To switch or not to switch : faut-il changer de traitement anti-fibrosant en cas de progression au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique ?

Les traitements par nintédanib et par pirfénidone ont tous deux montré un ralentissement du déclin de la fonction respiratoire au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). La poursuite du déclin de la fonction respiratoire sous traitement est donc la règle. Lors du suivi des patients, il est difficile de savoir si une progression doit être considérée comme un échec du traitement ou bien si elle correspond au déclin attendu et inévitable de la maladie devant faire changer de traitement antifibrosant, surtout si la tolérance du traitement est correcte. Une analyse rétrospective de données issues d’un registre comprenant 4737 patients avec un diagnostic de FPI inclus dans 45 centres tente de répondre à cette problématique fréquente en pratique clinique.

Pour de nombreux patients ayant une FPI traitée, la fonction respiratoire continue à décliner après une possible période de stabilisation dont la durée est variable. Le bénéfice de changer de traitement lors de ce déclin n’est pas connu. L’objectif principal de cette étude était de rechercher un bénéfice  d’un changement de traitement anti-fibrosant sur la survie globale des patients.

Dans le registre EMPIRE, ayant inclus des patients provenant de 45 centres majoritairement d’Europe de l’Est, 1164 patients ont arrêté un premier traitement anti-fibrosant. Parmi eux, 504 patients, ayant un suivi minimum de 6 mois après l’arrêt de ce premier traitement de 6 mois, ont été inclus dans l’analyse. A l’arrêt du premier traitement anti-fibrosant, 38% des patients n’ont pas reçu de nouvel anti-fibrosant, 25 % ont changé du nintédanib pour la pirfénidone et 37 % de la pirfénidone pour le nintédanib.

Les patients ont été stratifiés en 2 groupes en fonction du motif d’arrêt du premier traitement anti-fibrosant : arrêt par manque d’efficacité (appréciée par le pneumologue en charge du patient) ou arrêt en raison d’effets indésirables.

Les résultats ne permettent pas de montrer un bénéfice statistique sur la survie après ajustement. Cependant, la médiane de survie était plus longue chez les patients ayant reçu un deuxième anti-fibrosant par rapport à ceux qui n’en avaient pas reçu (47 contre 28 mois, p = 0,001 ; RR ajusté 0,81, p = 0,33). Questionnée, N. Vasakova a précisé que les données du registre ne permettaient de montrer qu’un switch de pirfénidone vers nintédanib ou de nintédanib vers pirfénidone avait un impact sur la survie. Il a également été discuté du besoin d’une définition plus précise de l’échec d’un traitement anti-fibrosant chez des patients dont le déclin fonctionnel est attendu.

L’ensemble de ces résultats pour l’instant non publiés seront très intéressants pour prendre en charge les patients. Un essai randomisé (PROGRESSION), conduit en France et comparant différentes stratégies thérapeutiques avec les traitements anti-fibrosants chez des patients suivis pour une FPI et qui présentent un déclin fonctionnel malgré un traitement par nintédanib ou pirfénidone est actuellement en cours et pourra répondre à ces questions.


Diane Bouvry, Service de pneumologie et Centre de Référence-constitutif Maladies Pulmonaires rares, AP-HP hôpital Avicenne, 125 rue de Stalingrad, Bobigny

D’après Vasakova MK. et al. The impact of switching to a second antifibrotic therapy on outcomes in patients with IPF in the Empire registry treated with pirfenidone or nintedanib. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207 : A2779 (session B17)

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