jours). En pratique, les durées de traitement constatées sont bien supérieures (9,4 jours en moyenne). Dans le cadre des exacerbations infectieuses de bronchectasies, les recommandations ERS de 2017 proposent actuellement une durée de traitement de 14 jours.

Dans le cadre des PAC, l’étude de Dinh et al. a montré qu’il était possible de réduire la durée de traitement par β–lactamines à 3 jours (contre 8 jours dans le bras contrôle) lorsque la stabilité clinique était obtenue 1. Les taux de guérison à 15 jours étaient respectivement de 77% et de 68% dans les 2 groupes (non-infériorité obtenue).

Dans le cadre des bronchectasies, Bedi et al. ont par ailleurs montré, dans un essai randomisé, qu’une stratégie basée sur la charge microbienne (objectif de charge bactérienne < 106 UFC/ml à J7 de traitement) permettait de réduire la durée de l’antibiothérapie de 14 à 8 jours chez 88% des patients 2. Le bénéfice clinique à J21 était non significativement amélioré dans le groupe contrôle (14 jours de traitement) comparativement au groupe guidé sur la charge bactérienne. Paradoxalement, il était observé un temps significativement plus court jusqu’à la prochaine exacerbation dans le groupe contrôle (27,5 [12,5-60] jours) comparativement au groupe expérimental (60 [18-110] jours).

Enfin, une analyse secondaire de la cohorte GLIMP a montré que la prévalence des germes anaérobies était très faible dans le cadre des PAC quel que soit le sous-groupe considéré 3 : pneumopathie d’inhalation (1,64%) ; PAC avec facteur de risque de pneumopathie d’inhalation (1,03%) ; PAC sans facteur de risque de pneumopathie d’inhalation (0,0%). Ces résultats suggèrent que l’élargissement du spectre antibiotique pour couvrir les germes anaérobies n’est pas justifié en dehors des patients présentant un abcès pulmonaire ou une pleurésie infectieuse.

Damien Basille, Service de Pneumologie et Unité de Soins Continus Cardio Thoracique Vasculaire et Respiratoire, Centre Hospitalier Universitaire Amiens-Picardie, Amiens


D’après la session A1 Clinical Year In Review 1 – Pneumonia and Pulmonary Infections, F. Amati

  1. Dinh A, Ropers J, Duran C, Davido B, Deconinck L, Matt M, et al. Discontinuing β-lactam treatment after 3 days for patients with community-acquired pneumonia in non-critical care wards (PTC): a double-blind, randomised, placebo-controlled, non-inferiority trial. Lancet 2021;397:1195–203.
  2. Bedi P, Cartlidge MK, Zhang Y, Turnbull K, Donaldson S, Clarke A, et al. Feasibility of shortening intravenous antibiotic therapy for bronchiectasis based on bacterial load: a proof-of-concept randomised controlled trial. Eur Respir J 2021;58:2004388.
  3. Marin-Corral J, Pascual-Guardia S, Amati F, Aliberti S, Masclans JR, Soni N, et al. Aspiration risk factors, microbiology, and empiric antibiotics for patients hospitalized with community-acquired pneumonia. Chest 2021;159:58–72.
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