Alors que la place de la télémédecine restait difficile à déterminer en pneumologie, la pandémie à Covid-19 a réveillé l’intérêt des pneumologues et des patients pour cette forme particulière de médecine permettant au patient de rester à domicile et ainsi d’éviter de fréquenter des lieux à risque pour lui, et au médecin de réguler les flux de patients fréquentant l’hôpital.
Les communications sur le sujet sont donc très nombreuses cette année, allant de la téléexpertise permettant la gestion de patients en réanimation dans des centres moins expérimentés, au télésuivi de patients infectés par la Covid-19 à domicile, par l’intermédiaire d’oxymètres connectés entre autres.
Le syndrome d’apnées du sommeil peut tout à fait être géré du début de prise en charge (consultation initiale et enregistrements télétransmis) jusqu’à la mise en route du traitement par téléconsultations. La PPC est quant à elle télésuivie par le prescripteur ou le prestataire de santé à domicile. Un certain nombre de patients a pu ainsi bénéficier de ce type de prise en charge durant l’année qui vient de s’écouler, permettant de ne pas prendre trop de retard dans les diagnostics et leur traitement. Il ne faut pas, néanmoins, oublier la dimension pluri-disciplinaire de cette spécialité et une consultation avec un examen clinique complet, voire une gazométrie artérielle et une exploration de la fonction respiratoire restent nécessaires dans un grand nombre de cas.
Pour la BPCO, différentes approches de télémédecine sont possibles. La téléconsultation a permis de garder le contact avec certains patients. Des expériences de télé-réhabilitation ont été faites, ainsi que des modules d’éducation thérapeutique en ligne. Les expériences comme celle rapportée par Rydberg et al sont encore balbutiantes. Ce travail préliminaire porte sur 12 patients porteurs de BPCO entre 40 et 80 ans suivis sur 90 jours. Le télésuivi comportait un spiromètre connecté, un oxymètre connecté, un système de rappel de la prise des traitements et un plan d’action permettant un transfert quotidien des données. Sur 12 patients, 9 (75%) étaient des femmes. 7 patients ont terminé l’étude. 70% des patients ont mesuré leur SpO2 5 jours sur 7 (fréquence minimum acceptable), 82% ont réalisé une capacité vitale lente 3 jours par semaine. Si les auteurs sont satisfaits du résultat, on ne peut que souligner le petit nombre de patients très probablement sélectionnés, et encourager des travaux plus larges.
Les téléconsultations peuvent donc permettre de suivre certains patients et certaines pathologies, et ainsi de diminuer le nombre de patients venant à l’hôpital, le tout permettant un moindre risque pour les patients et un moindre coût probablement. Elles ne peuvent néanmoins se substituer totalement à une consultation présentielle. Des télésuivis plus complets avec auto-mesures et questionnaires à domicile sont encore à l’état embryonnaire dans la BPCO, leur applicabilité dans la « vraie vie » étant loin d’être démontrée.
De plus, des barrières existent encore, tant pour des raisons techniques qu’humaines (patient comme praticien). Nul doute que les années futures nous verrons encore aborder ce vaste sujet !
Sandrine Pontier-Marchandise, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, Toulouse
D’après les communications suivantes :
Irfan M. Virtual sleep care : technology to facilitate care and improve access for patients at home.
Fan V. COPD self-management, medication education and reconciliation among rural patients : implications of Covid-19.
Session B006 : Challenges, opportunities and lessons learned in virtual care : COVID-19 as a catalyst for change
Rydberg MG. Implementation of a home monitoring system for COPD patients during the SARS CoV2 pandemic : a feasibility study. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A1732
Session TP020 Telehealth and remote monitoring for pulmonary, critical care, and sleep