Plusieurs études monocentriques ont déjà mis en exergue la problématique de la récupération des patients à distance de la phase aiguë de l’infection Covid-19. Ces études ont notamment souligné la fréquence particulièrement importante de symptômes résiduels, de séquelles radiologiques, d’altérations fonctionnelles et de troubles neuro-psychiques, l’ensemble impactant la qualité de vie et la reprise d’activité de nombreux patients. Les facteurs associés à une récupération imparfaite restent cependant à préciser, la sévérité de l’atteinte initiale de la maladie n’expliquant manifestement pas tout.
A l’occasion de ce congrès, Rachael A. Evans a pu rapporter les résultats préliminaires de l’étude britannique multicentrique (53 centres) PHOSP-COVID (post-hospitalisation Covid-19 study), portant sur 1077 patients hospitalisés pour Covid-19 et réévalués en médiane 5 mois (IQR : 4-6) après leur sortie d’hospitalisation. 36% étaient de sexe féminin, leur âge moyen était de 58 ans (+/-13), 50% avaient au moins deux comorbidités et 27% avaient été ventilés mécaniquement. Lors de cette évaluation à distance, seulement 29% des patients se considéraient totalement guéris, 20% avaient une nouvelle invalidité, et 19% avaient dû changer d’occupation du fait de leur état de santé. Les facteurs associés à un défaut de récupération étaient le sexe féminin, l’âge « moyen » (impact en U de l’âge, les plus jeunes et les plus âgés récupérant mieux), une origine ethnique blanche, l’existence d’au moins deux comorbidités et la sévérité de la maladie initiale (échelle de sévérité clinique de l’OMS 7- 9), sans impact significatif de la corticothérapie notamment.
En considérant 7 domaines (anxiété, dépression, stress post traumatique, dyspnée, fatigue, performances physiques, troubles cognitifs), 4 clusters de patients ont été identifiés selon leur profil de récupération : 1) « très sévère » (17%), caractérisé par une altération très sévère de la santé mentale et physique ; 2) « sévère » (21%), caractérisé par une altération sévère de la santé mentale et physique ; 3) « modéré » (17%), caractérisé par une altération modérée de la santé mentale et physique mais des troubles cognitifs marqués ; 4) « léger » (46%), caractérisé par une altération légère de la santé physique. Respectivement 3%, 7%, 36% et 43% des patients de ces clusters se considéraient totalement guéris. La persistance d’une inflammation systémique (évaluée par le dosage sanguin de protéine C réactive) était corrélée à la sévérité du cluster, mais pas à celle de la phase aigüe de la maladie. Dans les clusters 1 et 2, on notait une surreprésentation de femmes, d’obèses, de comorbidités multiples, de patients ventilés à la phase aiguë et/ou ayant présenté un nombre important de symptômes aigus (20 et 13 en moyenne, respectivement). Le cluster 3, assez saisissant du fait de l’importance des troubles cognitifs associés, concernait volontiers des hommes, plutôt âgés, en surpoids, moins comorbides, moins symptomatiques à la phase aiguë (7 symptômes en moyenne) et moins touchés par un nouveau handicap, le cluster 4 ayant des caractéristiques assez similaires à celles du cluster 3 mais récupérant nettement mieux.
Cette étude d’envergure apporte de nouveau éléments de compréhension des différents profils évolutifs de malades. Elle souligne la nécessité d’un suivi basé sur une approche personnalisée, multidimensionnelle et stratifiée, et d’une collaboration multidisciplinaire visant à offrir une prise en charge adaptée requérant un large accès aux soins de réhabilitation.
Preprint: https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.03.22.21254057
Frédéric Schlemmer, Antenne de Pneumologie, Réanimation Médicale, GH Henri Mondor, IMRB U955 équipe 4, Université Paris Est-Créteil, Créteil
D’après la communication de RA. Evans : Longer term symptoms and sequelae after Covid-19 infection.
Session A001 : Rehabilitation and Covid-19: opportunities and challenges –