Syndrome de détresse respiratoire aiguë : vers une nouvelle définition mondiale !

Plusieurs arguments ont récemment conduit à réviser  la définition du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) dite « de Berlin » de 2012 utilisée jusqu’à maintenant: (1) le développement de l’oxygénothérapie à haut débit (OHD) pour la prise en charge de l’insuffisance respiratoire aiguë (IRA) hypoxémique alors que ces patients ne répondent pas à la définition de Berlin; (2) le rapport SpO2/FiO2, évalué par simple oxymétrie de pouls et récemment validé comme critère de SDRA (études d’observationnelles et essais cliniques); (3) la nécessité de réévaluer l’exigence d’avoir des opacités bilatérales versus unilatérales à l’imagerie thoracique, et de tenir compte de l’échographie thoracique comme méthode diagnostique supplémentaire; (4) l’application de la définition de Berlin qui peut s’avérer difficile dans les pays aux ressources sanitaires limitées, les modalités diagnostiques (radiographie thoracique, analyse des gaz du sang artériels) et thérapeutiques (ventilation en pression positive) n’étant pas toujours disponibles.

La réflexion a donc fait l’objet d’un consensus ayant réuni 32 experts internationaux en soins critiques et SDRA au cours de 6 réunions virtuelles (juin 2021-mars 2022), aidés de l’avis de plusieurs membres de sociétés savantes internationales en soins critiques (juin-septembre 2022). Outre les arguments précédents, cette nouvelle définition devait tenir compte de la diversité potentielle du SDRA à la fois clinique, géographique, raciale, sexuelle et ethnique.  Les 4 principales nouvelles recommandations sont résumées dans le tableau ci-dessous et ont été approuvées par l’ensemble des membres de la conférence. 

Cette nouvelle définition mondiale du SDRA s’appuie donc sur celle de Berlin. Elle s’en distingue cependant par les éléments suivants : (1) les patients souffrant d’une IRA nécessitant un débit d’OHD ≥30 L/mn vont représenter une nouvelle catégorie de SDRA non intubé; (2) l’oxymétrie de pouls sera suffisante (à la place des gaz du sang artériels) pour porter le diagnostic de SDRA (rapport SpO2/FiO2); (3) les opacités bilatérales restent un critère obligatoire mais l’échographie thoracique devient une technique d’imagerie acceptable pour leur diagnostic; (4) plusieurs critères ne seront plus exigibles (niveau de pression expiratoire positive, débit d’oxygène, dispositifs spécifiques d’assistance respiratoire) chez les patients relevant d’organisations sanitaires aux ressources limitées, lesquels pourront dorénavant être inclus dans les études épidémiologiques et les essais cliniques sur le SDRA . Cette nouvelle définition élargit donc celle de Berlin tout en étant plus pragmatique. Elle devra par la suite faire l’objet d’études prospectives pour déterminer au mieux sa faisabilité, sa fiabilité et sa validité pronostique, ainsi que sa place selon les différents phénotypes de SDRA.

Christophe Girault, Service de Médecine Intensive et Réanimation, Hôpital Charles Nicolle, CHU-Hôpitaux de Rouen, 37 boulevard Gambetta & UR3830, Institut de Recherche et d’Innovation Biomédicale (IRIB), Faculté de Médecine et de Pharmacie, Université de Rouen, Rouen 

D’après la communication de Matthay MA, et al.  A new global definition of acute respiratory distress syndrome. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A6229 (Session D16).

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