Cardiologues et pneumologues : unis pour la prise en charge des patients atteints de BPCO
Les comorbidités cardiovasculaires constituent un véritable fardeau pour les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive, engendrant une morbi-mortalité élevée. L’évaluation et la prise en charge du risque cardiovasculaire chez ces patients varient considérablement dans la pratique.
Une étude menée auprès de cardiologues et de pneumologues a examiné leur connaissance et compréhension du risque cardio-pulmonaire chez les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’évaluation du risque cardiovasculaire chez ces patients, ainsi que la gestion des situations particulières. Un comité scientifique composé de 5 cardiologues et 5 pneumologues a élaboré un questionnaire basé sur 73 situations cliniques regroupées en 31 énoncés. Un panel de 108 experts, recommandé par le comité scientifique, a été constitué, et 74 d’entre eux ont complété le questionnaire (38 pneumologues et 32 cardiologues). Un consensus a été considéré atteint si la proportion de participants en accord ou en désaccord avec une affirmation était supérieure ou égale à 75%.
Maladie cardio-vasculaire et BPCO : des facteurs de risque étroitement intriqués à considérer de façon globale
Concernant les risques cardiovasculaires (CV) et les complications associées à la BPCO, un large consensus positif a été atteint sur le lien étroit entre BPCO et pathologies cardiovasculaires. La BPCO est considérée comme un facteur de risque CV, nécessitant une évaluation systématique des comorbidités telles que le diabète, l’hypercholestérolémie, etc. Inversement, les patients atteints de BPCO présentent un risque CV accru, indépendamment des autres facteurs de risque (consensus positif de 92,8%). Un consensus clair a également émergé sur l’évaluation systématique des facteurs de risque CV (mesure de la pression artérielle, recherche de souffle, palpation des pouls périphériques, etc.) chez les patients atteints de BPCO, en utilisant le score de risque de maladie CV à 10 ans (ESC Score 2). Les participants ont également convenu de la nécessité d’une consultation cardiologique et d’imageries artérielles (coronaires, troncs supra-aortiques) en cas de score de risque CV élevé.
Une consultation cardiologique nécessaire après exacerbation sévère
En revanche, un consensus négatif a été obtenu concernant l’exploration systématique par Holter ECG. Le panel a recommandé une exploration cardiologique et pneumologique en cas de dyspnée disproportionnée. Un consensus positif de 82,9% a été établi sur la nécessité d’une consultation cardiologique dans les 3 mois suivant une exacerbation sévère. Enfin, il a été clairement souligné qu’en l’absence d’indication cardiovasculaire pertinente, les bêta-bloquants n’apportent pas de bénéfice dans la prise en charge de la BPCO (consensus de 92,9%). Les différences entre pneumologues et cardiologues étaient minimes, se concentrant principalement sur le dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale et l’utilisation de l’hémoglobine glyquée.
À retenir
Ces résultats soulignent l’importance d’une approche multidisciplinaire et suggèrent que, si certains aspects pratiques de l’évaluation cardiovasculaire des patients atteints de BPCO font l’objet d’un consensus clair, d’autres requièrent des recherches supplémentaires pour élaborer des protocoles plus précis.
Marina GUEÇAMBURU, service de Pneumologie, CHU Bordeaux
D’après le poster « Gestion du risque cardio-pulmonaire du patient BPCO : consensus par méthode DELPHI auprès de pneumologues et cardiologues » présenté par Nicolas Roche et coll., session poster PO03 « BPCO » du samedi 25 janvier 2025