L’histoire naturelle de la BPCO est ponctuée d’exacerbations aiguës (EA-BPCO) conduisant à l’hospitalisation des formes les plus sévères en réanimation. Leur prise en charge médicamenteuse (corticoïdes, β2mimétiques, antibiotiques) et ventilatoire (ventilation mécanique invasive : VMI, et non invasive : VNI) n’a fait qu’évoluer au cours du temps et ces changements contextuels pourraient avoir modifié le profil des patients admis et leur devenir en réanimation.
Le réseau français « Outcomerea » a donc évalué, sur une période de 22 ans, l’évolution du profil clinique et de prise en charge des EA-BPCO et son impact sur le devenir des patients hospitalisés en réanimation. Mille huit cent seize patients admis pour EA-BPCO ont été inclus prospectivement à partir de 32 unités de réanimation. A l’admission en réanimation, peu de modifications anthropométriques étaient observées en dehors d’une faible augmentation de l’indice de masse corporelle (+0,32%/an, p=0,01), mais la gravité des patients était retrouvée plus élevée (+ 0,6% de l’IGS II/an, p<0,01). Au fil du temps, était rapportée une réduction de la prescription de corticoïdes (- 4,7%/an, p<0,01) et d’antibiotiques (- 5,8%/an, p<0,01), sans que ces changements soient corrélés à l’évolution de la mortalité en réanimation. La proportion de patients traités par VMI diminuait aussi progressivement (-3,7%/an, p=0,01) et s’avérait corrélée avec la diminution de la mortalité observée en réanimation (p<0,01). Le taux d’échecs de la VNI diminuait au cours du temps (-6,2%/an, p<0,01) avec, parallèlement, développement de celle-ci pour faciliter le sevrage de la VMI (+8,1%/an, p<0,01). Une réduction des durées de séjour en réanimation (-3,2%/an, p<0,01) et d’hospitalisation globale (-2,6%/an, p<0,01) était également retrouvée. Finalement, il en résultait une amélioration significative du pronostic des patients (-4,1%/an de décès en réanimation, p=0,03 ; -4,2%/an de décès en hospitalisation post-réanimation, p=0,02 et -4,98%/an de mortalité à J90, p=0,02).
Ces données épidémiologiques apparaissent donc tout à fait intéressantes et rassurantes quant à la prise en charge et à l’amélioration du pronostic des EA-BPCO admises en réanimation au cours de ces dernières décennies. Il va sans dire que l’amélioration et l’optimisation de la prise en charge ventilatoire (VNI), tout au long de ces années, y sont probablement pour beaucoup !
Christophe Girault, Service de Réanimation Médicale, Hôpital Charles Nicolle, CHU-Hôpitaux de Rouen, Université de Rouen, Rouen
D’après la communication de Galerneau L., et al. Management of acute exacerbations of chronic obstructive pulmonary disease in the intensive care unit: The Outcomerea database, 1997-2018. Am J Respir Crit Care Med 2022; 205: A1453. Session A39.