Prédire le risque de profil « non dipper » de la pression artérielle grâce à la polysomnographie

L’absence de diminution physiologique de la pression artérielle au cours de la nuit (phénotype « non dipper ») est souvent observée chez les patients apnéiques et ce phénotype a été associé à un pronostic cardiovasculaire plus sévère. Celui-ci n’est cependant pas retrouvé chez tous les patients apnéiques. Dans cette étude espagnole, les auteurs ont voulu identifier les principaux déterminants polysomnographiques permettant d’identifier les sujets à risque de présenter ce profil particulier de pression artérielle.

La pression artérielle diminue de façon physiologique au cours de la nuit. Cette diminution est absente chez certains patients en particulier chez les patients présentant un SAHOS. Or, ce phénotype particulier de pression artérielle circadienne (parfois appelé « non-dipper ») est un marqueur indépendant de morbi-mortalité cardiovasculaire (CV).

Bien que fréquent chez les patients SAHOS, celui-ci n’est pas retrouvé chez tous les patients. L’identification des patients « non-dippers » pourrait avoir un intérêt dans la pratique clinique. En effet, des travaux antérieurs de la même équipe ont démontré que dans une population de patients SAHOS qui présentaient une hypertension associée, la mise en route du traitement par PPC s’accompagnait d’une diminution significative de la pression artérielle exclusivement chez les patients avec un profil « non-dipper », alors que la PPC n’avait pas d’impact significatif chez les patients qui avaient un profil circadien de la pression artérielle préservé.

Cette année, les auteurs de cette étude ont analysé les polysomnographies (PSG) de plus de 266 patients qui ont également bénéficié d’un monitoring de la pression artérielle pendant 24 heure. Les patients étaient considérés comme « non-dippers » s’ils présentaient moins de 10% de diminution de la pression artérielle au cours de la nuit. Les auteurs ont ainsi pu déterminer la prévalence du profil « non-dipper » dans une population de patients SAHOS et préciser quels éléments de la PSG permettaient le mieux d’identifier les patients à risque de présenter ce phénotype.

Les auteurs ont retrouvé un phénotype non-dipper chez 58,3% des patients. Il s’agissait essentiellement de patients présentant un SAHOS plus sévère, avec une prévalence accrue de comorbidités métaboliques et cardiovasculaires.  L’analyse des différents paramètres PSG a montré que le marqueur le plus souvent retrouvé chez les patients « non-dippers » était une augmentation des micro-éveils en rapport avec les évènements respiratoires. A contrario, aucune association n’a été retrouvée avec les différents paramètres d’hypoxie nocturne. L’activation du système nerveux sympathique en rapport avec les micro-éveils pourrait participer à l’absence de chute de la pression artérielle.

Wojciech Trzepizur, Service de pneumologie, CHU Angers 


D’après la communication orale OA4388 « Polysomnographic characterization of the circadian blood pressure patterns in patients with obstructive sleep apnea » présentée par Lucia Pinilla (Madrid, Espagne) – Session 487 “Translational research in sleep apnoea: from the molecule and the signal to the clinic” du mardi 6 septembre 2022.

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