Transition prostacycline parentérale vers selexipag oral, quelle efficacité ?

Les analogues de la prostacycline parentérale sont les premiers traitements à avoir démontré leur efficacité dans l’hypertension artérielle pulmonaire. Parmi eux, on compte l’époprosténol administré par voie intra-veineuse (IV), qui est le seul traitement à avoir montré (en essai contrôlé) une diminution de la mortalité, et le tréprostinil administré par voie IV, sous-cutanée (SC) ou inhalée. L’utilisation d’analogues de la prostacycline par voie IV ou SC est recommandée chez les patients les plus sévères, à haut risque de mortalité. Cependant, ces voies d’administration peuvent être associées à un certain nombre de complications (principalement douleurs locales pour la forme SC et infections pour la voie IV) empêchant la poursuite de ces traitements. Le selexipag, un analogue des récepteurs de la prostacycline administré par voie orale récemment développé, est parfois utilisé en relais des formes parentérales. Une étude rétrospective canadienne s’est intéressée aux transitions prostacyclines parentérales vers selexipag.

Une étude rétrospective multicentrique a été réalisée dans les centres experts d’hypertension pulmonaire canadiens afin d’évaluer le taux de succès à 36 mois des transitions prostacyclines parentérales – selexipag. Le succès de la transition était un critère composite défini par l’absence de décès ou de complication relative à l’HTAP (aggravation de la classe fonctionnelle NYHA, diminution de plus de 15% de la distance parcourue au test de marche de 6 minutes, hospitalisation en lien avec l’HTAP, réintroduction de la prostacycline parentérale, initiation d’une oxygénothérapie au long cours, recours à la transplantation pulmonaire ou atrio-septostomie).

Entre 2016 et 2020, 38 patients ont été sevrés en prostacycline parentérale et ont reçu du selexipag en relais. Parmi eux, 26 patients (68%) recevaient toujours du selexipag 24 mois après la transition. Parmi les 12 échecs de transition (32% de la cohorte), 3 patients sont décédés.

Parmi les facteurs d’échec identifiés, on dénombre les hospitalisations dans l’année précédant la transition thérapeutique, un dosage élevé de NT-proBNP, une hypervolémie objectivée au cathétérisme cardiaque droit (pression de l’oreillette droite supérieure à 8 mmHg) et un risque de mortalité intermédiaire ou élevé (évalué par la méthode REVEAL).

Cette étude souligne bien que les prostacyclines parentérales et le selexipag oral ne sont pas des traitements équivalents. La transition prostacycline parentérale vers selexipag oral pourrait être une option thérapeutique chez les sujets bien sélectionnés, à risque faible de mortalité et n’ayant pas été hospitalisé pour HTP dans l’année.

Athénaïs Boucly, Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Thoraciques, Hôpital de Bicêtre, Assistance Publique Hôpitaux de Paris, 78, rue du Général Leclerc, Le Kremlin Bicêtre

D’après la communication de D. Budhram. Transitioning patients with pulmonary arterial hypertension from parenteral prostacyclin therapy to oral selexipag: a multi-center retrospective cohort study. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A6447 (session D28)

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